Foehn, Cévenol et Medicane: faîtes vos jeux!

La présence d’eau chaude à la surface de la mer s’accompagne généralement une d’évaporation importante. Le phénomène n’a pas beaucoup de portée en été mais il prend une tournure particulière à l’arrivée des premières dépressions en automne, dans la mesure où il amène de plus grandes quantités d’humidité dans l’atmosphère.

Foehn et Cévenol: même origine mais des effets différents d'une région à l'autre.

Dans le cas du foehn, comme dans celui de l’effet Cévenol, les aléas sont provoqués par la présence d’une dépression entre le Golfe de Gascogne qui dirige de l’air humide et instable de la Méditerranée vers le Nord. Les mécanismes sont cependant assez différents.

Dans les phases de foehn (ci-dessus), l’humidité se bloque par effet de barrage sur les versants Sud des Alpes. Les courants ayant tendance à s’élever, l’air se refroidit, ce qui provoque une forte condensation. D’où de fortes précipitations. Autre caractéristique de ce genre de situation, la température est plus élevée sur les versants Nord des Alpes:  l’air devenant plus sec, les éclaircies se développent assez rapidement.

Lors les épisodes de type Cévenol (ci-dessous), l’air chaud et humide – qui remonte depuis le Golfe du Lion – a également tendance à s’activer sur les reliefs. Mais à la différence des situations de foehn, il va à la rencontre de l’air froid qui circule à l’arrière de la dépression. Et qui arrive dans notre cas sur le massif des Cévennes. Le phénomène se caractérise par des contrastes thermiques importants, d’où des orages violents et de fortes précipitations sur le Languedox-Roussillon. Lors de tels épisodes les cumuls atteignent facilement les 300 à 400 mm en 24 heures.

Au-delà de la température à la surface de la mer, le caractère stationnaire de la zone dépressionnaire entre les Baléares et le Golfe de Gascogne constituera une circonstance aggravante dans le cas du foehn comme dans celui du Cévenol.

Médicane: dépression avec des caractéristiques tropicales.

Autre évènements redoutables, les épisodes de « Medicane» (contraction de Mediterranean hurricane) ou tempête méditerranéenne de type T.M.S. (Tropical-like Mediterranean Storm).

Ces évènements se caractérisent par la présence d’un système dépressionnaire hybride, entre une structure tropicale (caractérisée par un centre chaud) et une perturbation « standard » des latitudes moyennes.

Lorsque la température de l’eau à la surface de la mer atteint les 25 degrés sur le Nord de la Méditerranée, l’évaporation prend une intensité particulière, ce qui favorise les développements orageux. A l’instar de ce qui se produit dans une dépression tropicale, les nuages s’organisent de manière symétrique autour d’un axe, un œil ayant tendance à se former au centre du système.

Au-delà des précipitations qui peuvent devenir particulièrement intenses, les vents sont souvent tempétueux. L’évènement des 1 et 2 octobre 2008 s’est par exemple accompagné de rafales à 157 km/h au Cap Corse.  Sur 30 heures, les cumuls de pluies ont également atteint 362 mm à Quercitello, 338 mm à Campile
et 318 mm à Ghisoni.

Les modèles réagissent pour la semaine prochaine mais l'évolution est incertaine...

Plusieurs dépressions devraient circuler sur la Méditerranée dès le milieu de semaine. Elles ne devraient pas être particulièrement virulentes mercredi ou jeudi. Il en sera peut-être autrement en début de semaine prochaine.

Le modèle européen (ECMWF) montre un fort signal de barrage sur les Alpes mardi 21 septembre en fin de journée. En regardant cependant de manière attentive les dernières sorties de modèles, l’avènement d’une telle situation s’accompagne d’un indice de fiabilité assez bas. Musique d’avenir donc, mais pour l'instant seulement !

Philippe Jeanneret