L’interdiction de vol avait duré trois jours en septembre 2001, avec pour conséquence une diminution assez drastique des trainées de condensation générées par les avions à réaction. L’atmosphère avait retrouvé toute sa limpidité au-dessus de New-York, alors qu'en général, les trainées de condensation laissées par l'intense trafic aérien occupaient jusqu'à 70% du ciel.
Sur l’ensemble de la période, les météorologues ont constaté une anomalie positive de 1,1°C, en se basant sur un échantillon de plus de 4000 stations d’observation météo américaines (ci-dessus).
Les relevés montrent par ailleurs que les températures minimales étaient généralement inférieures à la norme, tandis que des excédents assez importants étaient mesurés en deuxième partie de journée, ce qui atteste d'une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit.
Rôle prépondérant de la couverture nuageuse
La présence de couverture nuageuse réduit le rayonnement solaire pendant la journée (ci-dessous), ce qui se traduit par une baisse de température au sol. Plus les passages nuageux seront denses, plus la baisse sera marquée.
Toujours en présence de couverture nuageuse, les perditions de chaleur sont moins fortes la nuit, (ci-dessous à gauche) dans la mesure où le rayonnement terrestre - qui prend le relais après le couché du soleil - est bloqué par les nuages.
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Pendant les périodes de faible trafic aérien (ci-dessus à droite), l’absence de traînées de condensation, avec une dominante de ciel clair et des vents faibles, se traduit par un fort rayonnement nocturne. D'où une dissipation de chaleur importante et des baisses de températures au sol.
Ce genre de situation met en évidence le rôle des gaz en suspension dans la haute atmosphère, qu'il s'agisse de la vapeur d'eau, de cristaux de glace ou de polluants. Lesquels contribuent à ce que l'on appelle un phénomène " d'obscurcissement " global du ciel, tendant à amoindrir le réchauffement diurne tandis que les nuits restent douces.
Impact de la baisse de trafic sur les températures essentiellement par beau temps
La diminution drastique du nombre de vols au-dessus de l’Europe devrait avoir un impact sur les températures ces prochains jours mais essentiellement sur les régions avec un ciel dégagé et des vents généralement faibles.
La Suisse, soumise aujourd’hui à une situation de bise noire, ne devrait pas être impactée par le phénomène. En milieu de semaine en revanche, le retour des hautes pressions - associées à un changement de masse d’air - devrait s’accompagner de températures relativement douces, compte tenu des faibles quantités de trainées de condensation présentes dans le ciel.
La portée du phénomène reste cependant à déterminer, dans la mesure où les conditions qui ont prévalu en 2001 étaient assez différentes de celle d’aujourd’hui, sur le nombre de vols par exemple ou sur la durée des restrictions.
Philippe Jeanneret avec le concours de Lionel Fontannaz de Météosuisse.