Pour faire des prévisions météorologiques, les modèles numériques ont besoin de savoir quel temps il fait. Étape cruciale… la qualité de « l’état initial » à partir duquel les prévisions sont calculées est tout aussi importante que le degré de perfectionnement des équations, leur résolution spatiale, ou que la rapidité des ordinateurs.
La quantité de données introduite pour l’état initial (données satellite, sondages, mesures au sol) et leur dissémination sur le globe jouent un rôle important. Mais de quelles données les modèles ont-ils besoin pour faire une prévision ? Voici une représentation un peu particulière : elle montre, en fonction de l’échéance, où se trouvent les informations pertinentes pour faire une prévision au-dessus de l’Europe (zone en bleu).
Pour prévoir le temps sur une échéance de 24 heures, toutes les données qui couvrent le Vieux Continent sont pertinentes mais également celles sur l’Atlantique Nord, l’Afrique équatoriale, une bonne moitié de la Fédération de Russie, le Nord-ouest du Continent américain et le Pôle Nord.
Pour une prévision à 72 heures, le domaine des données pertinentes s’élargit à l’ensemble de l’Afrique et de l’Asie, la quasi-totalité du Continent américain ainsi qu’au Pacifique Nord.
Enfin pour une prévision à 120 heures, c’est la totalité des événements météorologiques observés sur le Globe qui peuvent jouer un rôle. Ce qui montre l’importance des mesures et accessoirement la nécessité de vérifier leur cohérence avant de faire le calcul du temps qu’il fera…
Situations printanières particulièrement sensibles
Ces informations n’ont pas toujours la même importance : dans une situation bloquante de hautes pressions sur l’Europe, les changements de temps en Australie ou sur l’Océan indien sont par exemple moins déterminants.
Il n’en va pas de même pour les périodes printanières, marquées à nos latitudes par des variations assez fréquentes dans l’allure générale des courants. Au-delà d’une échéance de 5 jours, les moindres changements – si éloignés soient-ils - peuvent avoir impact sur le temps en Europe, ce qui contribue beaucoup aux « changements d’humeur » des modèles.
Comme le montre l’illustration ci-dessus, ces derniers misaient encore samedi-passé des conditions de temps anticyclonique et chaud pour la Suisse pour le premier week-end de mai. Mais depuis hier, c’est une situation des hautes pressions en retrait sur le proche Atlantique qui a la faveur des pronostics, avec à la clé un temps de Nord-ouest plutôt frais et humide sur la Suisse.
Quand on vous parle des caprices de la météo...
Philippe Jeanneret