Vacarme
Publié le 23 novembre 2021 à 10:28 - Modifié le 26 novembre 2021 à 09:54
Prostitution – l’autre côté du trottoir
En Suisse, la prostitution est légale. Les travailleur.euses du sexe (TDS) s’annoncent auprès de la police, exercent de manière indépendante et paient donc impôts et charges sociales. Mais du fait du tabou qui pèse sur la sexualité en général et sur le travail du sexe en particulier, les personnes qui se prostituent cachent souvent leur activité à leur famille et continuent d’être stigmatisées dans de nombreux domaines.
Dans l’imaginaire collectif, on considère souvent les prostitué.es comme des victimes qui n’ont pas eu le choix. Or, sur le terrain, de l’escorting au salon de massage en passant par le racolage dans la rue, la diversité des parcours et des conditions de travail fait mentir ces préjugés.
Reportages: Raphaële Bouchet
Réalisation: Yves Roulin
Production: Laurence Diféli
--> Toutes les émissions de Vacarme sur le portail audio rts.ch
-
1er épisode
La rue est à nous
Originaire de Lyon, Piti est arrivée à Genève il y a quelques années avec la volonté d’exercer son métier de manière légale et indépendante. En tant que prostituée transgenre, elle connaît doublement la stigmatisation. Piti exerce son métier dans la rue, sur le boulevard Helvétique, non loin de ses copines, toutes migrantes. Deux fois par semaine, le bus de l’Association Aspasie fournit aux travailleuses et travailleurs du sexe préservatifs, lubrifiants, et surtout chaleur, écoute et réconfort.
-
2e épisode
Bordel organisé
À Bulle, Loïc Duc gère le Centre Relax, le plus grand salon de massages érotiques du canton de Fribourg, où vivent sept travailleuses du sexe, toutes étrangères. Le patron prend un pourcentage sur les prestations, mais les femmes sont indépendantes. Elles sont soit au bénéfice d’un permis de 90 jours répartis comme elles le souhaitent sur l’année, soit d’un permis B. Depuis la crise sanitaire, M. Duc constate une baisse de fréquentation. Mais sur place, la maison close semble avoir repris sa petite routine. Visite d’un univers rose et feutré, qui sent l’encens et la cigarette.
-
3e épisode
Cache ta joie
Il n’existe pas de formation au travail du sexe, un métier qui pourtant nécessite compétences et connaissances. La sexologue Zoé Blanc-Scuderi organise régulièrement des «apériputes» afin de permettre aux travailleur.euses du sexe de partager leurs questions, pratiques et expériences. Ce soirlà, la discussion porte sur la «première fois» et la stigmatisation. Sarah, 22 ans, a commencé à se prostituer «par désir». Elle s’apprête à passer un entretien avec une agence d’escorts de luxe.
-
4e épisode
Le corps à l’ouvrage
Les mesures anti-COVID ont grandement précarisé et isolé les professionnel.les du sexe qui ont parfois dû exercer dans l’illégalité pour se nourrir. Depuis que l’activité a pu reprendre officiellement, beaucoup de prostitué.es le disent : le nombre de client.es a baissé et l’agressivité a augmenté. À Lausanne, l’Association Fleur de Pavé continue de distribuer des colis alimentaires. Elle se retrouve face à une nouvelle population qui a commencé à se prostituer par nécessité financière, mais sans connaissances préalables du métier.
-
5e épisode
"Princesses, déesses et guérisseuses"
La Suisse, contrairement à la France ou à la Suède, ne punit pas les client.es qui consomment du sexe tarifé. Pour autant, le tabou sur cette pratique reste grand. La rumeur dit que les hommes mariés constituent 80% de la clientèle, mais il y a peu de chiffres fiable sur la prostitution en Suisse. Difficile, donc, d’établir un profil type puisque tous les âges et toutes les classes sociales seraient représentées. Que recherchent les personnes qui s’offrent les services des travailleur.euses du sexe? Comment définir la relation que partagent professionnel.les et client.es ?
-
Les échos de Vacarme
Milena Chimienti et Shirine Dahan
Les invité.e.s:
Milena Chimienti
Sociologue et professeure à la Haute école de travail social à Genève
Autrice de Prostitution et migration. La dynamique de l'agir faible, Editions Seismo, 2009Shirine Dahan
Co-coordinatrice de ProCoRe - le réseau national de défense des intérêts des travailleur.euse.x.s du sexe