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Chine: 11 ans de prison pour Liu Xiaobo

Liu Xiaobo est une des figures de proue du mouvement démocratique en Chine.
Liu Xiaobo est une des figures de proue du mouvement démocratique en Chine.
Le chef de file de la dissidence chinoise Liu Xiaobo a été condamné vendredi à 11 ans de prison plus d'un an après avoir appelé à la démocratisation de la Chine, signe d'un durcissement politique pour les militants des droits de l'Homme.

Liu, 53 ans, un écrivain et ancien professeur d'université qui
avait déjà connu la prison après la répression du mouvement
démocratique de Tiananmen, s'est également vu priver de ses "droits
politiques pendant deux ans", ont indiqué ses avocats.



Ces derniers n'ont pas dit s'il allait faire appel. "Nous sommes
en désaccord avec ce verdict, car nous avions plaidé non coupable",
a déclaré Mo Shaoping, l'un de ses défenseurs.



Liu avait comparu mercredi deux heures et demie durant pour
"subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir été l'un des auteurs
de la "Charte 08", un texte réclamant une Chine démocratique.

Un "bouc émissaire", selon les ONG

Les associations des droits de l'Homme ont dénoncé une peine
très lourde. "C'est une peine très, très sévère, qui reflète aussi
un durcissement politique, que nous avons observé depuis la
préparation des jeux Olympiques", a estimé Nicholas Bequelin,
chercheur à la division Asie de l'organisation Human Rights Watch,
basé à Hong Kong.

"Le Parti (communiste) ne
pouvait pas laisser sans réponse le défi de la 'Charte 08', c'est
une réponse extrêmement forte. Liu Xiaobo est un bouc-émissaire
sacrifié pour envoyer un message", a estimé Nicholas
Bequelin.



Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International s'est déclarée
"extrêmement inquiète pour les autres signataires de la 'Charte 08'
et pour la liberté d'expression en Chine". Selon l'organisation, la
Chine a condamné depuis 2003 plus de 35 personnes "sous
l'accusation vague d' 'incitation à la subversion du pouvoir de
l'Etat'". "Parmi ces condamnations, celle de Liu Xiaobo est la plus
longue depuis 2003", a souligné Amnesty.

Noël, une période propice aux condamnations

Premier pays occidental à réagir, les Etats-Unis ont fait part
de leur inquiétude, estimant que "la persécution d'individus pour
l'expression pacifique d'idées politiques est incompatible avec les
normes des droits de l'Homme reconnues internationalement".
Washington a de nouveau appelé à la libération du dissident, qui "a
oeuvré pacifiquement à l'établissement d'un processus démocratique
en Chine".



Jeudi, la Chine avait dénoncé les "ingérences grossières" de
certains pays étrangers après le procès de Liu, demandant le
respect de la "souveraineté judiciaire chinoise". Le verdict a été
prononcé le jour de Noël, une période festive en Occident souvent
utilisée par les autorités chinoises, selon les militants des
droits de l'Homme, pour régler les cas des dissidents.



En 2007, Hu Jia avait ainsi été arrêté un 27 décembre, puis accusé
de subversion avant d'être condamné. Un an plus tôt, c'était
l'avocat Gao Zhisheng qui avait été accusé puis condamné à trois
ans de prison juste avant Noël.



agences/sbo

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Une Charte pour la démocratie

La "Charte 08", appelant à des réformes démocratiques en Chine et signée initialement par plus de 300 personnes, intellectuels et militants, a comme modèle la Charte 77 des dissidents tchécoslovaques des années 1970.

Elle réclame le respect des droits de l'homme et de la liberté d'expression et l'instauration d'élections démocratiques pour un "pays libre, démocratique et constitutionnel".

Publiée le 10 décembre 2008 à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, elle réunit aujourd'hui plus de 10'000 signatures, selon le réseau China Human Rights Defenders.

Selon l'avocat de Liu Xiaobo, c'est l'une des pièces à conviction utilisées par les autorités pour le poursuivre pour "subversion du pouvoir de l'Etat", une accusation généralement invoquée pour museler les voix dissidentes, selon les associations des droits de l'homme.

"C'est une réalité politique que tout le monde peut constater, la Chine dispose de lois mais pas d'Etat de droit, elle a une Constitution mais pas de gouvernement constitutionnel. L'élite au pouvoir continue à s'accrocher à son pouvoir autoritaire", souligne le texte de la charte.

Elle plaide notamment pour une "nouvelle Constitution", une "séparation des pouvoirs", une "démocratie législative", une "justice indépendante", un "contrôle public des fonctionnaires", la "garantie des droits de l'homme" et l'"élection des responsables publics".

Réclamant un plus grand respect de l'environnement, ses auteurs soutiennent une "république fédérée" afin de respecter les minorités chinoises.