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"Les maçons ne font pas la grève, ils se mobilisent pour être entendus"

Aldo Ferrari, vice-président d'UNIA. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Manifestations à Genève du secteur de la construction: interview d'Aldo Ferrari / La Matinale / 6 min. / le 16 octobre 2018
Les maçons actifs dans le bâtiment et ceux qui entretiennent les routes se mobilisent mardi à Genève. Aldo Ferrari, vice-président d'Unia, justifie à la RTS ce combat du secteur du gros œuvre, le plus dur depuis seize ans.

Sans accord avec la Société suisse des entrepreneurs (SSE), la convention collective de travail expire à la fin de l'année. Après Zurich en juin et Bellinzone lundi, le conflit gagne Genève mardi et mercredi.

Les maçons font la grève sur le Pont du Mont-Blanc à Genève, mardi 16 octobre 2018. [RTS - Joël Boissard]
Les maçons bloquent le Pont du Mont-Blanc à Genève, mardi 16 octobre 2018. [RTS - Joël Boissard]

Aldo Ferrari, vice-président du syndicat Unia, invité de la Matinale de la RTS, se défend de faire un appel à la grève: "C'est une mobilisation, car nous n'avons pas été entendus. Les gens sentent que leur contrat de travail, leur convention collective, leur échappe. Les conditions de travail sont pénibles: ils veulent du respect". Pour le syndicaliste, la flexibilité demandée (lire encadré) par les patrons n'est pas tenable. Et le combat pour un départ à la retraite anticipée n'est pas gagné.

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Un millier de maçons dans les rues de Genève / L'actu en vidéo / 30 sec. / le 16 octobre 2018

Partage des richesses

"Le secteur du bâtiment a explosé ces dernières années: nous voulons un partage des richesses. Nous ne cherchons pas le blocage, cette convention collective est nécessaire pour tout le monde," explique Aldo Ferrari, avant de déplorer: "Nous sommes dans une spirale inflationniste, où le profit est la seule chose qui compte pour la plupart des gens".

"Gesticulation syndicale"

Du côté des patrons genevois de la construction, la grève du secteur du gros œuvre est dénoncée: ils estiment qu'il s'agit d'une "violation crasse" et non justifiée de la paix du travail de la part des syndicats, signe de la dégradation du partenariat social à Genève.

Lundi, Serge Hiltpold, président de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB), a critiqué le mouvement: "Nous avons là une logique d'affrontement particulièrement délétère de la part des syndicats". Pour lui, il s'agit d'une "gesticulation syndicale"; il souligne que les conditions sont généralement plus avantageuses dans le gros œuvre à Genève qu'ailleurs.

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Heures flexibles

Pour maintenir les possibilités de retraites anticipées des maçons à 60 ans, la Société Suisse des Entrepreneurs veut augmenter les heures flexibles à 300 au lieu de 100 actuellement.

Ces heures sont réparties entre mars et octobre avec la perspective de faire beaucoup d'heures en été. Ce faisant, les Entrepreneurs veulent pouvoir répondre à des soumissions toujours plus tardives.

La grève de 2002

La dernière grève massive de la branche a eu lieu en 2002, pour obtenir la retraite anticipée à 60 ans. Aldo Ferrari était secrétaire régional du SIB à Lausanne: "Ça avait été très dur mais à la fin on a eu la retraite à 60 ans".