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Le "soft power", un argument de poids pour la diplomatie suisse

L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Jean-Daniel Ruch, ambassadeur de Suisse en Israël
L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Jean-Daniel Ruch, ambassadeur de Suisse en Israël / La Matinale / 10 min. / le 24 septembre 2018
L'ambassadeur de Suisse en Israël Jean-Daniel Ruch souligne les forces du "soft power", la "puissance douce", pour la diplomatie suisse dans le monde et les implications concrètes de celui-ci dans son travail quotidien en Israël.

"L'ambition suisse, partout dans le monde, est de promouvoir ses intérêts. La diplomatie est là pour les représenter", explique Jean-Daniel Ruch lundi dans La Matinale de la RTS. "Dans le contexte israélo-palestinien, la stabilité de la région (...) fait aussi partie de nos intérêts, avec un ensemble d'autres choses, comme la représentation de nos intérêts économiques ou la projection de notre image, de notre identité, ce qu'on peut appeler le soft power."

Trois piliers solides pour la Suisse

"Le "soft power", la "puissance douce" de la Suisse, se résume en trois piliers qui sont solides", détaille l'ambassadeur à Tel Aviv, "nos institutions et notre gouvernance, le biotope socio-économique, avec l'apprentissage, l'éducation, l'excellence de nos universités, notre capacité d'innovation et enfin les valeurs de la Suisse, avec la tradition humanitaire, la neutralité ou encore la fiabilité et la crédibilité".

"Le principe de base de l'exercice de la neutralité est de maintenir une saine distance vis-à-vis de toutes les parties et de ne pas prendre position pour une partie contre l'autre. Dans un contexte aussi volatile, voire inflammable, (...) la difficulté est de continuer à être perçu comme étant parfaitement neutres. Je trouve qu'on y arrive pas trop mal..."

Des "impacts concrets"

Expliquant l'implication du pays au Proche-Orient, Jean-Daniel Ruch souligne le double travail de la diplomatie suisse: "Nous pouvons à la fois promouvoir l'intérêt économique, l'intérêt suisse pour l'innovation, l'intérêt suisse pour la compétitivité, et essayer de rapprocher les deux parties. Evidemment, nous préférerions qu'il y ait une solution politique, avec des accords économiques entre Israël et Palestine, une coopération qui se mettrait en place de manière institutionnelle entre deux Etats."

Comme cette solution n'aboutit pas, il s'agit de voir au niveau beaucoup plus pratique ce qui peut se faire. Et Jean-Daniel Ruch raconte avoir fait la connaissance d'une jeune femme de Gaza par le biais d'amis. "Cette jeune entrepreneure voulait importer des batteries solaires", un appoint très utile dans une région où il y a trois à quatre heures d'électricité par jour, que ce soit pour faire fonctionner la télévision ou recharger des téléphones portables. "Elle ne pouvait pas sortir de Gaza, parce que les Israéliens lui avaient refusé le permis. Quand on a de bonnes relations avec les gens qui décident, les généraux israéliens, on peut aller les voir et leur dire 'Regardez, là, il y a un cas concret, utile pour l'approvisionnement en électricité de Gaza', et la jeune femme a reçu son permis", lui permettant de rencontrer des investisseurs et d'importer des batteries solaires, "un impact concret" à mettre au crédit de la diplomatie suisse au Proche-Orient.

Propos recueillis par Romain Clivaz

Adaptation web: Eric Butticaz

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