Grand Format
Vu des Alpes, la vie change dans les montagnes
Introduction
Les Alpes vivent, changent, évoluent sans cesse. Pour sentir les changements climatiques, sociétaux, économiques qui les traversent, deux journalistes de la RTS les ont parcourues, à pied, durant six jours. De Zermatt au Val d’Hérens, des Gastlosen à Château d’Oex, vous découvrirez les gens qui ressentent et vivent au plus près ces changements.
Jour 01
Une cabane, deux pays
Le périple débute par le haut de la vallée de Zermatt, sur le plateau Rosa, près du petit Cervin. C’est là, à la frontière avec l'Italie, qu'une conséquence inattendue du réchauffement climatique est apparue. Le refuge de montagne des guides du Cervin, italien depuis 45 ans, est en train de passer en territoire suisse. En fondant, l'écoulement de l'eau du glacier est passé de Cervinia (I), à Zermatt (CH).
Capital, car le pays vers lequel ruisselle l'eau définit la frontière et l'appartenance de ces châteaux d'eau. Lucio Trucco, gardien du refuge, ne peut engager des travaux de rénovation avant de savoir à quel pays appartient désormais le refuge. Il y voit néanmoins une possibilité de faire se rencontrer les deux pays, avec un menu italien, et des vins suisses.
Jour 02
Plus près du ciel
Après deux jours de marche (vallée de Zermatt – Tourtemagne – Anniviers), notre parcours nous mène à Chandolin. Le but, comprendre comment s’organise la vie d’un village alpin en 2018.
Constat immédiat, la vie sociale a été complètement bouleversée en un siècle. D’une vie d’agriculteur d’autosubsistance, où chaque famille possédait en plaine un logement pour l’hiver, le village est passé à une modeste station de montagne, se vidant un peu de ses habitants, pour suivre le rythme des saisons touristiques.
Loin de tout mais près du ciel, c’est un peu la devise des Chandolinars qui nous offrent le gite.
ERRATUM: Dans le deuxième épisode de notre série, le propriétaire du Chandolin Boutique Hotel est un entrepreneur lausannois et non un multimillionnaire étranger, comme nous l'avons malencontreusement qualifié. Toutes nos excuses pour cette erreur.
Jour 03
Un alpage ressuscité
De Grimentz à Eison, un orage nous contraint à nous réchauffer à Mandelon, dans un gite d’agri-tourisme. C'est la solution trouvée par le consortage de cet alpage situé au pied de la grand Dixence, pour éviter une hausse constante des coûts d’estivage. En une quarantaine d’années, la population des vaches de la race d’Hérens a été divisée par trois. Faire vivre ces lieux de patrimoine passe aujourd’hui par une association avec un tourisme doux.
La diminution du nombre de vaches à traire est également impressionnante. Sur les 120 vaches que compte l’alpage de Mandelon, seules 20 fournissent du lait. C’est que les passionnés qui ont encore des vaches de la race d’Hérens sont aujourd’hui plus motivés par les combats de reines que par la nécessité d’un rendement agricole. Le fromager de l’alpage a donc besoin de vaches laitières (dites "des blanches" par oppositions aux robes noires de la race d’Hérens) pour pouvoir faire ses fromages d'alpage.
>> En complément, écouter l'interview de Christophe Chaix, géographe et climatologue français:
Jour 04
Trouver sa voie
Notre périple nous fait quitter les Alpes pour gagner les Préalpes fribourgeoises, dans les Gastlosen (littéralement les Inhospitalières). On y rencontre des ouvreurs de voies d’escalade. Alors que la pratique des sports de montagne s’intensifie, ces grimpeurs trouvent un peu de répit et de calme en taillant leurs propres tracés dans ces falaises mythiques.
Véritable terrain de jeu du célèbre guide Erhard Loretan – on retrouve d’ailleurs du matériel de montagne lui ayant appartenu dans quelques recoins des falaises – la chaîne est aujourd’hui parcourue par de très nombreuses cordées lors des week-ends estivaux.
Jour 05
Vendanger à Château d’Oex
Dernière étape de cette traversée des Alpes avec la rencontre d'un vigneron amateur à plus de 1100 mètres d’altitude, à Château d'Oex. Pascal Rittener s’est mis en tête de faire du vin autour de sa maison, et il y est parvenu. Une conséquence du réchauffement climatique qui voit déjà par endroit le remplacement de certains cépages par d’autres plus adaptés à l’augmentation des températures.
Une piste peut-être pour une diversification des activités dans cette vallée où le réchauffement climatique rimait jusqu'ici surtout avec "danger pour les pistes de ski". Une manière à coup sûr de percevoir du positif dans ces changements environnementaux. Pascal Rittener y croit, lui qui a pu mettre en bouteille 280 flacons à titre privé l’an dernier, contre l’avis des autorités cantonales.
Jour 06
Bonus
Quelques images de paysages filmés par drone lors du reportage.
Crédits
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Matthieu Fournier et Jérôme Galichet