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L'agriculture participative, un modèle alternatif à la grande distribution

Les modèles participatifs séduisent les agriculteurs suisses
Les modèles participatifs séduisent les agriculteurs suisses / 19h30 / 3 min. / le 11 février 2018
Pour faire face à la lente agonie de l'agriculture helvétique, de plus en plus de producteurs se tournent vers des modèles participatifs, basés sur la vente directe et déconnectés des réseaux de grande distribution.

C'est un déclin qui paraît presque inéluctable. Actuellement, quatre fermes disparaissent chaque jour en Suisse. De près de 80'000 en 1996, leur nombre est passé à environ 52'000 en 2016, soit une diminution de 35%.

Les petits domaines, de moins de 30 hectares, ont subi de plein fouet ce phénomène. A l'inverse, le nombre de plus grandes exploitations a légèrement augmenté.

"Aujourd’hui, la Confédération se désengage de plus en plus et dit qu'il faut laisser faire le marché. Mais quand on laisse faire le marché, il y en a toujours certains qui s'enrichissent et d'autres qui s'appauvrissent", dénonce Berthe Darras, secrétaire syndicale chez Uniterre.

Développement des paniers contractuels

Dans ces circonstances, vers quoi se tourner pour pouvoir vivre de l'agriculture? Une solution s'impose: reprendre la main sur la transformation et la vente des produits.

Si 80% du commerce de détail passe actuellement par la grande distribution, la vente directe permet aux agriculteurs de s'affranchir des intermédiaires et de leurs marges. Les offres de paniers contractuels qui se développent dans toute la Suisse romande (voir carte ci-dessous) constituent un parfait exemple.

Etabli à la ferme des Verpillères de Choulex (GE), Thomas Descombes s'est lancé dans l'agriculture il y a une dizaine d'années. Pour financer son projet, il a fait un appel aux dons par un tout-ménage. "La proposition, c’était que je cultive et que les gens s'inscrivent pour devenir des consommateurs réguliers de mes paniers de légumes. C'était donc l'établissement d'un contrat entre eux et moi", explique-t-il.

Le bilan est positif. Thomas Descombes a agrandi son exploitation avec de l'élevage et s'est lancé dans la production de céréales. Son prochain objectif? Mettre en place un supermarché participatif avec d'autres agriculteurs.

(Liste non-exhaustive. Source: Fédération romande des consommateurs)

Convaincre les consommateurs

L'idée du panier contractuel n'est pas le seul modèle alternatif d'agriculture. A Ermatingen (TG), Guido Leutenegger a créé une entreprise d’élevage dont les clients sont tous sociétaires. Ils peuvent par exemple investir en achetant une vache pour 1250 francs. En échange, ils reçoivent pour 350 francs de viande pendant cinq ans. Et au final, leur bénéfice s'élève à 350 francs.

Si l'entreprise a été lancée avec seulement deux poules et une vache en 1990, la production a depuis été multipliée par mille.

L'agriculture participative, véritable salut des paysans? Les initiatives invitant à soutenir le commerce de proximité sont nombreuses. Aux producteurs de convaincre les consommateurs en faisant preuve d'inventivité.

Cecilia Mendoza/kg

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