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Les enseignants romands refusent de devenir des délateurs de radicalisation

La Confédération espère, avec l'aide des enseignants, identifier plus en amont des jeunes qui se radicalisent (photo prétexte). [DPA/Keystone - Sebastian Kahnert]
Les enseignants romands refusent de devenir des délateurs de radicalisation / La Matinale / 2 min. / le 29 décembre 2017
Le plan d'action national de lutte contre la radicalisation inquiète les enseignants romands. Ceux-ci refusent de devenir des délateurs, alors qu'ils devront être formés à la détection précoce de jeunes sombrant dans l'extrémisme.

Le plan d'action national contre la radicalisation veut permettre aux enseignants de comprendre ce phénomène pour mieux repérer les jeunes qui sombrent dans différentes formes d'extrémisme violent, y compris le djihadisme.

>> Lire à ce sujet : La Confédération lance un plan national de prévention du terrorisme

Les autorités espèrent, avec l'aide des professeurs, identifier plus en amont des jeunes qui se radicalisent, pour rapidement les en sortir. Ce rôle dérange Jean-Marc Haller, secrétaire général du syndicat des enseignants romands (SER). "On a l'impression qu'on est en train de vouloir faire de nous des surveillants de la pensée des élèves."

"Le danger c'est qu'on en arrive, excusez-moi l'expression populaire, au délit de sale gueule", craint Jean-Marc Haller. "On focalise sur des signaux négatifs au lieu d'aborder avec tous les jeunes ces questions et de les former à avoir un respect de l'autre, même s'ils pensent différemment." Il s'agit là du véritable rôle de l'école, selon plusieurs enseignants.

On est en train de vouloir faire de nous des surveillants de la pensée des élèves

Jean-Marc Haller, secrétaire général du syndicat des enseignants romands

A l'heure actuelle en Suisse romande, seul le canton de Genève va former 250 enseignants à la détection précoce de la radicalisation. "C'est plutôt un enseignant qui pourrait s'inquiéter, autant qu'il ait quelqu'un qui puisse l'aider à analyser les cas", explique Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat genevoise chargée de l'Instruction publique. "Et, au fond, on a relativement peu de situations."

Interrogé dans La Matinale, le délégué du Réseau national de sécurité André Duvillard dirige ce plan d'action national de lutte contre la radicalisation. "Ces craintes sont compréhensibles, mais il s'agit simplement de voir des signes avant-coureurs avant de prendre des mesures. Le fait de penser qu'on passe dans la délation est exagéré."

>> Ecouter l'interview d'André Duvillard dans La Matinale :

André Duvillard, délégué au Réseau national de sécurité. [Keystone - Lukas Lehmann]Keystone - Lukas Lehmann
André Duvillard, délégué du Réseau national de sécurité / La Matinale / 5 min. / le 29 décembre 2017

Marc Menichini/lgr

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