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La Suisse romande n'est pas épargnée par la radicalisation, selon Jean-Paul Rouiller

Jean-Paul Rouiller, directeur du Centre d'analyse du terrorisme (GCTAT) à Genève. [RTS - Simon Corthay]
Comment la radicalisation s'opère-t-elle en Suisse romande? Interview de Jean-Paul Rouiller / Forum / 8 min. / le 16 novembre 2017
Spécialiste du terrorisme, Jean-Paul Rouiller décortique les mécanismes qui poussent certains jeunes à la radicalisation, une semaine après l'arrestation d’un jeune Yverdonnois radicalisé lors d'une opération antiterroriste franco-suisse.

"Ce jeune Suisse radicalisé et les individus avec qui il était en contact ont évoqué différents projets, mais clairement dans les paroles, il y avait la volonté de passer à l'acte", indique Jean-Paul Rouiller, responsable du groupe d'analyse conjoint sur le terrorisme au Geneva Center for Security Policy (GCSP). Toutefois, "ils n'avaient pas de cibles déterminées", précise-t-il.

>> Lire : Une arrestation en Suisse en lien avec une opération antiterroriste en France

Interrogé dans l'émission Forum, Jean-Paul Rouiller relève que cet Yverdonnois "fait partie de cette génération qui a été radicalisée ici en Suisse, qui avait par amitiés interposées, par connexions, des contacts avec gens en Syrie. Et lui-même a basculé, mais sans nécessairement avoir fait le voyage en 'terre de djihad'".

L'idée de se radicaliser en solitaire est une vue de l'esprit

Jean-Paul Rouiller, responsable du groupe d'analyse conjoint sur le terrorisme au Geneva Center for Security and Studies

Selon le spécialiste, le profil de ce jeune démontre que la Suisse n'est pas épargnée par le phénomène de la radicalisation. "On a une série de processus et de mécanismes qui sont désormais à l'oeuvre en Suisse, mais qui le sont depuis beaucoup plus longtemps dans les autres pays", affirme-t-il

Pour Jean-Paul Rouiller, la radicalisation ne peut se résumer à des loups solitaires devant leur ordinateur. "C'est quand même un phénomène plus complexe, estime-t-il. "L'idée de se radicaliser en solitaire est une vue de l'esprit. Quand bien même si vous êtes sur internet, c'est pas un robot qui se trouve de l'autre côté, c'est une personne. Même si vous la rencontrez virtuellement, c'est un contact."

Le rôle des mosquées

Quant aux rôles des mosquées, le spécialiste opte pour la nuance. "Si vous êtes quelqu'un qui s'intéresse à la vision de l'islam qui est donnée par le salafisme, si vous avez une velléité de basculer dans le djihadisme, que vous le vouliez ou pas, à un moment donné, vous allez faire le pas de la mosquée."

Et Jean-Paul Rouiller préciser: "A la mosquée il y a des gens qui dans la plupart des cas n'ont rien à voir avec les autorités de la mosquée, mais qui vous attendent et qui vont, après vous avoir repéré, vous mettre en contact avec les bonnes personnes."

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz et Christian Favre

Texte web: Lara Gross

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