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"La détention ne doit plus être l'outil principal pour gérer les migrants"

L'invité de Romain Clivaz - Yves Daccord
L'invité de Romain Clivaz - Yves Daccord / La Matinale / 10 min. / le 13 novembre 2017
Le CICR participe à la troisième rencontre du Groupe de contact pour la Méditerranée. Son directeur général Yves Daccord estime que la politique migratoire doit moins se baser sur les chiffres, notamment sur ceux des détentions.

L'objectif du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui participe pour la première fois à une rencontre avec le Groupe de contact, "est de faire en sorte que que les questions de protection des migrants soient mises en avant", souligne son directeur général Yves Daccord, invité lundi de La Matinale de La Première.

On a un problème si les solutions ne sont que des transactions, (...) si l'on résume la crise migratoire à des enjeux financiers.

Yves Daccord, directeur général du CICR

"On ne peut pas continuer avec une politique migratoire où, d'un côté on ferme les frontières, et de l'autre, la détention est l'outil principal pour gérer les migrants", estime-t-il.

La baisse des arrivées, mauvais indicateur de succès

Pour lui, "on a un problème si les solutions ne sont que des transactions entre des gouvernements européens et africains, si l'on résume la crise migratoire à des enjeux financiers". Il insiste sur l'importance de considérer le pays d'origine des migrants et de permettre l'asile à ceux qui sont particulièrement vulnérables.

"Si le seul critère pour mesurer le succès de la politique migratoire est la baisse des arrivées, alors il est complètement faux", regrette Yves Daccord. Il évoque une situation où l'on parle "nombre mais pas individu", et rappelle que ce qui est qualifié de succès est "fragile", qu'il peut être renversé à tout moment par une nouvelle vague migratoire.

S'interroger sur une crise complexe

Yves Daccord refuse ainsi de voir la rencontre du Groupe de contact comme "du réchauffé". "La migration, en terme de crise, va rester avec nous", insiste-t-il. Il donne l'exemple de situations "extrêmement délicates au nord du Sahel, au Niger, au Cameroun, au Burkina-Faso, mais aussi en Afghanistan, en Syrie....(...) qui vont forcer des milliers de gens à migrer".

Il estime donc important, dans "une période relativement stable", de se poser la question de la complexité de la crise: "Combien peut-on accepter de migrants? La migration n'est-elle pas quelque chose qui bénéficie à l'Europe? Quel est le contrat social que l'on veut? Ce sont des dilemmes complexes".

Propos recueillis par Romain Clivaz

jvia

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