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L'espion suisse en Allemagne pourrait échapper à la prison ferme

Le procès de l’espion suisse Daniel M s’ouvre en Allemagne
Le procès de l’espion suisse Daniel M s’ouvre en Allemagne / 12h45 / 1 min. / le 18 octobre 2017
Le présumé espion suisse, jugé depuis mercredi à Francfort, pourrait échapper à la prison ferme. La défense est prête à entrer en matière dans un procès qui pourrait donc être écourté.

Le parquet exige un an et demi à deux ans avec sursis ainsi qu'une peine pécuniaire de 50'000 euros, a déclaré le procureur Lienhard Weiss lors de la première audience au tribunal de Francfort.

Le détective privé est accusé d'avoir espionné, de juillet 2011 à février 2015, les autorités fiscales de Rhénanie du Nord-Westphalie sur mandat du Service de renseignement de la Confédération (SRC).

Les lignes rouges en vue d'une entente ont donc été tracées. Mais l'accusé, âgé de 54 ans, doit faire des aveux crédibles et complets, a insisté le président du tribunal. Sans cela, les juges n'entrent pas en matière. D'après son avocat Robert Kain, le Suisse s'expliquera dans un texte écrit qui sera présenté le 26 octobre lors de la prochaine audience.

Vers un procès écourté

Selon ce qui ressort de ce document, le procès pourrait par conséquent se terminer plus tôt que prévu. Initialement agendé jusqu'en décembre, il pourrait finir sur un accord à l'amiable d'ici jeudi prochain ou la semaine d'après, estime son avocat.

En cas de désaccord entre la défense, l'accusation et le tribunal, ce "007" helvétique risque jusqu'à cinq ans de prison ferme. Une cinquantaine de journalistes étaient présents à l'ouverture de son procès, ainsi que sa compagne et ses deux filles.

Le principal intéressé, barbe et cheveux blancs, s'est montré calme en arrivant dans la salle au début de son procès vers 09h30. Il a salué ses trois avocats et a sorti ses documents d'un petit sac en plastique blanc, puis a mis ses lunettes.

Une taupe dans l'administration financière

Cet ancien policier zurichois aurait notamment été chargé par le SRC d'identifier les inspecteurs du fisc qui oeuvraient à recueillir des données sur des clients allemands de banques suisses. L'espion présumé aurait acquis des informations personnelles sur trois enquêteurs fiscaux de Rhénanie du Nord-Westphalie, un Land qui lutte fermement contre l'évasion fiscale.

Le parquet allemand accuse également le Suisse, en détention préventive à Mannheim depuis avril, d'avoir placé une taupe dans l'administration financière de Rhénanie du Nord-Westphalie. Cet homme infiltré était chargé de recueillir des informations supplémentaires sur les démarches allemandes concernant l'acquisition de CD. Et c'est là que le bât blesse. Entre autres.

Le parquet exige des informations permettant d'identifier cette source. Mais l'accusé, qui avait dans un premier temps avoué avoir recouru à une taupe, s'est rétracté depuis et nie son existence. "Cette taupe n'existe pas", a réitéré Robert Kain.

>> Le point sur l'ouverture du procès dans le 12h30 :

Le Suisse accusé d'espionnage par l'Allemagne à l'ouverture de son procès à Francfort (de dos, entre ses avocats). [DPA/Keystone - Andreas Arnold/pool]DPA/Keystone - Andreas Arnold/pool
Le procès du Suisse soupçonné d'espionnage en Allemagne est interrompu / Le 12h30 / 2 min. / le 18 octobre 2017

ats/gax/tmun

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Honoraires dévoilés

Le Ministère public allemand avait rendu public les ordres et les honoraires que le Service de renseignement de la Confédération a donnés à l'homme soupçonné d'espionnage.

Il a perçu 13'000 euros pour livrer la date de naissance, l'adresse privée et le numéro de téléphone de trois inspecteurs du fisc de Rhénanie du Nord-Westphalie durant l'été 2011.

Puis en décembre 2012, il s'est fait promettre 90'000 euros pour placer une taupe au sein de la même administration fiscale du land allemand.

>> Les explications de Ludovic Rocchi dans l'émission Forum: