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Isabelle Moret était bien membre d'un lobby pro-armement sans y être active

Le groupe défend la nécessité d'une industrie suisse de la défense.
Isabelle Moret était bien membre d'un lobby pro-armement sans y être active / Forum / 3 min. / le 8 août 2017
Lundi soir, Isabelle Moret, en lice pour le Conseil fédéral, niait tout lien avec le Cercle de travail sécurité et techniques de défense (CSTD). Elle en était bien membre de fait mais n'y était pas active, selon une enquête de la RTS.

Farner Consulting, la société de communication qui gère le Cercle de travail sécurité et techniques de défense (CSTD), confirme qu'Isabelle Moret faisait bien partie de ce groupement qui défend les intérêts de l'industrie suisse de l'armement.

"Isabelle Moret était membre, elle s'était inscrite de manière électronique, mais elle a décidé de quitter le groupe hier (lundi, ndlr) soir", soit juste après son passage dans l'émission Forum, explique Andreas Richner, le responsable de communication du CSTD.

"Les personnes qui sont sur la liste ont donné leur accord. Aucune n'y figure sans son consentement", ajoute-t-il, en référence à la présence d'Isabelle Moret sur la liste des membres de ce lobby. Il précise toutefois que la Vaudoise "n'a jamais été active" et "n'a participé à aucune" des séances annuelles.

"Pas un lien d'intérêt"

La conseillère nationale PLR avait fermement nié lundi soir tout lien avec le CSTD, mais elle explique aujourd'hui qu'elle s'était inscrite un jour par email pour recevoir des informations et se documenter. Elle ne touche aucune rémunération de la part de ce groupement et ne verse pas de cotisation non plus.

Dans cette optique, il n'est pas juste de considérer, comme le fait l'organisation Lobby Watch, qu'il s'agit d'un lien d'intérêt ou qu'elle est une lobbyiste pro-armes, estime Isabelle Moret. Elle a donc demandé à être retirée du site du CSTD pour ne pas être associée à lui.

Alors que de nombreuses personnalités figurent sur la liste des soutiens du lobby, plusieurs d'entre eux en sont étonnés. C'est le cas de deux Vaudois, l'ancien parlementaire fédéral PLR Charles Favre et le conseiller national PDC Claude Béglé.

Ce sont d'ailleurs eux qui ont pris contact avec la RTS pour livrer leurs témoignages, à la demande d'Isabelle Moret. Claude Béglé précise ainsi s'être inscrit, lui aussi, par curiosité, pour se documenter, à son arrivée au Parlement.

Pourquoi cette question est-elle si sensible?

La nature floue de ce lobby, qui ne distingue pas, sur son site, ses membres actifs de ceux qui sont inscrits pour recevoir des informations, est un élément qui permet d'expliquer la sensibilité de cette question. Et la vive réaction d'Isabelle Moret montre bien la volonté de ne pas être associée de trop près au lobby des armes.

Le malaise est peut-être aussi politique, la question de l'armement étant un thème qui a beaucoup divisé les deux ministres PLR actuels: Johann Schneider-Ammann, défenseur des intérêts économiques de l'industrie suisse de l'armement, et Didier Burkhalter, pour qui la neutralité et les bons offices sont prioritaires.

Isabelle Moret et Ignazio Cassis sur la même ligne

La démission du Neuchâtelois pourrait faire basculer la majorité au sein du Conseil fédéral sur ces thèmes-là. Le CSTD espère d'ailleurs ouvertement que le nouveau conseiller fédéral PLR servira mieux ses intérêts.

Parmi les candidats déclarés, Ignazio Cassis et Isabelle Moret n'affichent pas de grandes divergences. Les deux élus fédéraux ont, par exemple, soutenu un assouplissement de l'ordonnance sur le matériel de guerre en 2014, pour que la Suisse puisse exporter plus facilement ses armes à l'étranger.

Quant au conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, il ne tient pas à se prononcer sur ce thème pour l'instant. Il observe, de loin, et préserve sa position d'outsider dans la course au Conseil fédéral.

Alexandra Richard/dk

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