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La Prévoyance 2020, "un compromis qu'il faudra expliquer, expliquer…"

Alain Berset défend un "vrai compromis". [Keystone - Anthony Anex]
La Prévoyance 2020 est une réforme "essentielle" selon le Conseil fédéral / Forum / 12 min. / le 27 juin 2017
Un financement stable des retraites est essentiel au développement social et économique de la Suisse, a plaidé mardi le conseiller fédéral Alain Berset, lançant la campagne en faveur de la réforme de la Prévoyance vieillesse 2020.

La prévoyance vieillesse est la plus importante oeuvre sociale de Suisse. Or, sa stabilité financière est menacée par les baby-boomers en âge de retraite, l'augmentation de l'espérance de vie et les taux d'intérêt négatifs.

"La nécessité de la réforme est incontestable", a défendu Alain Berset devant les médias à Berne. Sans elle, le fonds AVS présentera plus de 10 milliards de déficit en 2032 et les caisses de pension continueront à puiser dans les fonds des actifs pour servir les rentes LPP des aînés.

"Un vrai compromis"

Interrogé dans l'émission Forum, Alain Berset balaie les critiques qui voient dans le projet un compromis qui ne satisferait personne. "C'est un vrai compromis jusque dans les détails", se défend-t-il. "On voit qu'il s'agit d'un travail très équilibré, qui nous a pris sept ans, et qui apporte des améliorations dans la prévoyance vieillesse qui sont d'une très grande importance." Le chef du Département fédéral de l'intérieur reconnaît en revanche qu'il faudra, pendant la campagne, "expliquer, expliquer… C'est vrai que c'est complexe."

La réforme ou la retraite à 68 ans

Alain Berset ne cache pas non plus que la réforme passe par des sacrifices qui doivent permettre de la financer. Mais, répond-il, "l'alternative c'est de travailler plus longtemps. Ce serait tout à fait possible de dire 'personne ne veut payer 0,3% en plus de TVA une fois en 2021 mais tout le monde est prêt à travailler jusqu'à 68 ans.' Et bien allons-y! Mais nous sommes partis de l'idée (…) que nous ne devions pas augmenter l'âge de la retraite au-delà de 65 ans."

Parmi les "vrais avantages" de cette réforme de la prévoyance professionnelle, le conseiller fédéral souligne notamment "la stabilité du financement de nos assurances sociales et de l'AVS pour l'avenir." Or, rappelle Alain Berset, "la société n'arrête pas d'évoluer, on continue à vieillir. C'est très heureux, mais il faut être en mesure d'adapter les assurances sociales et je crois que personne ne peut contester que c'est vraiment le moment de le faire. Parce qu'on est juste avant le moment où ça va devenir très difficile."

Les clés du financement

La réforme constitue donc la seule solution pour sortir de l'ornière. La hausse de la TVA de 0,6 point de pourcentage en deux étapes permettra de renflouer les caisses déficitaires de l'AVS. D'autres mesures sont prévues: les femmes devront travailler jusqu'à 65 ans dès 2021, ce qui permettra d'économiser 1,3 milliard de francs.

Dans le 2e pilier, le taux de conversion de 6,8% sera abaissé progressivement en quatre ans à 6%, réduisant la rente professionnelle. Mais des compensations ont été prévues, a souligné le ministre chargé des assurances sociales.

Retraite à la carte

Dans l'AVS, la réforme prévoit un bonus de 70 francs pour les nouveaux rentiers et un relèvement de 150 à 155% du plafond de rente pour les couples mariés. Cette mesure sera financée par une augmentation des cotisations de 0,3 point, partagée à part égale entre employés et patrons. Dans la prévoyance professionnelle, les cotisations sur les salaires seront un peu plus élevées.

La réforme introduit le principe d'une retraite à la carte, qui pourra être prise entre 62 et 70 ans, avec un malus ou un bonus à la clé. Finalement, les lacunes de prévoyance pour les personnes qui ont des petits salaires seront comblées.

ats/tmun/oang

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Un "plan B" du PLR caduc

A propos du "plan B" du PLR présenté dans la presse, Alain Berset estime qu'il s'agit plutôt du "plan A qui a déjà échoué plusieurs fois devant le peuple. C'est suite à ces échecs qu'on propose la réforme actuelle", a-t-il précisé devant la presse.

Le Parlement a décidé de lier le sort des deux volets. La réforme n'entrera en vigueur que si le peuple et les cantons disent oui à la révision de la Constitution pour augmenter la TVA. Si le référendum lancé par des syndicats romands aboutit, le peuple devra se prononcer en plus sur la loi. Mais un seul non suffira pour tout faire capoter.