A la recherche des fugitifs avec les "US Marshals" suisses
Et ces unité spécialisées ont du pain sur la planche. Actuellement, le canton de Fribourg est à la recherche de 3923 fugitifs, tandis qu'à Genève, on dénombre 4500 cas. Il peut s'agir d'évadés de prison, de personnes condamnées mais qui ne se sont pas présentées à la justice, ou de prévenus qui n'ont pas répondu à une convocation devant un tribunal.
Chaque année, l'unité fribourgeoise mène une trentaine d'opérations pour retrouver des fugitifs. Elle a accepté d'ouvrir ses portes à Nouvo en racontant la traque d'un violeur condamné à la prison ferme mais qui ne s'est pas présenté pour purger sa peine.
Une loi qui ne facilite pas les recherches
La principale difficulté pour ces brigades, c'est la loi. En Suisse, l'évasion n’est pas une infraction et la cavale non plus. Et il est parfois difficile de rouvrir le dossier pour commander des écoutes téléphoniques.
"Pour moi la problématique, c'est d'obtenir la compétence de surveiller quelqu'un qui n'a pas commis d'infraction. Quelqu'un qui s'est évadé, afin de l'identifier, le localiser et le ramener", indique Florian Walser, chef de la Police de sûreté de Fribourg.
Des spécialistes de l'investigation numérique
Ces unités sont très efficaces dans l'investigation numérique. Il faut être capable de récupérer des SMS effacés, des vidéos sur un smartphone ou de casser des mots de passe.
Si vous utilisez n’importe quoi qui a du numérique, même une carte de métro à Paris, on va pouvoir vous recadrer, vous retrouver
Reste que ces techniques coûtent très cher. Pour Sébastien Jaquier, responsable adjoint de l'Institut de lutte contre la criminalité économique, on doit les utiliser en dernier recours uniquement.
Dans l'investigation numérique, il n’y a pas grand chose d'impossible. Mais des dizaines, voire des centaines de milliers de francs peuvent être nécessaires pour obtenir une trace numérique. Dans ce cas, il faut que l'affaire soit très grave.
>> Sujet à retrouver dimanche 20h05 sur RTS2
Antoine Multone
- à Genève, c’est 4500 cas recherchés. Une augmentation de 3’000 depuis 2011(source le Temps), date de l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénal suisse, qui complique la mise en détention avant la fin du délai de recours.
Un mandat d’arrêt est lancé. C’est la brigade fribourgeoise des missions spéciales, Une unité de 7 policiers, qui se lance à la poursuite du fugitif.
Le chef de l’opération, c’est lui.
Chef brigade: C’est l’enquête d’environnement très détaillée sur la personne qui
commence. On réactualise son dossier. les réseaux sociaux nous apportent
beaucoup de réponses. Mais aussi l’enquête de voisinage pure, c’est-à-dire se
rendre dans la localité, le quartier où il habitait pour voir si quelqu’un l’avait vu.
Après avoir passé sa vie au peigne fin, c’est un tuyau fourni par un indic qui va les mettre
sur la piste:
SONORE swisscom
un numéro de téléphone, qui pourrait être le sien
Chef brigade: Dans ce cas, nous avons pu déterminer que le numéro de téléphone
qu’on a obtenu était au nom de son amie. On est parti du principe que c’est elle qui
lui a fourni des moyens logistiques, dont une carte téléphonique, dans le cadre de
sa cavale.
Durant des semaines, la brigade des missions spéciales écoute les conversations.
Mais pendant longtemps, les policiers font chou blanc ou presque
Chef brigade: On a vu qu’il était effectivement dans notre canton. Qu’il n’utilisait
pas régulièrement son téléphone. Par contre il utilisait beaucoup la 4G, et des
applications comme What’s App ou Viber. Mais on n’avait pas le lieu exact.
De cache en cache, le fugitif change de logement très régulièrement. Pourtant il commet
un erreur. Par téléphone, il prévoit un rendez-vous avec son amante, mais sans en
préciser le lieu. Les 7 agents montent une opération, en habits civils et voitures
banalisées.
Chef brigade: (voiture) Il y a une conversation téléphonique qui a pu être
interceptée, entre notre fugitif et son amie. Apparemment elle doit venir le récupérer
en vieille ville de Fribourg sur un parking.
Le fugitif est au rendez-vous. C’est le moment d’intervenir pour les hommes de la brigade.
SONORE: vous êtes en état d’arrestation
Cette arrestation, c’est la conclusion de 2 mois et demie d’enquête, que la brigade a
reconstitué pour nous. Chaque année, cette unité en mène une trentaine pour retrouver
des fugitifs.
une équipe réduite, qui dispose de grandes compétences, à la fois sur
le terrain et sur internet, et qui a pour philosophie de ne jamais lâcher l’affaire.
Chef brigade: Notre spéci ficité, c’est qu’on ne s’est jamais désintéressés des
fugitifs. C’est clair que ça prend du temps, qu’il faut s’y intéresser pour suivre
certains dossiers. Fribourg a toujours garder une main dessus. Mais je crois que ça
rassure aussi la population de savoir qu’un gars, qui ne s’est pas présenté et qui
est condamné à la prison, peut être rattrapé dans le canton de Fribourg.
Florian Walser, Chef Police de sûreté de Fribourg : Pour moi la problématique, c’est
d’obtenir la compétence de surveiller quelqu’un qui n’a pas commis d’infraction.
Quelqu’un qui s’est évadé, a fin de l’identi fier, le localiser et le ramener.
ROUBATY; Quand on reçoit un téléphone on va en tirer le plus possible, c’est-à-dire
une copie complète physique. Y’a des vrais « méchants » qui utilisent des Oneshot-
phones, des cartes particulières qui permettent de faire un appel et après ils le
jettent. C’est une attitude typiquement mafieuse: pour ne pas laisser de trace mieux
vaut n’utiliser les choses qu’une fois
Pour lui, la priorité c’est la mise à niveau de tous les policiers, qui doivent avoir le réflexe
de fouiller la vie en ligne, et préserver les preuves, comme on préserve les empreintes
digitales.
De retour à Fribourg. Sur le terrain, ces limites se font aussi sentir à la brigade des
missions spéciales
Chef brigade: Ca devient un gros handicap. Parce que maintenant la majeure partie
des gens utilisent des smartphones et des applications.
La question des moyens est donc cruciale. Même si, heureusement peut-être, beaucoup
de criminels préfèrent encore faire leur cavale à l'ancienne, sans téléphone ni carte de
crédit