Publié

Un expert propose de limiter les dépenses de santé après un certain âge

Le prix des vieux
Le prix des vieux / Mise au point / 11 min. / le 5 mars 2017
Avec le vieillissement de la population, on soigne des patients de plus en plus âgés et cela coûte cher. Pour l'économiste de la santé Stefan Felder, il est temps d'envisager de rationner les soins en fonction de l'âge.

"A l'avenir, les coûts de la santé vont continuer à augmenter et je ne crois pas qu'il soit de la responsabilité de la société dans son ensemble de garantir pour chaque personne la meilleure médecine possible. Nous devons fixer une limite et l'âge peut être un facteur objectif", explique dimanche Stefan Felder, professeur à l'Université de Bâle, dans l'émission de la RTS Mise au Point.

Dans le système qu'il préconise, les patients devraient contracter une complémentaire pour avoir accès à certains soins au-delà de 85 ans.

Des chiffres à mettre en perspective

Selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, le grand âge et ses soucis de santé coûtent cher à la collectivité. En moyenne annuelle, cela donne même une courbe qui passe de 20'000 francs par an autour de 75 ans à plus de 100'000 francs à 96 ans et plus.

Ces coûts liés au grand âge interpellent toutefois le chef du service de gériatrie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, Christophe Büla. "Dans les faits, oui, plus les gens avancent en âge, plus ils vont émarger au système de santé et coûter cher. Mais dans la réalité les coûts maximaux se situent dans l'année qui précède le décès", nuance-t-il.

Or, de facto, en Suisse comme ailleurs, l'âge du décès tend à augmenter et crée une proportion de gens qui vont décéder à cet âge qui est beaucoup plus importante. "Cela donne cette superposition entre grand âge et coûts élevés de la santé", souligne le professeur.

La courbe des coûts de santé, en montants absolus par habitant, change en effet totalement de profil et laisse place à une vague dont l'ampleur -légèrement plus marquée pour les femmes que les hommes, grossesses et espérance de vie plus longue obligent- permet de relativiser les coûts liés au grand âge.

>> Plus de développement dans Mise au Point

Pierre Bavaud et Juliette Galeazzi

Publié

La question des prothèses de la hanche

Constatant la nette augmentation du nombre de prothèses de la hanche posées l'an dernier en Suisse, le professeur bâlois Stefan Felder se demande notamment si ces interventions remboursées par l'assurance de base sont vraiment justifiées.

Quelque 24'000 personnes ont en effet subi cette opération en 2016, dont une majorité de plus de 85 ans. C'est 50% d'interventions de plus qu'il y a dix ans pour un coût moyen entre 15'000 et 20'000 francs, couvert par l'assurance de base.

A l'économiste de la santé Stefan Felder, Jean-François Fischer, chirurgien orthopédique aux Etablissements hospitaliers du Nord vaudois, rétorque: "Cette vision me paraît tout à fait partiale, car elle est basée uniquement sur les coûts de la santé et n'évalue pas les bénéfices que l'on peut offrir au patient tant sur le plan des douleurs, que sur le plan de l'indépendance et du maintien à domicile."