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"On assiste à une dégénérescence dans la pratique policière en Suisse"

Frédéric Maillard. [preventivebusiness.ch]
L'invité de la rédaction - Frédéric Maillard / Le Journal du matin / 15 min. / le 16 février 2017
Avec un policier inculpé pour viol, l’affaire Théo alimente la chronique en France. Analyste des pratiques policières suisses, Frédéric Maillard constate également une augmentation des violences dans le pays depuis 2015.

"Avec des discriminations de plus en plus fréquentes et des interpellations qui tournent mal, on assiste à une dégénérescence dans la pratique policière en Suisse depuis 2015", relève Frédéric Maillard dans le Journal du matin de la RTS jeudi.

Comment être aussi affirmatif alors qu'aucune statistique précise n'existe? "Les cas sont souvent traités à l'interne, ce qui n'est pas crédible." Et l'analyste de préciser que ce qu'il assure provient "des aveux des policiers" qu'il rencontre sur le terrain.

"Des ordres de service laborieux"

Pour expliquer ces dérives, Frédéric Maillard parle d'une "sous-culture policière" problématique: "C'est l'héritage de la discipline, de la hiérarchie militaire qui assujettit les membres. Toute proposition est brimée, on doit se soumettre à des ordres de service laborieux. Les erreurs commises peinent à être traitées, car elles ne sont pas reconnues."

Et l'expert de voir deux causes à ce phénomène, l'une d'ordre pédagogique, l'autre d'ordre managériale. Selon lui, l'Académie de police de Savatan, dans le canton du Valais, pratique d'ailleurs "typiquement la défiance et propose un formation menaçante. Elle va mettre sur le terrain des agents qui pourraient reproduire ces menaces. Je le réprouve totalement."

Alors que le policer doit garantir l'ordre, n'est-il pas logique qu'il dépende d'un certain fonctionnement militaire? Frédéric Maillard se porte en faux. "Les objectifs sont radicalement autres. Le policier construit la paix, tandis que le militaire se défend d'une guerre potentielle."

kg

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