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L'ex-trésorier du Parti populaire espagnol met à nu ses relations suisses

Luis Barcenas lors de son procès très médiatisé en Espagne et diffusé en direct.
Luis Barcenas lors de son procès très médiatisé en Espagne et diffusé en direct.
Le procès pour corruption de Luis Barcenas offre un aperçu inédit du rôle central de la Suisse dans la gestion de ses fonds. Selon l'ex-trésorier du Parti populaire espagnol, des échanges en liquide se faisaient sur sol suisse.

Interrogé par la procureure lundi et mardi, Luis Barcenas a dû s'expliquer sur la provenance des fonds déposés auprès des banques genevoises Dresdner et Lombard Odier dans le cadre du procès de l'affaire "Gürtel", sur laquelle a enquêté le Parquet genevois.

Le politicien a assuré n'avoir jamais sorti de liquide d'Espagne. "Je recevais l'argent directement en Suisse", a-t-il révélé, niant avoir perçu des commissions illégales, comme affirmé par un co-accusé.

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D'où venait l'argent? Luis Barcenas a évoqué diverses affaires: de ventes d'art à des mandats de consultant, pour lesquelles il n'a pu produire ni factures ni contrats.

Un mystérieux ami suisse censé avoir conservé des justificatifs a été évoqué par Luis Barcenas, mais "il est décédé en 2013". Près de 8 millions d'euros ont été déposés en cash en Suisse.

"Je n'ai jamais donné de documents sur l'origine des fonds aux banques suisses, car elles ne me le demandaient pas", a encore assuré celui qui encourt jusqu'à 42 ans de prison.

Marc Renfer

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La fondation panaméenne "genevoise" qui intrigue

Luis Barcenas a dû justifier le passage de ses capitaux suisses sous contrôle d'une fondation panaméenne en 2005, un choix qui a particulièrement intéressé la procureure.

L'ex-trésorier du Parti populaire (PP, droite) a d'abord affirmé que suite à son élection comme sénateur, Lombard Odier aurait proposé cette structure offshore, afin de protéger son identité de personne exposée politiquement (PEP). La fondation a été créé et administrée par la fiduciaire Favona SA, directement liée à la banque genevoise.

Luis Barcenas a ensuite donné une explication qui lui a également permis de justifier des arrivées de fonds sur ses comptes: il aurait reçu 3 millions d'euros de la part "d'investisseurs uruguayens", dont il devait gérer l'argent.

Selon lui, la fondation offrait plus de sécurité aux investisseurs qu'un compte personnel. Un argument démonté mercredi par l'avocat de l'Etat, qui a souligné que Luis Barcenas avait pu sans autre liquider la fondation et transférer des fonds. L'absence de tout contrat de gestion a également étonné la Cour.

Visite d'un banquier genevois au siège du PP

Durant l'audition de mardi, Luis Barcenas a expliqué que le banquier qui s'occupait de ses comptes auprès de Lombard Odier ne pouvait pas ignorer son rôle politique, étant donné que ce dernier lui avait rendu visite dans son bureau au siège même du Parti populaire à Madrid.