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Poggia à Nantermod: "Je vous laisse à vos jeunes et touchantes illusions"

Le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia a eu débat animé sur Twitter avec le conseiller national Philippe Nantermod au sujet des accords bilatéraux. [Keystone]
Le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia a eu débat animé sur Twitter avec le conseiller national Philippe Nantermod au sujet des accords bilatéraux. - [Keystone]
Après l'intervention du conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia lundi sur la RTS au sujet des chômeurs frontaliers, un tweet du conseiller national Philippe Nantermod a lancé une discussion houleuse sur le réseau social.

La Commission européenne veut changer le système de l'Union en matière de sécurité sociale et propose notamment que les travailleurs qui perdent leur emploi perçoivent à l'avenir les indemnités de chômage là où ils ont été employés durant la dernière année de leur contrat.

>> Lire sur ce sujet : La Suisse pourrait contribuer à payer les chômeurs frontaliers européens

Pour le MCG Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois en charge de l'Emploi, la Suisse aurait dû négocier en amont ce changement, qui semble inéluctable. "Il ne faut pas se faire d'illusion, c'est un changement réglementaire qui va être imposé à la Suisse", a-t-il affirmé lundi dans le Journal du matin de la RTS:

>> Ecouter l'interview de Mauro Poggia :

Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois en charge du Département de l'emploi, des affaires sociales et de la santé. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Interview du conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia / Le Journal du matin / 1 min. / le 19 décembre 2016

Suite à cette intervention, le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod lui adresse un message direct sur Twitter:

Mauro Poggia s'empresse de lui répondre:

Et le Vert valaisan Mathieu Clerc de renchérir, en appuyant l'élu genevois, affirmant que ce sont les conseillers nationaux, dont Philippe Nantermod, qui n'ont pas compris:

"Monsieur Nantermod a raison"

Qui a raison et qui a tort? L'Union européenne peut-elle vraiment imposer ce changement de système à la Suisse? Selon le spécialiste des relations entre la Suisse et l'Union européenne, le directeur du Global Studies Institute René Schwok, "Monsieur Nantermod a raison. Ce dossier figure dans l'accord de libre-circulation des personnes, qui n'oblige pas la Suisse à suivre l'évolution du droit européen." Un dossier figurant dans l'accord Schengen, par exemple, aurait été soumis à un autre traitement.

Le professeur à l'Université de Genève précise aussi: "Si l'accord institutionnel était entré en vigueur, la Suisse aurait été obligée, en effet, de suivre l'évolution du droit." Cet accord vise à encadrer et rénover les accords bilatéraux actuels et futurs. Mais les discussions qui l'entourent sont actuellement gelées.

Rapport de force

Si les accords ne permettent pas à l'Union européenne d'imposer un changement de règlement à la Suisse, qu'en est-il dès lors des rapports de force, évoqués par le conseiller d'Etat MCG? "L'Union européenne pourrait effectivement essayer de faire pression sur la Suisse en proférant des menaces sur un autre dossier", concède René Schwok. Ce dernier précise toutefois que par le passé, l'UE n'a que très rarement fait état de ce genre de pression sur les pays tiers, "contrairement à ce que prétendent souvent certains élus."

Et la discussion de se conclure:

Feriel Mestiri

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