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Pour l'avocat de Claude D., "il n'existe pas de déchéance d'humanité"

Loïc Parein, l'avocat de Claude D. [keystone - Cyril Zingaro]
Loïc Parein: pour une justice compatible avec les valeurs de la CEDH / Haute définition / 15 min. / le 9 octobre 2016
Loïc Parein, avocat commis d'office de Claude D., plaide pour une justice compatible avec les valeurs de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), à savoir la dignité humaine, la sphère privée ou familiale.

Dans un entretien diffusé dimanche dans Haute définition, sur La Première, Loïc Parein estime que la sanction la plus sévère du code pénal suisse met en lumière la fracture entre la justice et le peuple "qui ne sont plus sur la même fréquence".

Avec le vote sur l’internement à vie, le peuple "s'est réapproprié le pouvoir des juges, c'est un signe de méfiance", estime l'avocat. Signe aussi d'un besoin de certitude qu'une sanction, fut-elle exemplaire, ne peut pas garantir.

Pour rappel, Loïc Parein avait défendu Claude D., condamné à la prison à perpétuité et à l'internement à vie, pour avoir tué Marie, une jeune femme de 19 ans, en mai 2013, près de Payerne, dans le canton de Vaud.

A crime grave, sanction sévère

A crime grave, sanction sévère, Loïc Parein ne remet pas en question ce principe, mais il insiste sur l’espoir auquel a droit tout condamné, donc tout être humain, car "il n'existe pas de déchéance d’humanité". Or, le seul espoir pour un condamné à l'internement à vie, c'est une avancée scientifique qui permettrait un traitement efficace. "C'est hypocrite, cela revient à prononcer la mort sociale de l'individu".

L'avocat dénonce ce qu'il qualifie de "sectarisme pénal". Si on est contre l'internement à vie, on ne plaide pas forcément pour la libération des criminels dangereux, insiste-t-il.

Loïc Parein défend par conséquent une troisième voie qui tienne compte des émotions, de la peur et de l'indignation légitimes, du besoin de protection et des attentes de l'opinion publique, mais aussi du respect des valeurs humaines pour éviter un retour de la loi du Talion. Un verdict de la Cour européenne des droits de l’homme permettrait, selon lui, "de tracer une ligne claire" pour relancer le débat.

Manuela Salvi

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