Lundi prochain, ce sont quelque 240'000 étudiants qui feront leur rentrée dans les établissements universitaires de Suisse. Pour la plupart, pas question de tenter de tricher sur leurs notes ou leurs titres, même si plusieurs avouent y avoir pensé. Pourtant, sans être en augmentation massive, les cas de fraudes aux diplômes mobilisent de plus en plus les universités.
Aidés par l'informatique, les fraudeurs sont plusieurs dizaines par année à se faire repérer. Et si les universités s'en inquiètent autant, c'est qu'ils peuvent coûter cher en termes d'image et de réputation pour l'institution.
La grande majorité des faux sont faits électroniquement. C'est beaucoup plus facile de générer ou modifier un PDF pour postuler que de falsifier un document physique.
Jusqu'à 5 ans de prison
A l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), où s'est rendu TTC, ce sont jusqu'à 8 personnes qui contrôlent les documents à l'heure des admissions.
Ces trois dernières années, l'EPFL s'est d'ailleurs tournée à six reprises vers les tribunaux, avec notamment le cas d'un élève qui avait postulé dans une université française avec un faux Master de l'EPFL.
Si l'étudiant est résident en Suisse, l'université ou la haute école qui découvre le cas de fraude a l'obligation de déposer une plainte pénale. L'étudiant risque alors jusqu'à 5 ans de prison et une peine pécuniaire.
Les faux diplômes sont en général rapidement remarqués. Papiers anti-reflets, hologrammes, les titres sont devenus de véritables billets de banque.
Mobilité estudiantine en hausse
Si les cas de fraude, notamment sur les bulletins de note, prennent l'ascenseur grâce à la facilité de retouche sur ordinateur, ce n'est pas le seul facteur.
Le nombre d'étudiants qui font leurs études à l'étranger a aussi explosé. A ce jour, les étudiants en mobilité sont environ 4 millions, un chiffre qui a doublé en près de 15 ans, selon les données de l'Unesco. Et il atteindra 8 millions d'ici 2020.
>> Le reportage complet est à voir dans TTC à 20h20 sur RTS Un
Yann Dieuaide/sbad
Un diplôme sur internet
L'an passé, plus de 18'000 maturités ont été décernées en Suisse. Les papiers sont imprimés dans les établissements en juin chaque année sur un papier spécial, conservé sous haute surveillance, et signé par le conseiller d'Etat et le directeur de l'établissement.
Un titre que l'on peut aussi s'acheter sur internet en quelques clics. Des dizaines de sites proposent en effet de faux diplômes de plusieurs pays pour un coût entre 200 et 500 euros, en fonction de la qualité du document. Pour entrer à l'université en Suisse, il en coûterait quelque 350 euros, selon les recherches de la RTS.
Confronté au même problème, la France tente également d'y remédier. Début 2016, la ministre de l'Education a lancé la chasse aux faux documents, annonçant une vaste numérisation des certificats avec un système efficace d'ici fin 2016.
Au niveau européen, la Déclaration de Groningen a pour but de numériser l'ensemble des diplômes internationaux et de mettre en place un système mondial d'échange sécurisé. Une nouvelle étape contre la fraude. Mais la Suisse ne fait pour l'instant pas partie des signataires de l'initiative.
"Moulins à diplômes" nombreux en Suisse
Si certains falsifient les diplômes de véritables institutions, il existe aussi de nombreux "moulins à diplômes", ces pseudo-universités qui décernent de "vrais faux titres".
En Suisse, il existerait une trentaine d'institutions de ce genre, recensait en mai dernier le journal Le Temps. Selon le FBI, cité par le New York Times, le marché mondial des "diploma mills" est estimé à plusieurs centaines de millions de dollars.
Au total, il existerait quelques 2000 moulins à diplômes dans le monde. Plus d’un millier sont localisés aux Etats-Unis, 600 en Europe, dont 340 au seul Royaume-Uni, ainsi qu’une trentaine en Suisse. Les deux pays sont en effet gage d'une certaine qualité et rigueur intellectuelle.