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"La Fête fédérale de lutte est une excellente occasion de fraterniser"

Guy Parmelin, le conseiller fédéral en charge de la Défense et des Sports. [Keystone - Manuel Lopez]
Guy Parmelin revient sur la culture suisse lors de la Fête fédérale de lutte / Forum / 9 min. / le 27 août 2016
Pour Guy Parmelin, la Fête fédérale de lutte permet à toutes les catégories de la population de se rassembler. "La lutte suisse est profondément enracinée dans les gènes, et pas seulement en Suisse alémanique", estime le conseiller fédéral.

"Quand je suis arrivé ce matin à 07h30 en voiture, on voyait ces immenses colonnes. On avait l'impression que chacun convergeait vers le but de son pèlerinage, sac au dos, sans animosité, de manière extrêmement décontractée, toutes catégories de la population mélangées", affirme Guy Parmelin dans l'émission Forum.

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"Sentir le pouls du pays"

"C'était vraiment impressionnant", poursuit le chef du Département fédéral de la défense et des sports. Pour lui, le fait que la Fête fédérale de lutte soit organisée tous les 15 ans en Suisse romande est une chance pour la population helvétique: "C'est une excellente occasion de sympathiser, de faire connaissance, de fraterniser".

Le Suisse veut être modeste, mais il cherche aussi à avoir de très bons résultats

Guy Parmelin

Contrairement à l'image rurale de la manifestation, Guy Parmelin constate qu'"énormément de citadins sont présents" à Estavayer-le-Lac (FR). Selon lui, "les traditions dites alpestres présentent beaucoup d'intérêt, y compris dans les villes". La Fête fédérale de lutte permet notamment aux gens des villes de venir "sentir le pouls du pays".

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Un retour aux sources

La lutte suisse est à l'image du pays et de ses habitants, elle allie tradition et modernité, estime le conseiller fédéral vaudois. "Le Suisse veut être modeste, mais il cherche aussi à avoir de très bons résultats; on le voit dans la manière dont on essaie de promouvoir le sport de pointe avec les moyens limités qui sont les nôtres", ajoute le ministre des Sports.

Il y a aussi simplement du plaisir à aller découvrir ce sport, ces traditions

Guy Parmelin

Guy Parmelin explique en partie le succès populaire de la lutte par un besoin d'un retour aux sources, "dans cette époque de mondialisation où il y a beaucoup d'incertitude". Mais, pour lui, "il y a aussi simplement du plaisir à aller découvrir ce sport, ces traditions". "C'est l'occasion pour nos concitoyennes et nos concitoyens de découvrir quelque chose qu'ils ne voient pas tous les jours."

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz/dk

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C'est ça l'expression de la culture suisse?
"C'est une partie de l'expression de la culture suisse. Quand je suis arrivé ce matin à 07h30 en voiture, on voyait ces immenses colonnes. On avait l'impression que chacun convergeait vers le but de son pèlerinage, sac au dos, sans animosité, de manière extrêmement décontractée, toutes catégories de la population mélangées. C'était vraiment impressionnant."
"La lutte suisse est profondément enracinée dans les gènes. Et 4a n'est pas seulement en Suisse alémanique. Dans ma région, il y a un club, le club de Mont-sur-Rolle. Il est aussi extrêmement dynamique. Et Les Romands ont remarqué qu'il fallait travailler beaucoup plus pour pouvoir rivaliser avec la Suisse alémanique. Comme conseiller national, j'allais voir les fêtes de lutte organisées dans ma région. C'était toujours avec beaucoup de jeunes qui débutent. Les effets vont peut-être se faire sentir. Actuellement, il y a quelques Romands qui sont bien placés."
Fête en Suisse romande tous les 15 ans; créer des ponts?
"Je crois que les Romands vont aussi en Suisse alémanique. Mais vous avez raison. Ca rappelle aussi le débat sur les langues. Quand on dit que certaines personnes de Suisse orientale ne sont jamais venues en Suisse romande et que certains Romands ne sont jamais allés au Tessin ou en Suisse orientale, c'est aussi l'occasion peut-être d'aller sur place. Il y a différentes fédérations, et c'est pour cette raison que tous les 15 ans la Fête revient en Suisse romande. C'est une excellente occasion de sympathiser, de faire connaissance de fraterniser."
Suisse pays essentiellement urbain; comment peut-elle être représentative? Suisse idéalisée, des Alpes?
"Peut-être que le Suisse moyen est urbain, mais il y a beaucoup de Suisses moyens urbains qui sont là. Et ils sont aussi passionnés par ce sport. C'est un sport qui a ses règles, ses codes. Je ne l'ai jamais pratiqué personnellement, je l'ai souvent suivi. C'est la première fois que je m'intéresse de près à tous les aspects techniques: pointage, discussion entre les juges, ... Et quand on regarde cet aspect un petit peu psychologique, on découvre ce sport sous un autre angle que sous son aspect simplement traditionnel. Il y a une véritable compétition pour désigner, au terme des deux jours, le meilleur. Et ce n'est pas qu'une question de points, il y a aussi des questions d'appréciation. Les vainqueurs sont des célébrités en Suisse alémanique, mais ils sont aussi connus en Suisse romande."
Omniprésence des sponsors, 30 millions de francs de budget; loin de l'image de la Suisse modeste
"La Suisse a toujours quelque chose entre tradition et modernité. C'est comme les fêtes de tir, les abbayes. La publicité se trouve essentiellement à l'extérieur de l'arène. Quelque part, le Suisse veut modeste, mais il cherche aussi à avoir de très bons résultats. On le voit dans la manière dont on essaie, avec le sport de pointe, avec les moyens limités qui sont les nôtres. Et les Jeux olympiques de Rio viennent de se terminer, et on a vu par exemple que le concept qui a été mis au point avec l'armée permet d'avoir de bons résultats en aidant les sportifs sur le plan sportif. La lutte n'échappe pas à cet aspect-là. Entre tradition et modernité, il y a certaines choses qui ne sont pas encore admises à l'intérieur de l'arène."
Risque de monter les usn contre les autres?
"Chacun doit assumer les déclarations qu'il fait. Ce que constate, c'est qu'aujourd'hui il y a énormément de citadins qui sont présents. Certains viennent peut-être pour la première fois se rendre compte et sentir le pouls du pays. Ces traditions dites alpestres présentent beaucoup d'intérêt, y compris dans les villes. Elles ont toujours lieu dans des villes d'une certaine importance, comme Frauenfeld et Burgdorf pour les précédentes éditions.
Engouement?
"On vit ces dernières années une espèce de retour aux sources. Les gens cherchent à retrouver leurs racines par ce biais-là. Et c'est pas forcément propre à la fête de lutte; les fêtes de tir sont aussi extrêmement populaires. Ca permet à différentes personnes, qu'elles viennent des villes ou des campagnes et de tous les cadres professionnels de se connaître, d'apprendre les difficultés de la vie quotidienne que chacun vit dans sa profession, dans cette époque de mondialisation où il y a beaucoup d'incertitude. C'est extrêmement bien cette façon de se retrouver au niveau de traditions. Il n'y a pas à critiquer ce genre de choses. La tradition est telle qu'elle vient se fixer tous les trois ans. On n'est pas encore tombés dans le sport-spectacle, où on cherche à raccourcir l'espace-temps pour profiter d'un engouement.
Besoin dans un monde globalisé?
"Il y a plus que ça, que seulement cet aspect de globalisation ou d'incertitude. Il y a un aspect simplement de plaisir à aller découvrir ce sport, ces traditions. Il y a encore le lancer de la pierre d'Unspunnen, il y a le hornuss. Je crois que c'est l'occasion pour nos concitoyennes et nos concitoyens de découvrir quelque chose qu'ils ne voient pas tous les jours. Encore que, très souvent , les week-ends, il y a des luttes régionales qui sont extrêmement célèbres."