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"La Suisse est dans la position de celle qui demande l'accès au marché unique"

Johan Rochel, vice-président du think-thank Foraus. [RTS]
Johan Rochel, vice-président de Foraus / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 9 août 2016
Face aux critiques de l'UDC contre l'accord-cadre Suisse-UE, Johan Rochel, vice-président du laboratoire d'idée en matière de politique extérieure Foraus, rappelle qu'il y a un prix à payer pour un accès au marché européen.

Christoph Blocher et l'UDC sont montés au front, la semaine dernière, pour dénoncer un accord-cadre qui pourrait lier la Suisse à l'Union européenne, le qualifiant d'"adhésion insidieuse à l'UE".

Pour Johan Rochel, cet accord-cadre n'a rien d'une adhésion rampante. Au contraire, il rappelle que la Suisse a officiellement retiré sa demande d'adhésion il y a quelques semaines. Un symbole très fort pour les pro-européens, selon lui.

Mais il souligne surtout que la Suisse est dans la position de celle qui demande un accès privilégié au marché unique, à égalité avec les autres Etats membres. "Cela a un prix".

"Nous sommes dépendants économiquement de l'UE, c'est un fait. Nous voulons avoir un accès privilégié, afin d'assurer notre prospérité économique. La seule question est désormais de savoir quel prix nous sommes prêts à payer pour assurer cette prospérité?", s'interroge le docteur en droit.

Pas un Etat tiers

"La Suisse ne veut pas être un Etat tiers pour l'UE, comme l'est Israël ou le Canada, qui collaborent sur une base ponctuelle." Pour Johan Rochel la Suisse est géographiquement le coeur de l'Europe, les valeurs de l'Europe, mais elle a aussi des intérêts économiques, sociaux et politiques extrêmement liés à l'Europe. "L'idée d'une association avec l'Europe est indispensable".

La question clé pour tous les décideurs politiques est selon lui de savoir comment créer une association où la Suisse pourra défendre ses intérêts et les intérêts qu'elle a en commun avec l'UE, comme la question des réfugiés ou le réchauffement climatique.

L'accord cadre, une demande européenne

Concernant l'accord-cadre, Johan Rochel précise que la demande émane de l'Union européenne, qui estime que, vu la densité des accords, en nombre et en qualité, il fallait désormais un accord qui chapeaute le tout et qui définisse les règles en cas de désaccord, de différend, ou sur la manière sont la Suisse devrait reprendre le droit européen qui se développe au jour le jour.

"La Suisse, elle, aurait certainement été heureuse de continuer au rythme des bilatérales", estime Johan Rochel.

Pour un "vote de clarification"

Concernant le prix à payer pour la Suisse, Johan Rochel estime qu'il faut désormais être clair sur ce que la Suisse préfère: les contingents ou la libre-circulation. "Le vote du 9 février contre l'immigration de masse était un vote incohérent avec un autre choix que les mêmes citoyens suisses ont fait: celui des accords bilatéraux, incluant la libre-circulation des personnes."

Deux choix incompatibles pour lesquels les citoyens devraient obtenir un "vote de clarification", selon lui. Si le peuple votait à nouveau dans le sens de ce que demande l'UDC, le gouvernement aurait ainsi le mandat clair de dénoncer cet accord. "Mais cette fois-ci, le choix aurait été fait en toute transparence".

Johan Rochel appelle d'ailleurs le Parlement à proposer un contre-projet proposant justement ce vote de clarification, qui pourrait être soumis au vote en même temps que l'initiative rasa, qui elle a déjà récolté les 100'000 signatures nécessaires.

fme

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