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Le patrimoine de l'UNESCO "n'est pas un objet de promotion touristique"

"Le temple d'Angkor Wat a souffert du tourisme mais notre vieille-ville de Berne, Le Locle ou La Chaux-de-Fonds ont bénéficié de leur inscription à l'UNESCO"
"Le temple d'Angkor Wat a souffert du tourisme mais notre vieille-ville de Berne, Le Locle ou La Chaux-de-Fonds ont bénéficié de leur inscription à l'UNESCO" / L'actu en vidéo / 57 sec. / le 7 juin 2016
Les 11 et 12 juin, la Suisse fêtera ses 11 sites inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais pour Diego Gradis, du Forum des ONG pour le patrimoine immatériel, ces sites ne doivent pas servir à la promotion touristique.

Ces journées du patrimoine sont une première en Suisse et célébreront, entre autres, les vignobles en terrasse de Lavaux, les châteaux de Bellinzone, la vieille ville de Berne ou l'abbaye de Saint-Gall. "Avec onze sites inscrits au patrimoine mondial en 33 ans, nous sommes gâtés. Pour arriver à une équivalence, la Chine devrait avoir 1500 sites!", a souligné Diego Gradis mardi dans le Journal du matin de la RTS.

Mais pour celui qui a été vice-président de la commission suisse pour l'UNESCO, un malentendu subsiste. "Un bien inscrit au patrimoine mondial de l'humanité est souvent associé à un objet de promotion touristique", regrette-t-il. Pour lui, ces inscriptions doivent avant tout être un vecteur de sensibilisation "aux valeurs fondamentales transmises de génération en génération" et au besoin de protection de ces sites.

"Effets pervers"

Même s'il reconnaît que le tourisme sur les sites de l'UNESCO génère 140 milliards de dollars par an, il souligne les "effets pervers" qu'une inscription au patrimoine peut avoir, citant l'exemple du temple d'Angkor Wat, au Cambodge, qui a souffert de l'afflux touristique. "En revanche, notre vieille ville de Berne ou les cités horlogères des montagnes neuchâteloises en ont tiré profit", nuance-t-il, évoquant le sentiment de "fierté" que l'UNESCO vise à rétablir.

Vaud coupe les vivres au Lavaux

Diego Gradis critique d'ailleurs la décision récente du canton de Vaud de refuser un financement annuel pérenne pour Lavaux Patrimoine mondial. Le conseiller d'Etat Pascal Broulis a estimé que l'association bénéficiait d'un "traitement de faveur". Or, pour Diego Gradis, cette réaction "montre la focalisation de l'intérêt des pouvoirs publics pour les problématiques liées au tourisme et à la commercialisation des sites du patrimoine".

Un élément de culture qui se fige est condamné.

Diego Gradis, membre du Forum des ONG pour le patrimoine

Patrimoine "vivant"

"Un élément de culture qui se fige est condamné, il ne doit pas y avoir de fossilisation. Ainsi, le patrimoine est un élément vivant, qui a constamment besoin d'être valorisé", insiste-t-il.

Une Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a également été adoptée par l'UNESCO en 2003. La Suisse ne compte encore aucune entrée dans cette liste, mais la Fête des vignerons de Vevey et le carnaval de Bâle y sont candidats.

>> Les explications de l'historien Martin Grandjean dans le Journal du Matin :

Martin Grandjean, historien. [Wikimedia Commons - Ludovic Péron]Wikimedia Commons - Ludovic Péron
Deux candidatures suisses pour figurer sur la liste du patrimoine immatériel / Le Journal du matin / 2 min. / le 7 juin 2016

jvia

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