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Aldo Ferrari: "Manifester, c'est aussi exprimer son existence"

Aldo Ferrari, vice-président d'Unia. [RTS]
Aldo Ferrari, vice-président du syndicat UNIA / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 31 mai 2016
Mis en avant lors des conflits sociaux en France, les syndicats jouent de longue date un rôle de contrepoids dans la société. Pour Aldo Ferrari, vice-président d'UNIA, ce travail va continuer et évoluer à l'avenir.

Avec la mondialisation, la numérisation du monde et la digitalisation, la société évolue rapidement, et les syndicats doivent de plus en plus se positionner différemment pour exister.

Leur rôle doit désormais évoluer, même si leur première tâche restera la même: représenter les salariés et cette partie de la société qui met la force du travail à disposition pour que la société fonctionne et afin qu'il existe un contrepoids valable", explique Aldo Ferrari mardi dans le Journal du matin de la RTS.

Répondre à une société qui s'individualise

Pour le vice-président d'UNIA, les syndicats devront toujours plus répondre aux craintes de la population dans les années à venir et accompagner les réflexes de peur. Et de citer l'idée d'augmenter l'âge de la retraite pour répondre au vieillissement ou le fait que la digitalisation remplace toujours davantage les places de travail. Le principal argument reste que, quelle que soit la société, il faudra toujours défendre des salariés qui travaillent de leurs mains.

Le syndicalisme de Facebook et Twitter sera une réalité demain

Aldo Ferrari

Mais à ses yeux, les syndicats devront aussi s'adapter à une société qui s'individualise et qui demandera d'autres types de réunion et moins de services directs. Aldo Ferrari évoque à ce sujet un possible syndicalisme des réseaux sociaux avec des organisations de manifestation ou la tenue d'assemblée sur Facebook.

Un dialogue social qui s'étiole

Au final, si les syndicats prendront aussi place dans le numérique, le défi restera de défendre les plus faibles et les salariés de la classe moyenne, même s'il faut en passer par la rue. "Manifester, c'est aussi exprimer son existence", juge Aldo Ferrari, notamment quand le pouvoir en place peine à écouter les arguments.

Pour le syndicaliste, les autorités peinent aujourd'hui à se montrer attentives, comme cela a été le cas par le passé, avec de nombreux succès à la clé, dans l'horlogerie ou la construction. Et de citer Johann Schneider-Ammann, qui appelle au dialogue, mais qui ne donne concrètement aucun signal allant dans ce sens, par exemple dans le domaine de la libre circulation.

Le modèle social suisse est en danger, remis en cause par certaines personnes, et on doit veiller à cela

Aldo Ferrari

Aldo Ferrari regrette enfin que le partenariat social s'étiole peu à peu en Suisse, notamment parce que de nombreux représentants du patronat préfèrent s'allier avec une droite dure plutôt que de se tourner vers le dialogue social. Or, juge-t-il, pour éviter les guerres et les conflits sociaux, une redistribution des richesses est une nécessité et il faudrait aujourd'hui en premier lieu repenser cette redistribution.

boi

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