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"J'ai perdu un million de francs en jouant au Tactilo"

Les accros aux machines de la loterie romande peuvent perdre des milliers de francs en quelques heures
Les accros aux machines de la loterie romande peuvent perdre des milliers de francs en quelques heures / 19h30 / 3 min. / le 22 avril 2016
Alors qu'une nouvelle loi sur les jeux d'argent est en élaboration au Parlement, le 19h30 a rencontré un joueur qui a perdu un million de francs sur les machines de la Loterie romande. Les milieux de la prévention réclament plus de contrôles.

"Ce jeu est un virus, dès le moment où on commence à jouer c'est très dangereux, on ne peut pas s'arrêter", explique cet accroc au "Tactilo", ces machines de la Loterie romande qu'on trouve dans des centaines de bistrots en Suisse romande.

L'homme confie au 19h30 avoir mis personnellement "un million" dans ces machines, alors même qu'il avait besoin d'argent pour payer ses factures et faire ses courses.

En Suisse, les jeux d'argent génèrent un revenu d'utilité publique de plus de 900 millions par an, mais les ravages de l'addiction à ces jeux sont estimés à quelque 600 millions de francs.

Les plus faibles génèrent 40% des recettes

Selon le Groupement romand d'étude des addictions (GREA), si le nombre de joueurs problématiques est faible, de 1 à 2% de la population, ils perdent énormément d'argent et génèrent à eux seuls près de 40% des revenus des jeux en moyenne.

Près de la moitié des revenus du jeu, on les prend dans la poche de gens qui ont de graves problèmes de santé, des problèmes sociaux et financiers, ça pose une question éthique.

Jean-Félix Savary, Groupement romand d'étude des addictions

Sur tous les joueurs prenant contact avec une offre d'aide, la moitié serait concernée par une addiction à ces loteries électroniques, l'autre moitié par les casinos, explique Jean-Félix Savary du GREA, au 19h30.

Même si la nouvelle loi sur les jeux d'argent prévoit de reconnaître l'addiction comme une maladie, les milieux de la prévention déplorent le fait que celle-ci a été amoindrie, notamment en ce qui concerne les mesures de prévention.

Pas de Commission fédérale de prévention

Vendredi, la commission des affaires juridiques du Conseil des Etats a en effet refusé d'aller plus loin que ce que propose le Conseil fédéral.

Par 9 voix contre 3, elle a refusé d'introduire une taxe pour la lutte contre la dépendance au jeu, et, par 7 voix contre 3, de créer une Commission fédérale pour les questions liées au jeu excessif.

Nous formons nos détaillants à détecter les joueurs addictifs et à faire en sorte qu'ils cessent de jouer et se dirigent vers des organismes de soutien que nous contribuons à financer.

Jean-Luc Moner-Banet, Directeur de la Loterie romande

De son côté, la Loterie romande relativise, affirmant mener continuellement des études scientifiques pour évaluer la proportion de la population dite à risque.

Le problème: si les patrons des bistrots se privent de certains joueurs, ils perdent une partie de la commission qu'ils touchent proportionnellement aux ventes réalisées sur les automates. Un montant qui atteindrait en moyenne 2000 francs par mois.

>> Les précisions de Linda Bourget :

Accros aux Tactilos: les explications de Linda Bourget, à Berne
Accros aux Tactilos: les explications de Linda Bourget, à Berne / 19h30 / 1 min. / le 22 avril 2016

Linda Bourget/sbad

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Les gains de jeux d'argent ne seront pas tous exonérés

La nouvelle loi sur les jeux d'argent doit remplacer celles régissant les casinos et les loteries et permettre l'application de l'article constitutionnel, qui cimente les compétences cantonales et fédérales.

Le Conseil fédéral voulait en profiter pour exonérer les gains des loteries et des paris professionnels au même titre que le sont actuellement ceux provenant de jeux de casino. Cette décision, approuvée par les cantons, entraînerait un manque à gagner de 120 millions de francs par an.

La commission des affaires juridiques ne souhaite pas aller aussi loin. Les gains faits dans les casinos devraient continuer d'être exonérés. Mais pour les autres, la commission propose, par 10 voix contre 2, de les imposer s'ils dépassent le million, a-t-elle communiqué vendredi.

Elle entend en outre faire une fleur aux petites maisons de jeu titulaire d'une concession de type B, qui devrait être soumis à une imposition encore plus basse.

E-casinos autorisés

Plusieurs autres volets du projet sur les jeux d'argent ont été acceptés par la commission vendredi.

Les casinos qui veulent mettre à disposition de leurs clients des jeux en ligne devraient pouvoir le faire en demandant l'extension de leur concession. Quant aux tournois de poker avec de petites mises et de petits gains, ils seraient autorisés en dehors des maisons de jeu.