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Les portraits-robots via l'ADN pourraient débloquer des enquêtes non résolues

Rupperswil cherche tueur
Rupperswil cherche tueur / Mise au point / 12 min. / le 28 février 2016
Alors que les enquêtes sur le quadruple meurtre de Rupperswil (AG) et le viol d'Emmen (LU) piétinent, des élus demandent la mise en place de bases légales pour dresser le portrait-robot génétique des agresseurs. Ceux-ci restent pour l'heure interdits en Suisse.

Il est désormais possible de dresser le portrait-robot d'un individu recherché en recourant aux traces d'ADN retrouvées sur le lieu d'un crime.

Même si elle ne s'appuie que sur des probabilités, cette technique offre une idée sur la couleur des yeux, des cheveux et de la peau, ainsi que sur les origines continentales (européennes, asiatiques, nord-africaines, etc) de la personne.

Toutefois, cette méthode reste interdite en Suisse.

Demande de bases légales

La loi sur les profils ADN autorise uniquement d'utiliser la génétique pour déterminer le sexe. Il est aussi possible de faire des comparaisons d'ADN, ce qui a été fait à grande échelle en décembre dernier pour l'affaire d'Emmen (LU).

>> Lire : Aucun résultat pour le test ADN à grande échelle après le viol d'Emmen

Face au piétinement dans les enquêtes d'Emmen et de Rupperswil (voir encadré), le conseiller national Albert Vitali (PLR/LU) a déposé en décembre une motion demandant au Conseil fédéral d'autoriser "l'analyse des séquences codantes qui permettent d'identifier des caractéristiques personnelles" pour poursuivre "les auteurs d'actes de violence grave". Le député est notamment appuyé par son collègue Bernard Guhl (PBD/AG). Le Conseil fédéral soutient la motion.

Il s'agit d'un rebondissement, puisqu'en 2000, le Conseil fédéral avait proposé d'autoriser l'examen de ces séquences, mais le Parlement avait refusé, craignant des dérives.

Pour le chef de la police judiciaire neuchâteloise Olivier Guéniat, la loi doit s'adapter aux nouvelles technologies:

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L'interview d'Olivier Guéniat / L'actu en vidéo / 26 sec. / le 26 février 2016

Autorisé dans d'autres pays européens

La France, l'Espagne ou encore les Pays-Bas ont légalisé cette pratique. En France, la Cour de cassation a levé l'interdiction en juin 2014, en s'appuyant sur le code de procédure pénale qui indique que "le juge d'instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes d'information qu'il juge utiles à la manifestation de la vérité".

Jusque là, seule était autorisée la comparaison entre ADN enregistrés dans le Fichier national des empreintes génétiques (où seuls des segments non exploitables de l'ADN figurent). Les segments informatifs sur l’apparence ne pouvaient être analysés qu'à des fins scientifique et médicale, avec le consentement du concerné.

De nouveaux marqueurs recherchés

Les scientifiques travaillent déjà sur de nouveaux marqueurs: écartement des pupilles, largeur de la mâchoire, volume de la boîte crânienne, pilosité intersourcilière, fossette au menton ou encore décollement des oreilles, indique Le Monde. Selon le journal, il existera à terme une "photographie génétique".

A l’Université de Pennsylvanie, une équipe est parvenue en 2013, en croisant des analyses de segments avec un logiciel, à sortir une image 3D d'un visage.

>> Retrouvez le reportage intégral dans l'émission Mise au point dimanche

Caroline Briner avec Olivier Tornay

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Les affaires non élucidées

- le quadruple meurtre de Rupperswil (AG), 21 décembre 2015: un incendie frappe une maison. A l'intérieur, les pompiers retrouvent les corps ligotés d'une mère, de ses deux fils de 13 et 19 ans et d'une amie de ce dernier, âgée de 21 ans. L'un d'eux avait retiré plus de 10'000 francs d'une banque le matin du crime. La police cantonale propose une récompense de 100'000 francs pour toute personne qui permettra de démasquer le ou les tueurs. >> Une récompense pour élucider l'affaire de Rupperswil

- le viol d'Emmen (LU), 21 juillet 2015: Tard en soirée, une jeune femme fait route à vélo sur un chemin à proximité d'un bois. Un inconnu l'arrache de son cycle, la blesse grièvement puis la viole. La malheureuse, paralysée depuis les faits, n'a pu être interrogée qu'en octobre. Le Ministère public lucernois promet une récompense allant jusqu'à 10'000 francs à toute personne qui fournira des informations sur cet homme. >> Une récompense pour trouver le violeur