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Les bus low-cost débarquent en Suisse malgré l'interdiction

Les cars low-cost défient toute concurrence en Suisse avec la libéralisation des bus en Europe
Les cars low-cost défient toute concurrence en Suisse avec la libéralisation des bus en Europe / 19h30 / 2 min. / le 2 octobre 2015
En Suisse, les bus n'ont pas le droit de concurrencer le train entre les villes. A bord d'un bus low-cost à destination de Lyon, la RTS a pourtant pu faire sans problème le trajet Bâle-Genève, pour 9 francs.

Depuis mi-septembre, Meinfernbus/Flixbus dessert quotidiennement Genève en direction de Paris, Lyon et Francfort ainsi que Lausanne en direction de Lyon et Francfort.

Après son succès en Allemagne, la compagnie de bus low-cost commence à envahir la Suisse avec des prix d'appel très bas. Le trajet entre Genève et Paris se trouve par exemple à partir de 9 francs.

La ligne Lyon-Francfort traverse la Suisse avec des arrêts à Bâle, Berne, Lausanne et Genève. Or, la loi fédérale interdit aux compagnies de bus privées d'exploiter des lignes entre les villes suisses, car les CFF jouissent d'un monopole.

La RTS a donc vérifié si la compagnie allemande respecte bien la loi. Il est effectivement impossible d'acheter un billet entre Bâle et l'une des autres villes suisses sur le chemin.

Aucun contrôle

Nous avons donc acheté un billet Bâle-Lyon, vendu actuellement 9 francs sur internet. A aucun moment du voyage qui a duré 3h30, nous avons été informé de l'interdiction de descendre en Suisse. Le chauffeur ne procède d'ailleurs à aucun contrôle.

Malgré la loi, nous avons donc pu descendre à Genève, avant le terme du voyage. Le voyage a duré 45 minutes de plus qu'en train, mais a coûté 36 francs de moins que le billet dégriffé le moins cher des CFF sur cette ligne, soit 45 francs.

Les caristes suisses, qui aimeraient pouvoir offrir des lignes intérieures, sont inquiets. Guido Ambühl, directeur d'Eurobus SA, parle d'une concurrence à armes inégales.

Jusqu'à 100'000 francs d'amende

A la suite de l'enquête de la RTS, l'Office fédéral des transports (OFT) va examiner le cas et pourrait exiger que Meinfernbus/Flixbus prenne des mesures comme une meilleure information des passagers ou la retenue des bagages en soute.

A partir du 1er janvier, des sanctions jusqu'à 100'000 francs sont par ailleurs possible. Mais l'OFT ne prévoit pas une augmentation des contrôles, car ces lignes de bus ne poseraient pas de gros problèmes, selon sa porte-parole.

En Suisse, Meinfernbus/Flixbus exploite plusieurs lignes depuis Bâle, Zurich et Saint-Gall vers l'Allemagne et bientôt Paris. Elle traverse notamment la Suisse sur la ligne Francfort-Lyon, via Bâle -Berne-Lausanne-Genève, sur la ligne Munich-Milan, via Coire et Bellinzone, ainsi qu'entre Francfort et Milan, via Zurich, Bellinzone et Lugano.

Jean-Marc Heuberger

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Succès en Allemagne

Depuis la libéralisation du marché des bus en 2013 en Allemagne, le nombre de voyageurs utilisant ce moyen de transport a beaucoup augmenté.

Les bus intercity devraient transporter cette année quelque 25 millions de personnes en Allemagne, un plus de 7 millions de passagers, annonce l'agence dpa. Les compagnies Meinfernbus et Flixbus, qui ont fusionné en début d'année, détiennent les deux tiers du marché.

La compagnie, qui ne divulgue pas ses résultats financiers, ne possède pas de bus, mais collabore avec des sociétés sous-traitantes. Selon certains experts, c'est ainsi qu'elle ferait pression sur les prix.

L'une des autres clés de son succès serait sa billetterie sur Internet et de gros efforts de marketing, à l'image des compagnies aériennes low-cost.

Quelques tweets du voyage de notre journaliste

Bâle Lyon avec @Meinfernbus 9 euros en 6h15 (sans retard) = Prix de lancement Avec #CFF 86 euros en 3h22 #buslowcost pic.twitter.com/9deiDPLLoC

— Jean-Marc Heuberger (@HeubergerJean) September 28, 2015

Place pour les pieds Siège confortable Mais les toilettes! Une horreur Étroites, sales et porte cassée #buslowcost pic.twitter.com/5p3PqCJ4fW

— Jean-Marc Heuberger (@HeubergerJean) September 28, 2015

Périple terminé: J'ai pu faire Bâle Genève pour 9 euros et contourner l'interdiction de cabotage en CH #buslowcost pic.twitter.com/AH4t7P49k0

— Jean-Marc Heuberger (@HeubergerJean) September 28, 2015