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Ecopop veut limiter l'immigration et préserver les ressources naturelles

Le Conseil fédéral rejette l'initiative de l'association Ecopop. [Keystone - Marcel Bieri]
Le Conseil fédéral rejette l'initiative de l'association Ecopop. - [Keystone - Marcel Bieri]
Les Suisses se prononcent le 30 novembre sur l'initiative "Halte à la surpopulation - Oui à la préservation durable des ressources naturelles" qui veut limiter l'immigration.

Neuf mois après l'acceptation de l'initiative UDC contre l'immigration de masse le 9 février, les Suisses devront à nouveau se prononcer le 30 novembre sur le même sujet avec l'initiative de l'association Ecologie et population (Ecopop), qui veut réduire la venue d'étrangers en Suisse.

Officiellement intitulée "Halte à la surpopulation - Oui à la préservation durable des ressources naturelles", le texte veut limiter à 0,2% la croissance annuelle de la population issue de l'immigration sur une moyenne de trois ans, soit environ 17'000 personnes par année, contre 87'000 maintenant.

L'initiative demande également que 10% des fonds de l'aide au développement (environ 150 millions de francs par an), servent à contrôler les naissances dans les pays pauvres.

Pour: éviter que la Suisse deviennent une mégapole

Les partisans de l'initiative Ecopop craignent que la population ne finisse par dépasser les ressources du pays. Ils décrivent une Suisse mégapole, avec une nature bétonnée, des problèmes de trafic, des hausses de loyers, etc.

Selon eux, la taille maximale du pays est de 9 millions d'habitants. Ils prévoient qu'au rythme actuel, la population suisse pourrait atteindre 12 millions en 2050.

Contre: de trop grands risques pour l'économie

Les opposants au texte avancent d'abord des raisons économiques. La marge de manoeuvre des entreprises serait nettement réduite, puisqu'elles ne pourraient plus recruter hors des frontières en cas de boom économique, s'inquiètent-ils. De même, les syndicats craignent un dumping salarial, puisque les employeurs pourraient être tentés d'employer des résidents de courte durée ou des frontaliers, avec une forte pression sur les conditions de travail.

Pour ses opposants, l'initiative ne résout aucun problème environnemental. Malgré son titre qui évoque la préservation des ressources naturelles, elle ne propose aucune solution pour lutter contre la consommation excessive d'eau, de sol ou d'énergie par personne.

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Partisans de l'initiative

Les partisans recrutent bien au-delà des rangs de l'association Ecologie et population. Ainsi, si l'UDC ne soutient officiellement pas le texte, l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) appelle largement à voter "oui".

Parmi les défenseurs se trouvent également des personnalités venues d'horizons aussi différents que l'ex-directeur de l'Office fédéral de l'environnement Philippe Roch (PDC), l'entrepreneur et politicien schaffhousois Thomas Minder et la pasionaria de la lutte pour la libéralisation de l'avortement, la socialiste Anne-Marie Rey.

Opposants à l'initiative

Sur le fond, le Conseil fédéral, les partis et les entrepreneurs s'alarment des risques pour l'économie. Les syndicats également craignent une dumping salarial.

Tous les partis appellent d'ailleurs à rejeter le texte.

Sous couvert d'écologie, l'initiative considère que les personnes sont un problème. Dans ce sens, elle est "xénophobe", a même déclaré la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Quant à l'idée d'affecter un dixième de l'aide au développement à la contraception dans les pays pauvres, elle donne de l'urticaire à nombre de milieux au vu des relents de politique colonialiste.

Débat sur la validité de l'initiative

La double requête - limitation de l'immigration et répartition du fonds d'aide au développement - a failli coûter cher au comité d'initiative.

Le Parlement a caressé un moment l'idée d'invalider le texte en raison de l'absence d'unité de matière.

Mais cette échappatoire a été finalement exclue de crainte d'un retour de balancier.