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Près de 200 personnes ont défilé en mémoire de la jeune Marie

Marche blanche en mémoire de la jeune Marie
Marche blanche en mémoire de la jeune Marie / L'actu en vidéo / 48 sec. / le 15 mai 2013
Une marche blanche a réuni près de 200 personnes mercredi soir, venues rendre hommage à la jeune Marie, dont le meurtre par un prédateur sexuel récidiviste soulève de nombreuses questions.

Une marche blanche en mémoire de Marie, enlevée lundi puis tuée par un prédateur sexuel récidiviste, a réuni près de 200 personnes mercredi soir à Payerne (VD). Le cortège est parti du centre-ville jusqu'au golf ou la jeune femme de 19 ans a été enlevée lundi avant d'être assassinée.

Pratiquement tous vêtus de t-shirts blancs, les participants, dont des mères solidaires de la Broye, sont montés en silence jusqu'au restaurant du golf. Parmi eux figuraient des gens de la région et d'ailleurs, des cousins et amis de la victime. Arrivés au golf, ils ont déposé quelques bougies avant de se recueillir.

De nombreuses questions ouvertes

La mort de Marie, dont le corps a été retrouvé mercredi à Châtonnaye (FR) (Lire: le suspect a conduit les enquêteurs au corps de Marie), suscite une très vive émotion et pose de nombreuses questions sur la procédure qui a permis à "un prédateur sexuel d'être dans la nature", selon les termes de la conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro.

Mercredi après-midi, sa collègue Béatrice Métraux, cheffe du Département vaudois de l'intérieur, a tenu une conférence de presse. A ses côtés, le président du Tribunal cantonal vaudois Jean-François Meylan représentait la justice vaudoise.

Le président du tribunal cantonal Jean-Francois Meylan avec la conseillère d'Etat Béatrice Métraux. [Christian Brun]
Le président du tribunal cantonal Jean-Francois Meylan avec la conseillère d'Etat Béatrice Métraux. [Christian Brun]

"Une mesure pas adéquate"

Questionné sur l'effet suspensif accordé le 14 janvier 2013 au tueur présumé, qui devait se voir retirer le droit aux arrêts domiciliaires sur décision de l'office d'exécution des peines, Jean-François Meylan a reconnu une "décision pas adéquate".

"Les juges ne sont pas infaillibles. A tous les stades de la procédure, les autorités doivent effectuer un examen du risque, peser le pour et les contre. Il s'agit d'un pronostic, une évaluation difficile entre la liberté personnelle et la sécurité publique", a expliqué le président du Tribunal cantonal.

Jean-François Meylan a en outre annoncé l'ouverture d'une enquête administrative pour évaluer dans quelle situation la décision de janvier 2013 a été prise. Le rapport, oeuvre d'un "expert indépendant qui n'a pas encore été désigné", sera "traité en priorité" et disponible avant les vacances d'été.

Une décision devait tomber jeudi

Le tueur avait purgé les deux tiers de sa peine, et pouvait de fait légalement demander un élargissement de son traitement. Il était suivi par un psychiatre, mais aucune mesure n'était envisagée. Un rapport psychiatrique, commandé en février, était "plutôt favorable au détenu" et a sans doute influencé la décision du 26 mars de convertir la peine en arrêts domiciliaires.

L'homme, arrêté dès mardi après une course-poursuite durant laquelle des coups de feu ont été tirés, aurait dû être entendu ce jeudi 16 mai, pour connaître la décision définitive de l'exécution des peines.

- Les réactions du juge Jean-François Meylan et de Jacqueline de Quattro -

La ministre vaudoise en charge de la police a fait part dans l'émission Forum de "l'incompréhension du Conseil d'Etat". Elle attend des "explications de la part des autorités judiciaires"  et estime que "le système législatif est devenu trop favorable aux délinquants".

Jacqueline de Quattro et Béatrice Métraux ce mercredi matin à Lausanne. [Martial Trezzini]Martial Trezzini
Meurtre de Marie: une enquête administrative a été ordonnée / Forum / 19 min. / le 15 mai 2013

ats/asch

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Chronologie de l'affaire

15 janvier 1998: le futur meurtrier de Marie est arrêté pour l'assassinat, le viol et la séquestration de son ex-compagne. Il sera condamné à 20 ans de prison.

10 mai 2011: aux deux tiers de la peine, la libération conditionnelle est refusée au détenu.

16 août 2012: la justice refuse à nouveau au détenu sa libération conditionnelle. Par contre, l'Office d'exécution des peines (OEP) l'autorise à poursuivre l'exécution de sa peine sous la forme d'arrêts domiciliaires, pour autant qu'il respecte 20 conditions, dont un suivi thérapeutique.

23 novembre 2012: la Fondation vaudoise de probation informe l'OEP de l'existence d'un blog tenu par le détenu au contenu pornographique . De plus, l'homme aurait proféré des menaces de mort à l'encontre de deux collègues de travail. Il est réincarcéré.

18 janvier 2013: statuant sur un recours de l'avocat du détenu, le Juge d'application des peines accorde l'effet suspensif à celui-ci, à condition qu'il trouve une nouvelle activité professionnelle.

22 janvier 2013: en raison de la décision du Juge d'application des peines, l'OEP doit ordonner la sortie de prison du meurtrier présumé de Marie. Celui-ci a trouvé du travail et purge à nouveau sa peine sous la forme d'arrêts domiciliaires.

1er février 2013: dans le cadre du recours, l'OEP se prononce en faveur du rejet et propose de remettre le détenu sous les verrous.

18 février 2013: un rapport d'expertise requis en novembre par l'OEP considère que le détenu a une "personnalité dyssociale avec des traits psychopatiques". Selon les experts, le risque de récidive est toutefois "faible".

11 et 12 mars 2013: la commission de dangerosité ne partage pas les conclusions de l'expert. Elle insiste sur la nécessité de maintenir un contrôle effectif et durable de l'accusé, compte tenu de sa dangerosité.

26 mars 2013: le juge d'application des peines statue sur le recours en faveur du détenu et annule la décision de novembre 2012. Il renvoie le dossier à l'OEP pour complément.

8 mai 2013: l'OEP a mené son instruction et une première séance a lieu, en présence du détenu et de son avocat. La deuxième était agendée au 16 mai 2013.

13 mai 2013: la jeune Marie est enlevée près de Payerne et retrouvée morte le 15 mai.

Seul détenu en arrêts domiciliaires

Le tueur de Marie était le seul détenu du canton de Vaud à bénéficier d'arrêts domiciliaires et à porter un bracelet électronique. Celui-ci ne contenait pas de puce GPS, et n'a pas permis de le retrouver par ce biais.

Seule une alarme s'est déclenchée lorsque le détenu ne se trouvait pas à l'heure et au lieu demandé. L'homme était dans le cadre de ses horaires et devait rentrer du travail lorsqu'il a enlevé Marie, a expliqué mercredi la cheffe du Service pénitentiaire.