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L'avortement devrait continuer à être remboursé selon le National

Bersetalain [PETER SCHNEIDER]
Alain Berset lors du débat du National sur l'avortement, ce mercredi 127 avril 2013. - [PETER SCHNEIDER]
La majorité du Conseil national a décidé mercredi d'appeler au rejet de l'initiative voulant supprimer le remboursement des avortements par l'assurance maladie de base.

L'assurance maladie de base doit continuer de prendre en charge les interruptions volontaires de grossesse (IVG). Par 130 voix contre 29 et 19 abstentions, le National a appelé mercredi au rejet de l'initiative "financer l'avortement est une affaire privée" lancée par les milieux opposés aux IVG. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

L'initiative vise à ce que l'intervention soit biffée du catalogue des prestations remboursées par l'assurance maladie de base. Seules "de rares exceptions concernant la mère" seraient tolérées.

Selon les initiants, il s'agirait notamment des cas de viols ou lorsque la vie de la femme enceinte est en danger. Mais cette interprétation a été contestée. Encore faudrait-il, qu'en cas d'agression sexuelle, la victime ait déjà eu le courage de porter plainte, a ainsi objecté Yvonne Gilli (Verts/SG).

Des partisans de l'initiative comme Yvette Estermann (UDC/LU), sont revenus à la charge avec des arguments comme la taille du foetus lors de l'opération, la dépression des femmes ayant subi un avortement ou le droit des médecins à ne pas pratiquer des IVG.

Le spectre des faiseuses d'ange

Même au sein de l'UDC, plusieurs voix notamment romandes comme celle de la Genevoise Céline Amaudruz se sont élevées contre l'initiative. Une posture adoptée par certains PDC, opposés eux à l'avortement, mais qui ont affirmé que le débat était mal posé. Une poignée de démocrates-chrétiens a néanmoins soutenu le texte.

On veut s'attaquer aux IVG par le porte-monnaie, a dénoncé Isabelle Moret (PLR/VD), qui s'est inquiétée du retour aux faiseuses d'anges. Tout comme le ministre de la santé Alain Berset, plusieurs orateurs ont souligné que l'initiative s'en prenait directement aux femmes, qui doivent déjà porter la lourde responsabilité d'un choix douloureux et définitif.

Selon Yvonne Gilli, l'initiative rate sa cible. L'Autriche, qui ne rembourse pas les IVG, connaît un taux d'avortement trois fois plus élevé qu'en Suisse. Avec la dépénalisation, le nombre des interventions a reculé de 12'500 en 2001 à 11'000 dès 2003.

Le taux d'avortement a notamment baissé chez les adolescentes. On est passé de 6 IVG pour 1000 femmes entre 15 et 19 ans en 2005 à 5 pour 1000 en 2011, a précisé Alain Berset.

ats/pym  

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