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Daniel Vasella renonce à sa clause de non-concurrence de 72 millions

Daniel Vasella. [Georgios Kefalas]
Daniel Vasella avait confirmé vendredi qu'il recevra 72 millions de francs pour son départ de Novartis. - [Georgios Kefalas]
Le président démissionnaire de Novartis, Daniel Vasella, renonce à sa clause de non-concurrence qui se montait à 72 millions de francs, a indiqué mardi le groupe pharmaceutique bâlois.

Le président sortant du géant pharmaceutique bâlois Novartis, Daniel Vasella, renonce à sa clause de non-concurrence. L'accord, qui a suscité une profonde vague de colère tant des milieux économiques que politiques, prévoyait une indemnité de 72 millions de francs.

Accord annulé

Novartis et Daniel Vasella ont trouvé un terrain d'entente pour annuler l'accord, a indiqué mardi le groupe. Le président de Novartis devait toucher durant six ans au maximum 12 millions de francs par année à titre de dédommagement. Il ne devait toutefois percevoir l'entier de la somme que s'il renonçait à passer à la concurrence.

Daniel Vasella, 59 ans, avait affirmé vendredi qu'il ne conservait pas cet argent, mais le consacrerait tout ou partie à des dons. Le 23 janvier, Novartis a annoncé que Daniel Vasella ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de président à l'assemblée générale des actionnaires agendée vendredi.

"Nous continuons de croire en une clause de non-concurrence, nous pensons toutefois que la décision d'annuler l'accord est dans l'intérêt des actionnaires et des parties prenantes de l'entreprise", indique le vice-président de Novartis Ulrich Lehner, cité dans le communiqué.

Colère et stupéfaction

L'annonce de cet accord a suscité colère et stupéfaction à deux semaines du vote sur l'initiative Minder contre les rémunérations abusives. Actares et Ethos avaient d'ores et déjà annoncé qu'ils refuseraient d'accorder la décharge lors de l'assemblée générale de vendredi.

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga avait jugé pour sa part cette indemnité très nuisible pour la cohésion sociale. Cette "mentalité de self-service" ébranle la confiance dans toute l'économie, estimait-elle.

L'onde de choc s'est également répandue dans les milieux économiques et de droite. A l'instar de la ministre de la justice, le conseiller fédéral libéral-radical Johann Schneider-Ammann est très critique. Le président d'economiesuisse Rudolf Wehrli s'était pour sa part dit révolté. "De tels indemnités et salaires constituent une véritable provocation, même pour les opposants à l'initiative Minder", selon lui.

ats/aduc

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Succession de Daniel Vasella

Son successeur désigné est l'Allemand Jörg Reinhardt (56 ans), entré en 1982 chez Sandoz avant d'occuper des postes à responsabilité croissante au sein de Novartis.

Décision saluée par la Fondation Ethos

La Fondation Ethos salue l'annulation du contrat de non-concurrence de Daniel Vasella. Selon elle, il s'agit de la seule chose raisonnable que pouvait faire le conseil d'administration de Novartis. Dans ces conditions, Ethos accordera vendredi la décharge au conseil d'administration lors de l'assemblée générale du géant pharmaceutique bâlois, a-t-elle indiqué mardi.

Actares maintient en revanche sa position, l'actionnariat pour une économie durable se disant exaspéré par la manière de procéder de Novartis.

"La pression de la rue"

Daniel Vasella n'a cédé à aucune pression des milieux politiques ou économiques, selon le président du PDC Christophe Darbellay. "Il n'en a en tous cas pas subi de ma part, ni de personne si ce n'est celle de la rue", a-t-il dit après l'annulation de l'accord.

Un avis partagé par Thomas Minder pour lequel "la pression publique est devenue trop forte, a déclaré l'auteur de l'initiative contre les salaires abusifs. Pour ce dernier toutefois, pas surpris par la décision de Daniel Vasella, on ne peut d'ailleurs pas renoncer à quelque chose auquel on n'a pas droit.

En revanche, le président du Parti socialiste (PS) Christian Levrat a estimé mardi que Daniel Vasella a clairement cédé à la forte pression exercée par economiesuisse. De plus, il est d'avis que ce renoncement ne change pas la donne en vue de la votation fédérale du 3 mars sur l'initiative de Thomas Minder, car le peuple serait déjà convaincu depuis longtemps de la nécessité de changer le système en place.