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L'initiative contre la surpopulation a été déposée à Berne

Les initiants du texte devant la chancellerie, à Berne, vendredi 2 novembre 2012.
Les initiants du texte devant la chancellerie, à Berne, vendredi 2 novembre 2012.
Le groupe écologiste Ecopop a déposé vendredi devant les autorités son initiative visant à limiter l'immigration afin de protéger l'environnement. Les organisations économiques font déjà front contre le texte.

L'initiative populaire "Halte à la surpopulation - oui à la préservation durable des ressources naturelles" a été déposée vendredi à la Chancellerie fédérale à Berne. L'association écologique Ecologie et Population (Ecopop), basée en Suisse alémanique, a réuni environ 120'000 signatures, dont quelque 25'000 en Suisse romande.

Les initiants estiment que la forte croissance de la population en Suisse nuit à l'environnement et réduit la qualité de vie. Avec ce texte, ils veulent contribuer à réduire la pression démographique, au niveau national comme au niveau international.

Une des plus fortes densités de population

Avec 480 habitants/km2 pour le "Mittelland","la Suisse a actuellement l'une des plus grande densités de population de la terre", explique le Secrétaire général du groupe écologiste, Andreas Thommen. Ce dernier ajoute que "si l'on estime que les migrants vont atteindre le niveau [de vie] moyen des Suisses, ce développement n'est pas du tout durable à la longue".

C'est pour cette raison que l'initiative cible les migrants, dont la part a rapidement augmenté en Suisse ces dernières années. L'objectif du texte est de limiter à 0,2% par an, sur une moyenne de trois ans, la part de l'accroissement de la population suisse attribuable au solde migratoire. Pour autant, Ecopop se dit "contre la xénophobie et le racisme".

Encourager la planification familiale

L'initiative veut en outre que la Confédération encourage davantage la planification familiale volontaire dans les pays en développement, et prévoit que les traités internationaux contrevenant aux objectifs visés seront modifiés dès que possible, mais au plus tard dans un délai de quatre ans.

Les initiants sont prêts à "sacrifier les accords bilatéraux avec l'Union européenne (UE) et à imposer des prescriptions absurdes à la coopération internationale au développement", ont d'ores et déjà réagi dans un communiqué commun Economiesuisse, l'Union suisse des arts et métiers et l'Union patronale suisse.

agences/ptur

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Une initiative qui pourrait semer la confusion au sein des partis

Le politologue genevois Pascal Sciarini estime que, s'il est évident que les partis du centre-droit vont s'opposer à l'initiative, n'étant pas des "fervents partisans" de la limitation de l'immigration ni de l'écologie, il est plus difficile de savoir ce que vont décider les autres partis.

Pour les Verts, cette initiative est "un peu une épine dans le pied", considère Pascal Sciarini. Ils ont des raisons évidentes de soutenir l'initiative, mais aussi de "fortes raisons de s'y opposer", car le parti des Verts se présente comme celui de l'ouverture, explique le politologue.

Quant à l'Union démocratique du centre (UDC), qui a mis sur pied une autre initiative pour dire "Stop à l'immigration de masse!", elle serait tentée de soutenir Ecopop bien qu'elle ne se préoccupe pas de l'environnement, relève l'expert.

Démographes sceptiques

Pour le démographe suisse Etienne Piguet, "il ne faut pas avoir de tabou par rapport au fait que la Suisse a connu une immigration extraordinairement forte au cours des années récentes et que la Suisse connaît en partie les problèmes qui sont évoqués [par Ecopop]: engorgement, problème écologique...".

Mais, explique-t-il, "là où les choses ne sont pas satisfaisantes c'est quand on met directement en liaison l'effectif de la population [migrante] avec les problèmes qui sont évoqués". Le démographe relève qu'il existe des zones dans le monde avec des densités de population extrêmement élevées, qui ont un bilan écologique et humain assez positif, citant les villes de Singapour et Hong-Kong, et fait remarquer, à l'inverse, que des villes à faible densité aux Etats-Unis ont un bilan écologique négatif.

Pour un autre démographe suisse, Philippe Wanner, la Suisse a besoin des migrants, notamment qualifiés, pour soutenir son marché du travail, car sa croissance démographique est presque nulle. "Faute de migrants, explique-t-il, il faudrait relever l'âge de la retraite à 75 ans".

Forte population étrangère

La Suisse comptait fin août quelque 1,8 million d'étrangers (pour 8 millions d'habitants au total dans le pays), soit 3,0% de plus qu'en août 2011, selon les chiffres de l'Office fédéral des Migrations.