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Le principal responsable du gaspillage alimentaire est le consommateur

Gaspillage alimentaire dans les supermarchés: un tiers des aliments produits en Suisse finissent à la poubelle
Un tiers des aliments produits en Suisse finissent à la poubelle / 19h30 / 2 min. / le 16 juillet 2012
En Suisse, un tiers des aliments produits ne sont pas consommés et finissent dans les composts ou à la poubelle. Et le principal responsable est le consommateur, révèlent les deux premières études nationales sur le sujet.

Les principaux responsables du gaspillage alimentaire sont les consommateurs, qui jettent à eux seuls environ 46% des aliments mis à la poubelle en Suisse, selon deux études dont la RTS a pu se procurer les résultats en primeur (voir le graphique ci-contre).

Réalisées en parallèle, les études des chercheurs João Almeida (Université de Bâle) et Claudio Beretta (Ecole Polytechnique fédérale de Zurich) confirment les études déjà réalisées dans d’autres pays industriels et donnent des détails intéressants sur l’origine du phénomène.

La nourriture bon marché en Suisse

João Almeida explique ce gaspillage commis par les consommateurs par le fait qu'en Suisse, la nourriture ne coûte pas chère et qu'elle est disponible à souhait. "Les dépenses pour la nourriture représentent en moyenne 7% du budget des ménages en Suisse, soit à peu près la même proportion que les dépenses de divertissements", indique le chercheur.

Souvent montré du doigt, le commerce de détail s’en sort bien. Selon cette étude, les magasins d’alimentation ne provoquent directement que 4% de l'ensemble des pertes. Migros et Coop expliquent que la plus grande partie de leurs invendus sont transformés en biogaz, en nourriture pour animaux ou sont récupérés par les associations d'entraide alimentaire. Selon les deux géants de la distribution, seuls 1 à 3% des invendus finissent vraiment dans les usines d’incinération.

Deux autres secteurs sont montrés du doigt par les études de João Almeida et Claudio Beretta: l'industrie alimentaire, qui serait à l’origine de 27% du gaspillage, et l'agriculture, qui provoquerait elle 17% des pertes.

Jean-Marc Heuberger/boi

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Des conséquences écologiques et éthiques

Selon les chercheurs João Almeida et Claudio Beretta, jeter autant d’aliments a des conséquences sur l’environnement: 10% de l’empreinte écologique helvétique est due au gaspillage d’aliments.

Les conséquences éthiques sont également importantes. En produisant trop d’aliments, la Suisse contribue en effet à mettre la pression sur le prix des matières premières dans le monde entier et rend ainsi plus difficile l’accès à la nourriture dans les pays pauvres.

5500 tonnes de nourriture redistribuées

Les deux principales associations d’entraide alimentaire, Table Suisse et Petite table couvre-toi ont redistribué en 2011 quelque 5500 tonnes d'aliments à des personnes dans le besoin.

Les deux associations affirment toutefois que, si elles avaient plus de moyens, elles pourraient en récupérer beaucoup plus. Table Suisse estime à 25'000 tonnes, la quantité d'aliments qui pourraient ainsi être réutilisés chaque année en Suisse.

Pour João Almeida et Claudio Beretta, il serait possible de diminuer de moitié la quantité d’aliments jetés. Cela correspond à l’objectif que vient de se fixer l’Union européenne.

Pour sensibiliser le public et les producteurs, les chercheurs ont fondé l’association foodwaste.ch. 

Sur cette plateforme, ils recommandent notamment aux consommateurs d’acheter des produits de saison et d’origine régionale, car ils engendrent beaucoup moins de pertes.

Autres conseils: bien entreposer ses achats, ne pas acheter et cuisiner trop à la fois ou encore réutiliser ses restes de façon créative.