Devant la Conférence annuelle des ambassadeurs turcs, Micheline Calmy-Rey a réaffirmé la politique de la Suisse liée aux événements en Arménie. Elle a ainsi signalé les pétitions refusées la semaine dernière au Conseil national. Les textes demandaient la reconnaissance de génocides dont ceux perpétrés en 1915 contre les populations assyro-chaldéo-syriaques, arméniennes et grecques pontiques.
Si ces textes avaient été adoptés, la Suisse aurait dû demander à l'ONU et à la Turquie de reconnaître le génocide arménien. Le National a déjà reconnu en 2003 le génocide arménien de 1915 contre l'avis du Conseil fédéral.
La France est allée plus loin. L'Assemblée nationale a adopté jeudi une loi qui pénalise la négation du génocide arménien. Furieuse, Ankara a rappelé son ambassadeur de Paris, suspendu les visites bilatérales et annulé des exercices militaires conjoints.
Médiation suisse en discussion
La présidente de la Confédération, en Turquie jusqu'à mardi matin, a également été reçue par son homologue Abdullah Gül et le chef de la diplomatie Ahmed Davutoglu. En dehors de la polémique liée à la France, ils ont notamment discuté de la médiation suisse entre la Turquie et l'Arménie, qui avait abouti en 2009 à deux protocoles signés à Zurich par Ankara et Erevan et visant à normaliser leurs relations.
Le processus a été gelé au printemps 2010 par Erevan, le président arménien Serge Sarkissian accusant Ankara de poser des "conditions inacceptables" pour sa ratification. Les deux pays s'achoppent sur les événements de 1915-1917, qualifiés par les historiens de génocide, et que la Turquie refuse de voir qualifiés comme tels.
Le potentiel d'accroissement dans les relations économiques entre la Turquie et la Suisse, la situation en Syrie et la crise de l'euro ont aussi été abordés lors des deux rencontres avec MM. Gül et Davutoglu.
Cette visite officielle était la dernière de Mme Calmy-Rey avant de quitter le Conseil fédéral. Cette invitation lancée par M. Davutoglu à s'exprimer devant les ambassadeurs turcs constitue "une sorte de reconnaissance" du rôle de la Suisse sur la scène internationale, notamment en matière de médiation, a indiqué le DFAE.
ats/pbug
Sites internet français piratés
Une centaine de sites internet liés à la diaspora arménienne de France ont été victimes de pirates informatiques turcs, après le piratage du site de la députée, auteur de la proposition de loi française réprimant la négation du génocide arménien, a indiqué lundi un site spécialisé turc.
Le groupe de pirates nationalistes turcs Millikuvvetler.net a revendiqué sur le site turc cyberhaber.com le piratage "ce jour" (lundi) d'environ 100 sites en France liés aux activités des Arméniens de France et aussi de politiques, notamment le député UMP Bernard Depierre.
Les messages en turc sur les écrans des sites piratés s'en prenaient à la politique française concernant la Turquie et accusaient la France d'avoir orchestré "le génocide des Algériens", selon cyberhaber.com.