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Calmy-Rey défend la reconnaissance du Kosovo

Pour la ministre de la diplomatie, la Suisse a encouragé le Kosovo à être un Etat de droit. [Alessandro della Valle]
Pour la ministre de la diplomatie, la Suisse a encouragé le Kosovo à être un Etat de droit. - [Alessandro della Valle]
Micheline Calmy-Rey défend mercredi dans la presse alémanique la prompte reconnaissance par la Suisse de l'indépendance du Kosovo en février 2008. Et ce en dépit des accusations portées contre l'actuel Premier ministre Hashim Thaci. Berne a rapidement exigé que Pristina respecte les règles de l'Etat de droit, souligne la future présidente de la Confédération.

Hashim Thaci, ancien chef de la guérilla indépendantiste de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), "n'est chef du gouvernement que depuis janvier 2008. La déclaration d'indépendance et sa reconnaissance par de nombreux Etats ne dépendent pas de sa personne", a déclaré la conseillère fédérale dans une interview publiée mercredi par le Tages-Anzeiger et le Bund.

La Suisse après l'Autriche

Le Kosovo a proclamé son indépendance le 17 février 2008 et la Suisse l'a reconnu comme tel dix jours plus tard, soit le 27. La Suisse n'a pas été le premier Etat à reconnaître l'indépendance de l'ancienne province serbe, mais "le 30e ou le 31e", a souligné la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

"L'Autriche l'a fait avant nous, si cela vous rassure", a-t-elle ajouté. "Mais nous avons sûrement été les premiers à dire à l'ONU qu'il fallait parler de l'indépendance du Kosovo", a rappelé la cheffe de la diplomatie helvétique. Il s'agissait alors, après la guerre au Kosovo, de stabiliser la région.

"Le Kosovo doit se pencher sur son passé"

Micheline Calmy-Rey a par ailleurs rejeté les reproches selon lesquelles la Suisse aurait fermé les yeux face à Pristina. "Nous avons dit en 2008: 'maintenant vous avez un Etat, mais cela doit être un Etat de droit. S'il y a eu des faits horribles dans le passé, ils ne doivent pas être cachés sous le tapis'", a-t-elle expliqué.

Selon elle, ces accusations doivent être examinées immédiatement par la mission européenne de justice et de police (Eulex). "Les pays concernés et notamment le Kosovo doivent aussi contribuer à faire la lumière", a-t-elle affirmé. "Il faut bâtir un Etat de droit au Kosovo et cela implique aussi un réexamen de son propre passé".

Tirana invite l'Eulex

L'Albanie a justement invité mercredi l'Eulex et les
représentants du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à
venir enquêter sur son territoire. Elle a toutefois souligné que ces deux
organisations y avaient déjà mené des investigations en 2004, sans que cela ne
débouche sur des preuves suffisantes pour la justice. "

L'Albanie prendra également toutes les initiatives légales
auprès du Conseil de l'Europe et insistera pour que Dick Marty remette toutes
les preuves - s'il dispose vraiment de preuves - à l'Eulex", a déclaré le
Premier ministre albanais, Sali Berisha, lors d'une réunion du gouvernement.

Dans un rapport du Conseil de l'Europe publié la semaine dernière, le conseiller aux Etats Dick Marty (PLR/TI) a accusé d'anciens dirigeants de l'UCK, dont Hashim Thaci, d'être impliqués dans un trafic d'organes prélevés sur des prisonniers serbes. Le Premier ministre kosovar a rejeté ces accusations.

ats/mej

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