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Le VTT va-t-il remplacer le ski dans nos montagnes? 

fokus : vtt, le ski du futur ?
fokus : vtt, le ski du futur ? / basik / 11 min. / le 9 septembre 2024
Dopé par l’arrivée des modèles électriques, le VTT s’est hissé dans le top 10 des sports les plus pratiqués en Suisse. Pour les stations de moyenne montagne, il représente une chance de survie, l’espoir de compenser des saisons d’hiver de plus en plus menacées par le réchauffement climatique.   

Avec neuf pistes destinées à tous les niveaux, Verbier est devenue aujourd’hui une destination phare pour les accros de la descente en VTT. Ces nouveaux touristes font tourner les remontées mécaniques à plein régime en été. "Le randonneur prend une ou deux installations, puis il va se promener. Le vététiste, lui, tourne toute la journée", explique le directeur général de Téléverbier Laurent Vaucher lundi dans l'émission Basik. "Ça crée une émulation, c'est vraiment très bon pour la saison estivale."

"A l’époque, il n’y avait pas grand-chose. Juste une piste de compétition et un semblant de chemin qui faisait office de piste bleue pour débutants. Au fil des années, ils ont développé le Bike Park, jusqu'à l'offre actuelle", témoigne pour sa part l'ancien champion suisse junior de VTT Loris Michellod, qui a débuté dans la discipline en 2007, à l'âge de 8 ans. Il a vécu en direct le développement fulgurant de l’offre VTT dans la station bagnarde. 

Des pratiquants à fort pouvoir d'achat

Les vététistes ont d’autres avantages. Ils séjournent en moyenne plus longtemps et dans des hôtels de catégorie plus élevée que les autres touristes. Ils dépensent aussi volontiers sans compter dans les commerces spécialisés.

Les vélos vont-ils détrôner les vaches sur les alpages? [KEYSTONE - MAXIME SCHMID]
Les VTT sont de plus en plus présents en montagne. [KEYSTONE - MAXIME SCHMID]

"Chaque catégorie de vététiste a son propre style, avec certaines marques qui lui correspondent et un look bien à lui. Et comme la mode évolue vite, ils doivent racheter tous les ans quelque chose de nouveau", se réjouit Tom Crothall, propriétaire d’un magasin de sports plutôt chic. Il se frotte les mains: depuis 2020, son chiffre d’affaires lié au VTT a bondi de 20% par an. Casques, vêtements, protections, lunettes, tout y passe.

Pour les destinations qui parviennent à fidéliser ces précieux visiteurs, c’est carton plein. "La clientèle internationale est particulièrement intéressante, parce qu’elle veut souvent pratiquer le VTT en itinérance, durant plusieurs jours", précise Ralph Lugon, chercheur à la HES-SO Valais-Wallis. "Elle va donc consommer beaucoup plus qu'un vététiste qui vient à la journée et repart le soir. C'est un segment de clientèle que la Suisse se doit d'attirer."

L'été devient la saison reine

Ces nouveaux pratiquants sont spécialement importants pour la basse et moyenne montagne, particulièrement menacées par les aléas du climat. Les remontées mécaniques du Moléson n’ont ainsi pas hésité à investir 7,5 millions de francs dans un télésiège spécialement conçu pour pouvoir transporter les vélos. La station fribourgeoise espère ainsi attirer 14’000 vététistes chaque été.

>> Plus de détails dans notre article : Le nouveau télésiège du Moléson ouvert au public ce samedi

L'hiver passé, faute de neige, ce nouveau télésiège n'a transporté des skieurs que pendant quatre jours. "On voit les effets du réchauffement climatique chaque année", témoigne le directeur des remontées mécaniques Antoine Micheloud. "Cela fait plus de vingt ans maintenant qu'on a entamé notre transition climatique. Aujourd'hui, nous réalisons plus de 70% de notre chiffre d'affaires 'hors neige', entre le printemps et l’automne. Pour nous, c'est vraiment un besoin."

>> Lire à ce sujet : La fréquentation des remontées mécaniques fribourgeoises a été meilleure en été qu'en hiver

Et Fribourg voit encore beaucoup plus grand. Tout le canton, promotion économique incluse, s’est rangé derrière le projet Bike-In FR25, qui veut faire du VTT un outil de choix du développement économique. L’hôtel Ibis de Bulle a par exemple dépensé 10'000 francs pour s’équiper d’un espace dédié aux vététistes, avec douche, buanderie et local sécurisé comportant un coin réparation.

"Une question de survie"

Dans le Jura vaudois, la station des Rasses a elle aussi lancé un projet de parc VTT à 360’000 francs. "Pour nos remontées mécaniques, c’est une question de survie", témoigne le Municipal de Bullet Malik Boukhris. "Nous devons proposer des alternatives pour pouvoir utiliser nos remontées mécaniques pendant la saison estivale."

Pour mener à bien son projet, la commune se fait aider par un spécialiste. Auguste Métille dirige une école de VTT à Verbier. L’an dernier, il a aussi créé une entreprise qui accompagne les communes désireuses de se lancer dans la course. "Je pense que pas mal de stations ont attendu d'avoir un mur devant les yeux avant de se réveiller. J'entends des sociétés de remontées mécaniques qui partent en faillite, des projets de démantèlement et ça fait mal au cœur. C'est important de préserver ces zones touristiques", estime-t-il.

>> Lire aussi : En basse altitude, les stations ne peuvent plus miser uniquement sur le ski

Vers une hégémonie du VTT?

Au siècle dernier, les montagnes suisses se sont couvertes de domaines skiables, au risque parfois de tout miser sur une activité unique. Sommes-nous au début d’une nouvelle ère? Voir de nombreuses régions se précipiter sur le filon laisse penser que l'histoire pourrait se répéter avec le VTT.

Mais y aura-t-il de la place pour tous? "La réalité est qu’à un moment donné, le marché va quand même certainement saturer", prévient Ralph Lugon. "On parle aujourd'hui plutôt de diversification, de proposer des activités complémentaires, pour ne pas répéter la même erreur qu'on a commise pendant longtemps avec le ski, en ciblant tout sur un seul produit."

Alain Orange/vic

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