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Armée: le modeste rapport d'Ueli Maurer

Trois-quarts des sondés estiment que l'armée est "nécessaire".
L'armée suisse ne devrait pas subir de grands changements sous l'égide d'Ueli Maurer.
La TSR et la RSI se sont procurées le très attendu rapport sur la sécurité que le Conseil fédéral doit avaliser prochainement. Coopération internationale limitée, réformes repoussées, questions cruciales éludées: Ueli Maurer joue la montre.

C'est le rapport que tout le monde attend. En octobre dernier,
Ueli Maurer avait été prié par le Conseil fédéral de revoir sa
copie après la présentation d'une première version. Aujourd'hui, le
document est prêt. Il devrait être discuté par le gouvernement
avant les vacances de Pâques. Il doit aussi servir de base à la
décision sur le remplacement des Tigers.



La TSR et la Télévision Suisse italienne (RSI) ont obtenu une
copie de ce rapport. Premier élément, la liste des menaces qui
planent sur la Suisse a été revue. Le texte mentionne les
catastrophes naturelles ou d'origine humaine qui pourraient à
l'avenir être plus fréquentes, mais aussi les attaques contre les
réseaux informatiques qui peuvent faire beaucoup de dégâts avec peu
de moyens. Autres dangers mis en avant: le terrorisme, la
dépendance en matière d'approvisionnement (par exemple en matière
d'énergie) et le risque de chantage économique.

L'armée de milice maintenue

Et pour les menaces strictement militaires, le Conseil fédéral
considère «que la probabilité d'une attaque militaire contre la
Suisse dans un avenir prévisible est faible. Etant donné les
énormes conséquences, elle ne doit pourtant en aucun cas être
ignorée.»

Comment
l'armée doit-elle évoluer? On sait qu'elle traverse une période de
crise financière et organisationnelle, sans compter son évolution
démographique défavorable. Le rapport bétonne pourtant le modèle
actuel: armée de milice, obligation de service et cours de
répétition. «L'armée serait dépassée par une nouvelle réforme
importante ces prochaines années. Si elle doit tout de même se
développer, elle doit le faire à petits pas», peut-on lire dans le
document.

La stratégie, quant à elle, est reformulée. Le précédent
rapport, établi il y a 10 ans, avait pour slogan «la sécurité par
la coopération». Aujourd'hui, on met en avant l'idée d'une
communauté de sécurité: Confédération, cantons et communes. La
coopération avec d'autres Etats est prévue, mais elle passe
clairement au second plan. Elle est envisagée «pour autant que les
moyens propres ne suffisent pas ou lorsque cela a un sens du point
de vue de l'efficacité ou pour des raisons politiques et que cela
est compatible avec la neutralité».

Présence discrète à l'étranger

Les engagements à
l'étranger, à l'image de la Swisscoy, devraient être plus ciblés et
plus spécialisés. Le rapport indique que «l'armée doit renforcer,
dans certaines régions, son engagement d'individus et de petits
détachements sans armes». Il préconise que «l'envoi de formations
militaires restreintes doit se concentrer sur un petit nombre de
compétences fondamentales.»



Et enfin, l'importante question des avions. Si ce rapport est
attendu avec impatience, c'est qu'il doit servir de base de
décision sur le dossier de l'achat de nouveaux avions de combat.
Pourtant, le document de plus de 50 pages se contente de survoler
la question: «Les guerres récentes ont montré que la maîtrise de
l'espace aérien est souvent décisive pour l'issue des
combats».



Pierre Gobet, Olivier Tornay et Patrick Suhner

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