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Les Suisses ne veulent pas d'avocats pour animaux

Pour le Conseil fédéral, ce sont surtout les vétérinaires qui peuvent agir.
Pour le Conseil fédéral, ce sont surtout les vétérinaires qui peuvent agir.
L'initiative populaire pour l'institution d'un avocat pour les animaux a été rejetée dimanche par 70,5% des votants. Tous les cantons ont dit non. Ceux-ci continueront donc de décider eux-mêmes comment appliquer la loi sur la protection des animaux.

Les Suisses ont également balayé la baisse du taux de conversion du 2e pilier et ont plébiscité
le nouvel article constitutionnel sur la recherche sur l'être humain .



La Protection suisse des animaux (PSA) a eu beau jouer la corde
sensible et attirer nombre de "people" à sa cause, sa campagne n'a
pas réussi à convaincre la majorité qu'un avocat spécial était la
seule institution capable de défendre efficacement la gent animale
contre les mauvais traitements et de punir sévèrement les
coupables.

Un peu moins de 672'000 votants seulement ont glissé un oui dans
l'urne. Suivant les mots d'ordre du Conseil fédéral et de la droite
qui préfèrent miser sur l'information, la prévention et les
contrôles, plus de 1,6 million de personnes ont rejeté
l'initiative. La crainte d'abus procéduriers, comme la défense d'un
brochet qui a souffert trop longtemps lorsqu'il a été péché, a
certainement joué un rôle.

Cantons urbains plus soucieux

Même Zurich, le seul canton à connaître actuellement un avocat
des animaux, a repoussé l'initiative par 63,5%. Les autres cantons
resteront libres de choisir comment appliquer au mieux la loi.
Cette dernière les oblige depuis 2008 à créer un service spécialisé
de la protection des animaux et à déposer plainte pénale contre une
personne qui a maltraité des bêtes de manière intentionnelle.



Les cantons les plus réfractaires à l'obligation d'instituer un
avocat ont été Obwald (83,8%), Appenzell Rhodes-Intérieures
(83,6%), le Valais (83%) et le Jura (82,7%). Le refus a été aussi
très net à Fribourg (80,8%), dans le canton de Vaud (77,9%) et à
Neuchâtel (77,6%). Les Bernois ont rejeté l'initiative par
69,6%.



Les cantons urbains ou frontaliers figurent parmi les plus
sensibles à la cause animale. La palme revient à Bâle-Ville (55,7%
de non), suivi du Tessin (61,7%). Genève ne rejette l'initiative
qu'à 66,5%, Schaffhouse (66%) et Bâle-Campagne (63,8%) se montrant
encore plus généreux envers les animaux.



ats/dk

DECEPTION POUR LES UNS, VOTE DE BON SENS POUR LES AUTRES

La Protection suisse des animaux (PSA) a
exprimé sa tristesse et sa déception. Son directeur Hansueli Huber
considère que la population s'est prononcée contre un instrument
jugé excessif. Malgré la défaite, les animaux ont profité de la
campagne, estime-t-il.



L'avocat des animaux zurichois Antoine F. Goetschel n'est pas
surpris par ce rejet. L'information sur les thèmes de la protection
des animaux a été "très dense ces derniers temps" et pour certains
Suisses peut-être trop dense. "Cette décision n'aura aucune
influence sur mon activité", a-t-il dit.



Pour Ueli Leuenberger, "une immense majorité de la population n'a
pas compris l'enjeu. On a voulu voir le chat et le chien qui se
présentent devant un tribunal avec leur avocat". La balle est
maintenant dans le camp des cantons, qui doivent poursuivre ceux
qui torturent les animaux a affirmé le président des Verts
suisses.



Les libéraux-radicaux (PLR) se disent satisfaits de ce rejet. "Le
bon sens a prévalu", a indiqué le Genevois Christian Lüscher. Ce
vote "ne remet pas en cause la protection des animaux", a pour sa
part affirmé le vice-président du Parti démocrate-chrétien (PDC)
Dominique de Buman.



Le rejet de l'initiative n'étonne pas vraiment le président de la
Société des vétérinaires suisses. "Nous disposons d'une très bonne
législation sur la protection des animaux", explique Charles
Troillet.

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