Le système de santé suisse est très bon, mais il en est tout autrement quant à sa numérisation, a indiqué jeudi la directrice de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), Anne Lévy, devant la presse à Berne. La Suisse figure au dernier rang des comparaisons internationales.
Aujourd'hui lorsque vous allez chez le médecin ou que vous recevez des soins dans un hôpital, votre état de santé et vos traitements sont certes saisis dans un système informatique, mais ces données ne transitent que difficilement vers d'autres systèmes. "Chacun a son système qui ne parle pas la même langue que les autres. De nombreuses données doivent être saisies plusieurs fois", a expliqué la directrice de l'OFSP.
La pandémie de Covid-19 a révélé des lacunes qui ont poussé le Conseil fédéral et le Parlement à agir. La Confédération veut donc mettre en place d'ici 2034 une vaste infrastructure informatique, qui mettra en réseau médecins, hôpitaux, laboratoires, assureurs et autorités.
Le programme DigiSanté doit promouvoir la transformation numérique du système de santé et contribuer à la sécurité des patients. Les acteurs doivent pouvoir échanger des données en continu sur le traitement, la facturation, la recherche et l'administration. Cela facilitera leur quotidien, a rappelé Anne Lévy.
Collaboration des systèmes
La collaboration des différents systèmes est l'élément central de la numérisation. Le premier volet du projet sera donc consacré à la création des conditions techniques permettant d'échanger les données en continu.
Le groupe spécialisé "Gestion des données dans le domaine de la santé", comprenant des spécialistes issus de la Confédération, des cantons, des hôpitaux, du corps médical, des pharmacies, des assureurs, de l’industrie pharmaceutique et de la recherche, travaille déjà à l’élaboration de normes communes depuis septembre 2022.
Il faudra ensuite mettre sur pied une infrastructure nationale qui permet un échange sécurisé des données. Berne promet en effet que cette infrastructure résistera aux cyberattaques. "La protection des données est l'un des fondements de tout le programme", assure Anne Lévy.
Les prestations fournies par les autorités seront numérisées et standardisées dans un troisième volet. Celui-ci comprend notamment le système de déclaration des maladies transmissibles et le projet d’utilisation multiple des données dans le domaine des séjours stationnaires en hôpitaux.
Enfin, les autorités et les acteurs concernés pourront utiliser le large éventail de données sanitaires afin de mieux planifier et piloter le système de santé. Les chercheurs pourront plus facilement accéder aux données et augmenter les possibilités pour traiter les problématiques sanitaires.
Crédit de 392 millions
Le projet est porté par l'OFSP et l'OFS et devra être mis en place d'ici fin 2023. Le programme englobe 50 projets. La directrice de l'OFSP est "très optimiste" sur la mise en oeuvre du projet. Malgré une structure fédérale du système de santé, "tous les acteurs sont à bord et soutiennent le projet". "On sent un besoin pour la numérisation", a-t-elle ajouté.
Pour la période 2025 à 2034, le Parlement doit libérer un crédit de 392 millions. Le poste de dépense le plus important concerne la numérisation des prestations des autorités (221 millions).
L'infrastructure nationale nécessite 76 millions. Quelque 39 millions seront affectés à l'utilisation secondaire des données et 27 millions à la création des conditions requises pour la transformation numérique. L'orchestration, l'efficacité, l'organisation du travail et la gestion du programme coûteront 29 millions.
edel avec ats