Banner primes santé 25-09-2023 [Keystone]
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Les primes maladie augmenteront de 8,7% en moyenne en 2024, les cantons romands particulièrement concernés

- L'augmentation moyenne des primes maladie atteindra 8,7% en 2024, ce qui correspond à une hausse moyenne de 28,70 francs par mois, a annoncé le Conseil fédéral mardi. La prime moyenne mensuelle atteindra ainsi 359,50 francs l'an prochain. Il s'agit de l'augmentation la plus importante depuis 2010 et de la troisième hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996.

- Tous les cantons sont concernés par cette forte augmentation. Côté romand, la hausse est la plus forte dans les cantons de Vaud (+9,9%), Neuchâtel (+9,8%) et Fribourg (+9,6%). Genève a toujours la prime moyenne la plus haute du pays à 454,4 francs (+9,1%). L'augmentation atteint 9,1% dans le Jura, 8,6% en Valais et 8,3% à Berne.

- Le Département fédéral de l'intérieur attribue cette "forte hausse des primes" aux coûts de la santé, qui ont augmenté plus que prévu depuis le deuxième semestre 2021 et en particulier cette année. Le DFI estime que la maîtrise des coûts demeure "une tâche centrale pour tous les acteurs impliqués".

- "C'est une hausse très élevée", a reconnu le ministre de la Santé Alain Berset devant la presse, parlant de "très mauvaise nouvelle pour les ménages qui souffrent déjà de la hausse des prix". Au moment de dresser son propre bilan de 12 ans d'augmentation des primes, le socialiste a dit n'avoir jamais abandonné et estimé qu'il partira sur "un bilan mitigé, mais pas que des mauvaises choses".

- Les réactions se sont multipliées après cette annonce. Les cantons ont fait part de leur inquiétude, parlant d'une mauvaise nouvelle qui doit servir d'électrochoc, et ils ont rappelé la difficulté de piloter le secteur avec le cadre légal actuel. Du côté des partis, le PLR a critiqué le "lourd échec" de 12 ans de gouvernance de gauche, le PS a fustigé l'attitude de la majorité de droite au Parlement et l'UDC a dénoncé le bilan "honteux" d'Alain Berset. Le Centre a lui parlé de "choc des primes".

- De leur côté, les défenseurs des patients et des citoyens ont relevé que des familles allaient être jetées dans la précarité avec cette hausse et ont demandé un moratoire sur les primes. La faîtière des médecins a exigé d'importantes réformes.

- Les caisses maladie ont jusqu'au 31 octobre pour informer les assurés des primes qui les attendent en 2024. Les assurés ont ensuite jusqu'au 30 novembre pour changer de caisse.

Suivi assuré par RTSinfo

14h20

Des aides insuffisantes pour certains retraités genevois

Avec 454 francs par mois en moyenne, Genève est le canton dans lequel les primes 2024 vont le plus augmenter. Elles vont bondir de 45 francs par mois par adulte en moyenne alors qu'elles étaient déjà le plus chères de Suisse. En conséquence, de nombreux retraités genevois vont demander une aide au canton. "Sans cette aide, je ne sais pas comment je ferai", témoigne l'un d'entre eux.

A Genève, 43% des résidents reçoivent des subsides. C'est un record en Suisse. Et pour 2024, le canton a budgété 600 millions de francs. Mais pour certains, les aides cantonales ne suffiront pas à payer les factures de la santé. "Je pense déjà à quitter définitivement la Suisse lorsque ma compagne aura atteint la retraite", déclare un aîné genevois attristé.

>> Voir le reportage du 12h45 de mercredi complet :

Les primes d’assurance-maladie les plus chères de Suisse sont à Genève. La hausse annoncée hier passe mal auprès de la population
Les primes d’assurance-maladie les plus chères de Suisse sont à Genève. La hausse annoncée hier passe mal auprès de la population / 12h45 / 2 min. / le 27 septembre 2023

10h00

Malgré l'augmentation des primes, peu de Suisses changent d'assurance

Malgré des primes toujours plus élevées, deux tiers des Suissesses et des Suisses ne devraient pas changer de caisse maladie cette année, selon un sondage.

Pourtant, changer d’assurance santé peut parfois faire économiser plusieurs centaines de francs par mois. Pour Felix Schneuwly, expert en assurance maladie chez Comparis, les gens sous-estiment ce potentiel d'économie.

Il existe également une forme de loyauté envers sa caisse maladie. De plus, certaines personnes, particulièrement les personnes âgées, estiment qu'il est trop compliqué de changer.

Elles ne veulent pas non plus que leur assurance de base et que leur complémentaire se retrouvent chez deux assureurs différents.

>> Ecouter les explications de Virginie Langerock dans La Matinale :

Des cartes d'assurances maladie. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Peu de Suisses de Suissesses changent de caisse maladie / La Matinale / 2 min. / le 27 septembre 2023

09h45

Le montant dédié aux subsides devrait encore augmenter dans le canton de Vaud

Dans le canton de Vaud, les primes maladie vont augmenter de 9,9% en moyenne l'an prochain. Mais depuis le 1er janvier 2019, le canton de Vaud a plafonné le poids des primes maladie à 10% du revenu net des ménages.

La mesure concernait le mois dernier près de 283'000 personnes dans le canton. C'est donc un tiers de la population, enfants compris, qui touche une aide de l'Etat pour payer tout ou partie de ses primes de l'assurance maladie de base.

Ces subsides "partiels" devraient coûter 428 millions de francs aux caisses de l'Etat cette année. Le montant est en hausse de 33 millions sur un an, la faute notamment à l'augmentation des primes 2023, souligne le canton.

Dans son projet de budget pour l'an prochain, l'Etat de Vaud a encore prévu une augmentation de 14 millions de francs pour les subsides à la LAMal. Selon les projections, environ 6000 personnes de plus devraient avoir accès à ces subsides.

>> Ecouter les explications Robin Baudraz dans La Matinale :

Depuis le 1er janvier 2019, le canton de Vaud a plafonné le poids des primes maladie à 10% du revenu net des ménages. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Le montant des subsides payés par le canton de Vaud augmentera en raison de la hausse des primes / La Matinale / 2 min. / le 27 septembre 2023

09h15

Berne doit prendre la main sur les hôpitaux, selon Santésuisse

La Confédération et non les cantons doivent être en charge des hôpitaux, selon le président de Santésuisse, Martin Landolt. Il a indiqué dans la presse son intention d'élaborer une initiative populaire en ce sens.

Les cantons sont pris dans un "gigantesque conflit d'intérêts", déclare le président de la faîtière des assureurs dans les titres alémaniques du groupe Tamedia.

La Suisse s'offre ainsi des hôpitaux "trop chers et superflus". En résulte une hausse des coûts, poursuit-il.

Alors que si les décisions sont prises "de haut en bas", la proximité émotionnelle disparaît et les décisions deviennent plus objectives, assure Martin Landolt. Selon lui, l'admission des médecins doit également être réglementée au niveau national.

>> Lire aussi : Les élus fédéraux dans le viseur des médias pour l'augmentation des primes

Le conseiller national du Centre glaronnais, qui ne se représente pas aux fédérales, indique vouloir faire élaborer une initiative en ce sens l'année prochaine. Cette dernière doit permettre d'une part d'atteindre une planification nationale et d'autre part de tenir compte des "besoins régionaux minimaux". Pour le centriste, la planification hospitalière nationale est aussi une solution à la pénurie de personnel qualifié.

08h00

"Garder des prestations de très haute qualité, c'est vraiment au bénéfice de tout le monde"

Invité dans La Matinale de la RTS, le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset revient sur l'annonce de la hausse de 8,7% des primes maladie.

Si le ministre estime que des mesures doivent être prises, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité du système de santé suisse, car "garder des prestations de très haute qualité, c'est vraiment au bénéfice de tout le monde".

"On a un système de santé dont je suis assez fier", déclare-t-il. "Toute personne vivant en Suisse qui est assurée a accès à un catalogue de prestations de très haute qualité", poursuit le conseiller fédéral. "Et il ne faut surtout pas le casser. C'est très fragile et c'est très important".

Il s'oppose donc à une suppression de certaines prestations, qui pénaliserait les personnes n'ayant pas les moyens de payer certains traitements elles-mêmes. "Une assurance maladie 'light' ou bien avec une partie du catalogue, pour moi, c'est inimaginable", affirme Alain Berset.

"Ce système de santé est d'abord là pour servir des prestations essentielles pour les gens lorsqu'ils en ont besoin", poursuit-il. "Qui est malade, qui attrape un cancer, qui a un problème de santé grave doit pouvoir avoir les meilleurs traitements possibles".

>> Ecouter l'interview d'Alain Berset dans La Matinale :

Alain Berset s’exprime sur l’explosion des primes
Alain Berset s’exprime sur l’explosion des primes / La Matinale / 15 min. / le 27 septembre 2023

MERCREDI 27 SEPTEMBRE

Il est temps d'agir, selon les assureurs et les cantons

Au lendemain de l'annonce de la hausse des primes maladie pour 2024, les principaux acteurs cherchent des solutions pour résoudre ce problème récurrent.

Pour Thomas Boyer, directeur de l'assurance Groupe Mutuel, il est temps d'agir. "La seule manière efficace de faire baisser les primes, c'est de baisser les coûts de la santé", affirme-t-il dans La Matinale de la RTS.

Afin d'y parvenir, il propose notamment de réduire le nombre d'hôpitaux. Il dénonce également un trop grand nombre de spécialistes et un manque de généralistes et estime qu'il faut revoir le catalogue de prestations.

L'assureur affirme que l'ajout de l'accès aux psychologues le 1er janvier dernier correspond à 1 des 8,7% d'augmentation des primes. "L'accès direct aux psychologues, c'est certainement très bien dans la perspective du patient, sauf qu'on n'a rien enlevé", explique Thomas Boyer.

"Pour moi, c'est un principe de bonne gestion. Si on ajoute, on enlève", poursuit-il. "Mais je pense qu'il faut aller plus loin. Il faut même réduire".

"Impuissance politique"

Du côté des cantons, on dénonce une forme d'impuissance politique. "Ruth Dreifuss employait il y a quelques semaines, dans la presse dominicale, l'image de de l'avion avec trop de pilotes dans le cockpit", indique Pierre Maudet, conseiller d'Etat genevois en charge de la Santé. "Pour ma part, je pense qu'il n'y a pas de pilote".

"Les cantons sont clairement dans la soute à bagages. C'est des passagers qui ont peu de marge de manœuvre. Et une de mes ambitions, c'est de faire en sorte qu'on en récupère au niveau cantonal", ajoute-t-il.

>> Ecouter les réactions de Thomas Boyer et de Pierre Maudet dans La Matinale :

Thomas Boyer et Pierre Maudet s’expriment sur la hausse des primes
Thomas Boyer et Pierre Maudet s’expriment sur la hausse des primes / La Matinale / 12 min. / le 27 septembre 2023

20h30

"C'est pénible pour la poche des travailleurs"

L'annonce de la hausse de 8,7% des primes maladie pour 2024 a été reçue avec des réactions entre résignation et amertume. "C'est pénible pour la poche des travailleurs, c'est beaucoup d'argent", explique une passante dans le 19h30. Dans le canton de Vaud, "cela ferait 100 francs en plus, donc 1200 par année, ce qui est vraiment énorme. Je ne sais pas comment on va faire, on va peut-être moins épargner et faire des sacrifices", relève Pablo Michellod, slameur professionnel.

Pour cette autre famille, cette hausse vient même sérieusement remettre en question un projet familial. "On pensait lui faire une petite soeur ou un petit frère mais à l'heure actuelle ce n'est pas possible, ça fait vraiment peur".

>> Les témoignages dans le 19h30 :

La hausse des primes touche particulièrement la Suisse romande. Réactions et témoignages
La hausse des primes touche particulièrement la Suisse romande. Réactions et témoignages / 19h30 / 2 min. / le 26 septembre 2023

20h00

Résilier en courrier A Plus ou par lettre recommandée

L'annonce des primes maladie 2024 peut être l'occasion de changer d'assurance. Le cas échéant, l'OFSP recommande d'adresser sa lettre de résiliation en recommandé ou en courrier A Plus (suivi électronique des envois).

Les caisses maladie ont jusqu'au 31 octobre pour informer les assurés des primes qui les attendent en 2024. Qu'il trouve une prime meilleur marché ou qu'il souhaite simplement changer de caisse maladie, tout assuré est en droit de le faire.

Le délai pour l'annonce du changement est fixé au 30 novembre. L'OFSP conseille dans un fascicule d'effectuer la démarche au plus tard quinze jours avant l'échéance et de s'annoncer dans le même temps auprès de la nouvelle caisse.

Il n'est pas nécessaire d'obtenir une offre de la nouvelle assurance avant de migrer.

>> Explications des démarches à suivre dans le 19h30 :

Après l'annonce de la hausse des primes maladies en 2024, la question autour du changement de caisse d'assurance maladie se pose. Explications des démarches à suivre
Après l'annonce de la hausse des primes maladies en 2024, la question autour du changement de caisse d'assurance maladie se pose. Explications des démarches à suivre / 19h30 / 1 min. / le 26 septembre 2023

L'affiliation à la caisse que l'on quitte ne devient effective qu'au moment où la nouvelle a signifié à l'ancienne que la personne concernée est assurée auprès d'elle sans interruption de sa protection contractuelle.

Attention aux conditions

Une personne assurée ne peut changer de caisse que si elle n'a pas de dettes auprès de celle-ci à la fin de l'année en cours.

En cas de résiliation de l'assurance de base, la caisse maladie n'a pas le droit d'exiger que l'assuré résilie aussi une éventuelle couverture complémentaire qu'il pourrait aussi avoir auprès d'elle.

Pour les complémentaires, les délais de résiliation diffèrent généralement et sont contenus dans les dispositions générales du contrat.

Les franchises

Les assurés peuvent aussi choisir le modèle d'assurance le plus avantageux. Le service de comparaison Comparis conseille par exemple de toujours choisir la franchise la plus élevée (2500 francs) ou la plus basse (300 francs) auprès de leur caisse maladie. "Une franchise qui se situe entre ces deux valeurs n'est pas rentable d'un point de vue financier."

18h40

Le système des primes maladie est-il à repenser?

La hausse de 8,7% des primes maladie pour 2024 est particulièrement importante. Presque tous les cantons latins sont en dessus de la moyenne nationale: quasi 10% de hausse dans le canton de Vaud, +9% à Neuchâtel, Fribourg, Genève et dans le Jura.

Seuls le Valais et Berne sont très légèrement en dessous de la moyenne nationale, mais tout de même au-dessus de 8%.

>> Les explications dans le 19h30 :

Les primes d'assurance-maladie augmenteront de 8,7% en moyenne en 2024. Un coup dur pour le budget des ménages
Les primes d'assurance-maladie augmenteront de 8,7% en moyenne en 2024. Un coup dur pour le budget des ménages / 19h30 / 2 min. / le 26 septembre 2023

Le système des primes maladie est-il à repenser?

>> Le débat dans Forum entre les conseillers nationaux Philippe Nantermod (PLR/VS) et Léonore Porchet (Les Vert-e-s/VD) :

Le système des primes maladies est-il à repenser? Débat entre Philippe Nantermod et Léonore Porchet
Le système des primes maladies est-il à repenser? Débat entre Philippe Nantermod et Léonore Porchet / Forum / 7 min. / le 26 septembre 2023

Notre système de santé regroupe un très grand nombre d'acteurs. Politiques, assurances, faîtières de médecins, hôpitaux, pharma: tous se renvoient la balle.

Le nouveau Parlement, issu des élections fédérales d'octobre, sera-t-il à la hauteur de l'enjeu?

>> Le décryptage dans Forum :

Pourquoi les primes maladie augmentent-elles autant?
Pourquoi les primes maladie augmentent-elles autant? / Forum / 1 min. / le 26 septembre 2023

18h30

"Cela fait 12 ans que je me bats"

Le conseiller fédéral Alain Berset a annoncé mardi pour la dernière fois les hausses des primes maladie. Interrogé dans l'émission Forum, il a déclaré: "Je n'ai pas l'habitude de ne pas assumer. Cela fait 12 ans que je me bats comme je peux pour maîtriser au mieux ces coûts. Il y a beaucoup de responsabilités partout. Aujourd'hui, c'est une très mauvaise nouvelle mais cela ne fait que traduire une réalité de l'évolution des coûts et des problèmes que nous avons".

Selon lui, le système manque fondamentalement de transparence et de conduite.

>> L'interview complète d'Alain Berset dans Forum :

Hausse des primes maladie: le constat d’échec d’Alain Berset
Hausse des primes maladie: le constat d’échec d’Alain Berset / Forum / 8 min. / le 26 septembre 2023

>> Son interview dans le 19h30 :

Hausse des primes d'assurance-maladie, la réaction du conseiller fédéral Alain Berset [RTS]
Hausse des primes d'assurance-maladie, la réaction du conseiller fédéral Alain Berset / 19h30 / 4 min. / le 26 septembre 2023

>> Lire aussi : Alain Berset: "Le système de la LAMal manque de transparence et de conduite"

18h10

Comparateur de primes

En collaboration avec la Fédération romande des consommateurs (FRC), l'émission On en parle et RTSinfo vous proposent d'explorer dans le détail les conditions des modèles d'assurance maladie proposées.

>> Plus d'infos ici : Comparateur de primes: l'assurance maladie la moins chère dans votre région

17h40

Tour d'horizon non exhaustif des réactions

Face à cette troisième hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996 - et qui équivaut à une hausse moyenne de 28,70 francs par mois - partis, cantons et principales organisations de la santé, des assureurs et des consommateurs ont tous exprimé leur indignation.

>> Lire : La forte hausse annoncée des primes maladie pour 2024 fait grincer des dents

17h15

La CDS défend les cantons

Le président de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) et directeur de la santé de Bâle, Lukas Engelberger (Centre), regrette la forte augmentation des primes maladie 2024. Mais on ne peut pas accuser la politique sanitaire des cantons, selon lui.

"Les cantons sont prêts à prendre leurs responsabilités en matière de coûts et ils le font avec des effets tangibles", a-t-il déclaré. Selon lui, la CDS soutient aussi bien les paquets de mesures de maîtrise des coûts passés et présents que le contre-projet indirect à l'initiative sur le frein aux coûts.

Lukas Engelberger estime que les cantons ont également un devoir de "correction sociopolitique" via la réduction individuelle des primes, un devoir que les cantons remplissent parfaitement.

16h55

Curafutura critique l'"inaction politique"

Curafutura, association qui regroupe plusieurs caisses maladie, déplore "l'inaction politique" en Suisse. Selon elle, le Département fédéral de l'intérieur n'a pas assez exploité sa marge de manoeuvre pour contenir les coûts.

L'association rappelle en particulier s'être engagée "jusqu'à la dernière minute pour une révision des marges de distribution des médicaments". Celle-ci aurait permis, selon elle, d'économiser immédiatement 60 millions de francs ainsi que des économies supplémentaires de plusieurs centaines de millions en promouvant davantage les médicaments génériques.

"Le DFI a renoncé à cette réduction des coûts, du moins provisoirement. C'est incompréhensible au vu de la charge financière supplémentaire pour les assurés", déplore l'association. Cette dernière estime aussi qu'il convient de s'interroger sur le catalogue des prestations.

16h25

Les chiffres par canton

La prime moyenne augmentera dans tous les cantons. En Suisse romande, Vaud affiche la hausse la plus forte avec +9,9%, soit 36,1 francs de plus pour un total de 400,8 francs en moyenne pour un adulte.

En deuxième position arrive Neuchâtel avec +9,8%, soit 37,2 francs de plus pour un total de 417,2 francs. Suit Fribourg avec +9,6%, soit 29,8 francs de plus pour un total de 339,4 francs.

Genève reste le canton avec la prime moyenne la plus élevée du pays avec un total de 454,4 francs, après une augmentation de 9,1% ou 38,1 francs.

La hausse atteint 9,1% dans le Jura, soit 32,5 francs de plus pour un total de 388,6 francs. En Valais, l'augmentation se monte à 8,6%, soit 26,5 francs pour un total de 334,5 francs. Concernant Berne, la prime moyenne progresse de 8,3% ou 28,2 francs, à 367 francs.

Au niveau national, la plus forte augmentation revient au canton du Tessin avec +10,5%, soit 40,8 francs de plus pour un total de 430,1 francs. Zoug et Appenzell Rhodes-Extérieures suivent avec +10,2% et +10,1%.

La hausse la plus faible concerne Bâle-Ville et Appenzell Rhodes-Intérieures avec +6,5%. Si le premier demi-canton demeure l'un des plus chers du pays avec une prime moyenne de 451,1 francs, le second est de loin le moins cher avec une prime moyenne de 246,1 francs.

>> Lire aussi : La flambée des primes maladie 2024 en cartes et en graphiques

16h00

Selon Caritas, des gens vont renoncer à aller chez le médecin

Les personnes à bas revenus doivent consacrer 10 à 15% de leur revenu brut à la facture mensuelle des primes, relève Caritas, l'organisme d'entraide de l'Eglise catholique. C'est nettement plus que pour le ménage moyen.

"Avec cette nouvelle hausse massive, la charge des primes prendra l'année prochaine des proportions écrasantes pour de nombreuses personnes", explique Peter Lack, directeur de Caritas Suisse. Certaines d'entre elles vont renoncer à aller chez le médecin.

Les ménages au budget serré optent, pour des raisons de coûts, pour des modèles avec des franchises élevées et sont confrontés, en cas de maladie, à des factures qui sont pour eux inabordables. Pour compliquer les choses, les personnes à faibles revenus souffrent plus que la moyenne de l'augmentation des prix des loyers et du coût de la vie.

15h45

La FRC exige un moratoire sur les primes

La Fédération romande des consommateurs (FRC) demande un moratoire sur les primes. "Les assurés ne devraient pas payer seuls les effets de cet immobilisme", estime-t-elle.

"Alors que le Parlement s'est montré incapable de mettre en place des réformes ambitieuses, les assurés essuient durement les plâtres de cette législature perdue", écrit la FRC.

Le gel des primes sous la forme d'un moratoire est un complément nécessaire pour donner un peu de coffre à l'initiative du parti du Centre sur les coûts de la santé. Cela consiste à ne plus répercuter de hausse sur les primes tant que des réformes pour maîtriser les coûts et soulager les assurés ne sont pas prises.

Pour y parvenir, il s'agit d'une mise à niveau des prix des médicaments sur ceux pratiqués dans les pays voisins, de changer le mode de financement et de mieux coordonner les soins, en particulier ceux de premiers recours. De plus, les primes à 10% du revenu du ménage.

15h35

Les partis fâchés

"En plus de douze ans de gestion socialiste de la santé à Berne et dans les cantons, le constat est éloquent", tonne le PLR. Les coûts n'ont cessé d'augmenter et de nombreuses prestations ont été ajoutées au catalogue de base, critique-t-il, parlant d'un "lourd échec". Le parti dénonce la politique du "centre-gauche" qui préfère étatiser au maximum et dépenser les deniers publics en subventions, en augmentant ainsi les impôts.

Le PS réplique en fustigeant la droite: "La population n'en peut plus d'attendre des allègements. En refusant d'agir, la majorité de droite et du centre au Parlement met sous pression le pouvoir d'achat des ménages", dénonce-t-il. "Les partis bourgeois ferment les yeux, c'est irresponsable", poursuit-il, eu égard au renchérissement général des prix.

L'UDC s'attaque au "bilan honteux" du ministre de la Santé Alain Berset. "Sous son règne, les primes ont explosé de plus de 40%", relève-t-il. Aux yeux du parti, la classe moyenne passe deux fois à la caisse: pour payer ses primes mais aussi, via les impôts sur le revenu, celles "des requérants d'asile, des immigrés et des spécialistes de l'optimisation". L'UDC réclame des franchises plus élevées pour les requérants et des soins "limités au minimum absolu" pour ces personnes.

Le Centre parle d'un "choc des primes" qui touche en particulier la classe moyenne et les familles, déjà très affectées par l'inflation générale. "Cela ne peut pas continuer ainsi", souligne le parti, qui met en avant son initiative "pour un frein des coûts de la santé". Ce texte est le seul qui s'attaque à "la racine des problèmes et permet une solution durable", dit-il.

Les Vert-e-s parlent aussi d'un "choc des primes" et d'une "défaillance du système de santé". Le parti rappelle sa proposition: l’introduction de primes d’assurance-maladie proportionnelles au revenu. Une telle demande a été déposée dans les deux Chambres.

Pour les Vert'libéraux, "le financement du système de santé est à l'agonie". Son vice-président Michel Matter estime qu'il est temps "pour plus de transparence, d'efficience et pour de véritables réformes non partisanes" et "sans toucher à la solidarité".

15h25

Les cantons inquiets

Très touchés par les hausses, les cantons romands ont rapidement réagi aux annonces du DFI. Dans le canton de Vaud, le Département vaudois de la santé et de l'action sociale a qualifié l'augmentation de "très importante" et a encouragé "vivement la population à optimiser ses primes" en se rendant sur un site internet dédié pour mieux comprendre comment changer d'assurance ou de modèle de primes. La ministre de tutelle Rebecca Ruiz a évoqué un "véritable coup d'assommoir pour la population dans le contexte de vie chère qu'on connaît".

C'est un véritable coup d'assommoir pour la population dans le contexte de vie chère qu'on connaît

Rebecca Ruiz

De son côté, l'Etat du Valais s'est dit "inquiet" et demande à la Confédération de prendre "rapidement" des mesures pour limiter la hausse des coûts de la santé et d'agir "pour réduire les prix des médicaments, lutter contre la surconsommation de prestations médicotechniques, favoriser les soins de premier recours et investir dans la promotion de la santé et la prévention".

Cette hausse est intolérable pour la population

Pierre Maudet, conseiller d'Etat genevois

"Cette hausse est intolérable pour la population", a réagi le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, en charge de la Santé. Il estime que la population ne peut plus faire face et voit son pouvoir d'achat se réduire "sans que personne n'en assume la responsabilité". "La question est donc de savoir ce que l'on fait, maintenant, pour mettre fin à un système opaque qui a définitivement atteint ses limites", a-t-il relevé.

A Neuchâtel, on parle d'une "très mauvaise nouvelle" qui "doit constituer un électrochoc". Pour la ministre de la Santé Florence Nater, "il est urgent de se mettre autour de la table pour mettre sur pied des assises de la santé" et tant q'une  réforme n'aura pas été mise sur pied, la Confédération doit venir en appui des cantons. L'élue en appelle donc à la "solidarité nationale".

Le Jura relève pour sa part que l'augmentation des coûts a été forte au niveau cantonal en 2022 avant de se rapprocher de la moyenne nationale de 4,1% l'an dernier. Et il recommande à la population de se renseigner et de faire les démarches éventuelles pour changer de caisse maladie pour l'an prochain.

15h15

Les cantons latins pour plus de transparence et de gouvernance

Les ministres des affaires sanitaires et sociales des cantons romands et du Tessin, réunis au sein de la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales, tirent la sonnette d'alarme, estimant que cette hausse rappelle la difficulté de piloter le secteur avec le cadre légal actuel.

Les autorités sanitaires et sociales des cantons latins voient, dans la hausse des coûts et des primes annoncée, la confirmation que le système actuel de gouvernance de la santé a atteint ses limites.

Les tentatives de réforme menées par les cantons (décisions de planification, regroupements hospitaliers, limitation de l'admission des médecins à pratiquer à charge de l'assurance maladie) sont régulièrement limitées par le Parlement fédéral et remises en cause par les tribunaux. Au final, les cantons, qui devraient être les pilotes du secteur sanitaire, deviennent de simples exécutants.

A cette lacune de gouvernance s'ajoute un problème de financement. Le système actuel est fondé sur un financement quasi automatique des prestations. Le regard critique sur la pertinence de ces dernières manque et aucune limite budgétaire n'est fixée, ce qui entraîne une évolution difficilement maîtrisable des coûts.

Face à cette situation de blocage, les directrices et directeurs de la santé et des affaires sociales des cantons latins plébiscitent par exemple une réforme de la démographie médicale par la redistribution des formations en faveur des soins de premier recours, l'implémentation accélérée du dossier électronique du patient et l'élargissement des compétences des professionnels des soins permettant d'économiser des consultations médicales.

15h05

Pas une fatalité, selon la FMH

La Fédération des médecins suisse (FMH) estime que la hausse des primes n'est pas une fatalité. "D'importantes réformes pourraient la freiner, mais elles sont bloquées", regrette-t-elle.

La faîtière appelle de ses voeux l'introduction d'un financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières, de nature à alléger les primes. Médecins, hôpitaux et pharmacies proposent en outre la fixation de marges indépendantes des prix pour les médicaments originaux et les génériques, qui permettrait selon eux d'économiser 250 millions de francs par an.

La FMH s'impatiente en outre de voir aboutir le nouveau tarif médical Tardoc, qui a de quoi "entraîner une collaboration plus efficiente entre les différentes professions de santé".

14h55

Alain Berset: "Je n'ai jamais abandonné"

Au moment de dresser le bilan de ses douze ans à la tête de la Santé, avec des augmentations régulières des primes, Alain Berset dit avoir fait tout ce qu'il a pu, sans avoir jamais eu peur d'être critiqué et en rencontrant des situations un peu difficiles avec ses interlocuteurs.

"La première chose qu'il faut faire, c'est oser aborder les questions qui fâchent de manière assez directe, a poursuivi le Fribourgeois. Le pire qui pourrait arriver, c'est de vivre dans une situation assez 'wohlfühl' où on laisse aller sans trop essayer. Moi, je n'ai jamais abandonné et j'ai toujours essayé de faire avancer les choses."

Ce n'est pas un sentiment d'échec complet

Alain Berset, ministre de la Santé

Alain Berset a relevé que, durant ces 12 ans, il y avait eu des échecs, comme le parcours très difficile des mesures de frein aux coûts au Parlement, mais aussi des succès comme la révision du Tarmed en 2017 ou la révision des prix des médicaments en 2013.

"Ce n'est pas un sentiment d'échec complet", a conclu le socialiste, faisant allusion à un travail sans fin à la Sisyphe. "Il faut avoir beaucoup d'énergie, même dans des situations relativement absurdes, pour ne jamais arrêter. J'ai fait cela pendant 12 ans, avec un bilan mitigé, mais pas que des mauvaises choses."

14h45

La hausse la plus importante depuis dix ans

La hausse des primes annoncée mardi est la plus importante depuis 2010 et la troisième hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996. Elle s'inscrit dans une série d'augmentations successives chaque année depuis 1997.

Depuis 1996, les plus fortes augmentations ont eu lieu en 2002 (+9,7%), en 2003 (+9,6%) et en 2024, 2010 et 1997 (+8,7%).

La prime moyenne de l'assurance maladie est ainsi passé de 138,70 francs en 1997 à 359,50 en 2024.

14h40

Santésuisse juge que des réformes sont indispensables

Le calcul est simple, estime la faîtière des assureurs santésuisse : des coûts plus élevés entraînent des primes plus élevées. Les coûts des médicaments, les soins, la psychothérapie et la physiothérapie ont particulièrement augmenté en 2023, ce qui justifie la hausse de 8,7% en 2024, estime-t-elle.

Reste qu'aux yeux de la faîtière, des réformes sont indispensables, par exemple la baisse des tarifs des laboratoires et des prix des médicaments au niveau des autres pays européens, ainsi que le recours aux génériques. Ces mesures permettraient d'économiser bien plus d'un milliard de francs, estime santésuisse.

Les prix des analyses de laboratoire sont également trop élevés. Dans ce domaine, la même prestation coûte en Suisse plus de deux fois plus cher que dans les autres pays européens. La faîtière préconise des baisses de 10 à 15%.

De nettes améliorations sont encore nécessaires dans la planification de l'approvisionnement par les cantons auprès des hôpitaux ainsi que pour les médecins.

14h30

Des familles jetées dans la précarité, selon la Fédération suisse des Patients

Cette augmentation des primes fera des dégâts sociaux particulièrement importants, avance la section romande de la Fédération suisse des Patient-e-s (FSP). Celle-ci intervient dans un contexte où les assurés et assurées doivent déjà assumer une forte inflation.

Cette hausse survient alors que les Chambres fédérales s’apprêtent à voter un contre-projet sur l’initiative du Parti socialiste sur l’allégement des primes qui est particulièrement défavorable à la Suisse romande, puisque les habitants et les habitantes de Vaud, Neuchâtel, Genève et du Jura ne recevront pas un franc de plus pour les subsides LAMal, et que les moyens prévus pour Fribourg (5 millions) et le Valais (33 millions) sont extrêmement faibles, poursuit la FSP.

Or les cantons romands connaissent les hausses les plus marquées cette année, là où les primes sont déjà les plus élevées, Genève en tête. Dans ce contexte, la FSP craint que cette nouvelle augmentation jette de nombreux assurés dans la précarité, en particulier les familles.

Des personnes pourraient renoncer à se faire soigner, poursuit la FSP: c'est déjà le cas de 15 à 20% de la population.

Cette situation paraît d’autant plus injuste que la hausse des primes est entre autres dictée par la nécessité de reconstituer des réserves perdues sur les marchés financiers, de 1,8 milliard de francs, souligne encore l'organisation de défense de patients. Cette perte est d’ailleurs aussi importante que le déficit de financement dans les prestations en 2022.

Pour parer à cet appauvrissement de pans entiers de la population, la FSP préconise notamment que le cercle des bénéficiaires de subsides soit élargi.

14h20

L'influence des marchés

Autre point important à relever, la chute des marchés (le SMI en particulier) a fait perdre 1,8 milliard de francs aux assureurs dans leurs placements financiers, ont aussi indiqué les autorités durant la conférence de presse.

>> Voir les explications d'Alain Berset sur les réserves des assurances :

Alain Berset évoque les réserves des assurances maladie
Alain Berset évoque les réserves des assurances maladie / L'actu en vidéo / 2 min. / le 26 septembre 2023

Mais à plus long terme, depuis 2012, il faut se rappeler que les placements rapportent en moyenne 250 millions par an aux assureurs, somme qui se répercute favorablement sur les primes, a relevé Philipp Muri, responsable de la Division Surveillance de l'assurance.

14h15

Une "conscience accrue" de la population vis-à-vis de la santé, selon l'OFSP

La hausse des coûts de la santé à l'origine de la nette augmentation des primes en 2024 a d'abord des origines "quantitatives", a expliqué l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) devant les médias. La part des octogénaires a assez fortement augmenté, de même que la demande de soins et les innovations médicales, en plus des effets de rattrapage post-Covid.

L'an dernier et dans la foulée du Covid, les spécialistes ont constaté "une sensibilité et une conscience accrues de la population vis-à-vis de la santé", a déclaré Thomas Christen, directeur suppléant de l'OFSP.

Il en a résulté une hausse des prestations médicales, notamment en physiothérapie, et des coûts plus élevés pour les médicaments, a-t-il ajouté.

En outre, l'effet de rattrapage lié au Covid a fait que nombre d'opérations médicales qui avaient été reportées durant la pandémie ont été effectuées après coup et se répercutent maintenant sur les coûts. Et le Covid lui-même a encore engendré des frais importants ces derniers mois.

A cela s'ajoute le fait que les nombreux changements de caisse maladie effectués fin 2022 ont en partie brouillé les prévisions.

>> Voir les déclarations d'Alain Berset à propos des changements de caisses maladie :

Alain Berset s'exprime sur l'impact financier des changements d'assurances
Alain Berset s'exprime sur l'impact financier des changements d'assurances / L'actu en vidéo / 1 min. / le 26 septembre 2023

14h04

Une "très mauvaise nouvelle pour les ménages", reconnaît Alain Berset

"C'est une hausse très élevée", a reconnu le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset devant la presse, parlant de "très mauvaise nouvelle pour les ménages qui souffrent déjà de la hausse des prix".

Le conseiller fédéral a déclaré que le système de santé était très bon en Suisse et accordait de très bonnes prestations à toutes et tous, mais a reconnu que ce niveau d'accès avait un prix.

"La seule manière efficace de limiter la hausse des primes, c'est d'agir sur les coûts", a ajouté le Fribourgeois, évoquant certaines mesures récentes du Conseil fédéral. "Une certaine maîtrise des coûts est possible sans toucher au catalogue de prestations, mais il y a un moment où il faut modifier les lois pour poursuivre ce travail et, malheureusement, beaucoup de mesures proposées par le Conseil fédéral n'ont simplement pas abouti."

Pour Alain Berset, l'augmentation très forte des primes l'an prochain "montre très clairement que d'autres mesures sont nécessaires pour maîtriser les coûts". Et de lancer un appel à celles et ceux qui discutent actuellement du deuxième volet de maîtrise des coûts.

>> Les explications d'Alain Berset sur l'augmentation des prestations médicales :

L'augmentation des prestations médicales, une cause de la hausse des primes explique Alain Berset
L'augmentation des prestations médicales, une cause de la hausse des primes explique Alain Berset / L'actu en vidéo / 1 min. / le 26 septembre 2023

14h02

Une conséquence de la hausse des coûts

"Cette forte hausse des primes est due aux coûts qui, depuis le deuxième semestre 2021 et en particulier durant cette année, ont davantage augmenté que prévu", indique le Département fédéral de l'intérieur dans un communiqué.

Les coûts de la santé ont en effet augmenté de 6,4% durant le premier semestre 2023 par rapport au premier semestre 2022. Les assureurs s'attendent en outre à une hausse des coûts de 5,3% pour l'année en cours.

Plusieurs facteurs responsables

Comme raisons à la hausse des coûts, le DFI avance en premier lieu l'augmentation des consultations médicales et des prestations ambulatoires en milieu hospitalier ainsi que la hausse des prix des médicaments.

>> Les déclarations d'Alain Berset sur les prix des médicaments :

Alain Berset sur la hausse de la consommation de médicaments en Suisse
Alain Berset sur la hausse de la consommation de médicaments en Suisse / L'actu en vidéo / 3 min. / le 26 septembre 2023

Les services d'Alain Berset font aussi état d'autres éléments: le vieillissement démographique, de nouveaux médicaments et traitements et une augmentation des prestations de santé, par exemple les prestations ambulatoires en milieu hospitalier ou en physiothérapie.

Effets de rattrapage

De forts effets de rattrapage liés à la pandémie ont en outre entraîné des coûts plus élevés, note le DFI, avec pour conséquence une perte liée aux activités d'assurance de 1,7 milliard en 2022. A cela s'ajoutent des pertes sur placement de 1,8 milliard dues à une situation difficile sur les marchés des capitaux.

Cette forte hausse des primes est due aux coûts qui, depuis le deuxième semestre 2021 et en particulier durant cette année, ont davantage augmenté que prévu

Département fédéral de l'intérieur

Enfin, est-il précisé, il existe un "retard à rattraper", parce que les primes ne couvriront pas les coûts de 2023, car ces derniers sont plus élevés que prévu et parce que les assurés qui ont changé d'assurance de base ou choisi une franchise plus élevée pour réduire la charge des primes ont été plus nombreux que la moyenne habituelle.

"L'augmentation des primes 2023 (5,4% en moyenne) a été moins forte qu'annoncé (6,6%). Les recettes de primes moins élevées qui en découlent doivent donc être intégrées dans le calcul de l'évolution des primes 2024", conclut le DFI.

Maîtriser les coûts

Pour le département en charge de la Santé, "la maîtrise des coûts demeure donc une tâche centrale pour tous les acteurs impliqués afin que les prestations de santé restent financièrement supportables pour la population".

14h00

Une hausse moyenne de 8,7%

L'augmentation moyenne des primes maladie atteindra 8,7% en 2024, ce qui correspond à une hausse moyenne de 28,70 francs par mois, a annoncé le Conseil fédéral dans un communiqué. La prime moyenne mensuelle atteindra ainsi 359,50 francs l'an prochain.

>> L'intervention d'Alain Berset devant la presse :

La présentation de la hausse des primes maladie en 2024 par Alain Berset
La présentation de la hausse des primes maladie en 2024 par Alain Berset / L'actu en vidéo / 4 min. / le 26 septembre 2023

La prime moyenne des adultes augmente de 33,80 francs (+8,6%) pour atteindre 426,70 francs et celle des jeunes adultes de 23,80 francs (+8,6%) pour atteindre 300,60 francs. La prime moyenne des enfants est en hausse de 8 francs (+7,7%) et s’élève à 111,80 francs.

>> Les explications dans Forum :

Hausse des primes maladie de 8,7% en moyenne
Hausse des primes maladie de 8,7% en moyenne / Forum / 2 min. / le 26 septembre 2023

Les prévisions

Les primes devraient augmenter de 8 à 9%, selon Santésuisse

Selon les données de l'association des assureurs maladie Santésuisse, les coûts de la santé ont augmenté de 7,9% au premier semestre 2023. Les coûts par assuré ont atteint 2240 francs dans l'assurance de base obligatoire, soit une hausse de 6,4% par rapport à l'année précédente. Le fait que l'augmentation par tête soit inférieure à celle des coûts totaux s'explique par la croissance démographique.

Santésuisse s'attend à une explosion des primes de 8 à 9% pour 2024. Comme les primes sont fixées au niveau cantonal, les augmentations de coûts particulièrement fortes dans les cantons d'Uri (13,3%) et de Berne (10,5%) laissent présager des hausses de primes importantes dans ces cantons.

>> Lire : Les caisses maladie s'attendent à une hausse moyenne des primes de presque 10%

>> Voir les explications de Forum sur les réserves des assurances maladie :

Les réserves insuffisantes des assurances maladie entraîneront une hausse des primes
Les réserves insuffisantes des assurances maladie entraîneront une hausse des primes / Forum / 3 min. / le 25 septembre 2023

Changement de caisse

Deux tiers des Suisses ne vont pas changer, d'après un sondage

Malgré des primes toujours plus élevées, seul un tiers des Suisses envisagent de changer d'assurance maladie. Et moins d'un cinquième ont déjà fait le pas pour faire des économies, selon un sondage en ligne du comparateur Hellosafe publié mardi.

Un changement de caisse peut pourtant permettre de faire d'importantes économies, écrit Hellosafe sur son site internet.

Malgré cela, 62,6% des interrogés disent ne pas envisager un changement. Ils expliquent soit ne pas être motivés à le faire (37%), soit être satisfaits de leur caisse actuelle (25,6%).

377 francs par mois en moyenne

En 2023, les assurés ont déboursé en moyenne 377 francs pour leurs primes chaque mois. De plus, ils ont payé 1304 francs à titre de franchise.

Le sondage a été réalisé sur le site internet Hellosafe entre le 31 juillet et le 11 septembre 2023. Au total, 729 Suissesses et Suisses y ont participé.

En chiffres

Où partent les primes?

Entre 2000 et 2020, les coûts de la santé ont pratiquement doublé. Les primes d'assurances les financent à hauteur de 31,5 milliards de francs par an. La RTS a analysé les dépenses pour comprendre où va cet argent.

>> Pour en savoir plus, lire : Assurances-maladies: où partent vos primes ?

Les médicaments sont la prestation de santé la plus gourmande. Plus de trois mois de primes sont nécessaires pour assurer les 6,6 milliards dépensés par an, selon les chiffres de 2020.

En deuxième position figurent les visites dans le cadre d'un suivi médical ordinaire, les consultations de spécialistes et les opérations en ambulatoire. L'assuré cotise 58 jours de primes à 13,15 francs pour ces soins. Le montant est pratiquement équivalent en ce qui concerne les hospitalisations, soit 760 francs annuellement.

Enfin, il faut une cinquantaine de jours de cotisations pour financer les consultations en urgence, chez un médecin ou à l'hôpital.

Au total, les médicaments, les hospitalisations et les interventions, urgentes ou non, absorbent donc huit mois de cotisations obligatoires au système de santé. Le solde comprend par exemple les coûts administratifs, les soins en EMS ou les outils de diagnostic.

>> Sur le même sujet, lire : La hausse des coûts de la santé devrait entraîner celle des primes

Revenu des ménages

Les primes représentent 14% en moyenne

Alors qu'elle ne devait pas dépasser les 8% du revenu des ménages par année aux origines de la LAMal en 1996, la part du budget consacrée aux primes maladie des ménages romands se monte en moyenne à 14% pour des ménages de condition modeste, malgré les subsides.

C'est ce que démontre une étude de 2020 de l'OFSP sur la part du revenu des ménages consacrée aux primes d'assurance maladie ou taux d'effort qui se base sur les chiffres de 2020 pour 7 ménages-types et sur des primes standard, subsides pour les ayants droit compris.

Dans le pire des cas, elle grimpe à 27% pour des couples sans enfants dans le canton de Neuchâtel.

>> Lire l'article complet : Les primes maladie amputent jusqu'à 27% du revenu des ménages

>> Revoir les sujet du 19h30 :

Les primes d’assurance-maladie pèsent de plus en plus sur le budget des Suisses. Témoignages
Les primes d’assurance-maladie pèsent de plus en plus sur le budget des Suisses. Témoignages / 19h30 / 3 min. / le 19 septembre 2023

>> Lire aussi : Primes d'assurance maladie: "Le coût d'une hospitalisation? Ma plus grande peur"

Débats politiques

Lier les primes au revenu?

Parmi les propositions des partis politiques pour limiter la hausse des primes d'assurance maladie, celle du PS est de les lier aux salaires. Par exemple, deux personnes de 45 ans, domiciliées dans le même canton, qui ont choisi le même modèle d’assurance auprès de la même compagnie avec la même franchise, l’une dirige une multinationale et l’autre est employée par sa commune. Avec le système en place, les deux déboursent exactement le même montant pour leur assurance maladie à la fin du mois. C’est la prime par tête. Un système injuste pour la gauche, car il ne tient pas compte de la disparité des moyens financiers.

Le Parti socialiste a tenté d’appliquer la logique de l’impôt fédéral direct à l’assurance maladie. Et selon ses calculs, échelonner les primes en fonction du revenu permettrait de faire baisser la facture pour 85% de la population. Les ménages les plus riches, par contre, verraient leurs primes augmenter.

>> Ecouter le développement du sujet dans La Matinale :

Le ministre de la Santé annoncera les nouvelles primes d'assurance maladie ce mardi 26 septembre après-midi (image d'illustration). [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Jour J pour l'annonce des augmentations des primes d'assurance maladie / La Matinale / 1 min. / le 26 septembre 2023

Selon Reto Wyss, secrétaire central à l'Union syndicale suisse, c'est indispensable pour rendre le système plus équitable: "La Suisse est une exception négative sur le plan international parce que, pratiquement partout dans l'OCDE, la plus grande partie de l'assurance de base est financée via des recettes prélevées par rapport au revenu".

"Le financement de l'assurance sociale en Suisse n'est pas du tout social et il faut que ça change", martèle-t-il.

>> Ecouter l'intégralité des arguments de Reto Wyss :

Reto Wyss, secrétaire centrale à l'Union syndicale suisse. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
Nouveau tarif des primes d'assurance maladie: Reto Wyss, secrétaire central à l'Union syndicale suisse / La Matinale / 1 min. / le 26 septembre 2023

"La santé déjà indexée"

Cette proposition ne convainc pas le directeur romand d'Avenir Suisse Jérôme Cosandey. "Le financement des soins est d'une part payé par les primes maladie et d'autre part par l'Etat, donc par l'impôt. Si vous séjournez à l'hôpital par exemple, plus de la moitié des coûts sont pris en charge par le canton. Donc si l'on souhaite regarder la contribution des Suissesses et des Suisses aux frais de santé, il faut regarder ce qu'ils paient comme primes maladie, parfois réduites par les subsides, et comme impôts."

Selon Jérôme Cosandey, les montants payés dépendent donc déjà des revenus des ménages. "Les plus modestes ne participent presque pas ni aux primes à cause des subsides, ni aux impôts. Et, bien que les primes soient plafonnées, les plus riches paient plus d'impôts, donc ils participent plus aux frais de santé".

>> Ecouter l'interview de Jérôme Cosandey dans La Matinale :

Jérôme Cosandey est directeur romand d'Avenir Suisse et responsable de recherche en politique sociale. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
Augmentation des primes d'assurance maladie: le directeur romand d'Avenir Suisse, Jérôme Cosandey / La Matinale / 1 min. / le 26 septembre 2023

Au Parlement

A chaque parti politique sa proposition

Le Surveillant des prix Stefan Meierhans a réuni le 5 septembre à Berne les organisations suisses de consommateurs lors d'un sommet sur le pouvoir d'achat. Parmi les mesures concrètes demandées figurent le gel des primes maladie.

>> Lire à ce sujet : Un gel des primes maladie demandé lors d'un sommet sur le pouvoir d'achat

Au Parlement, les solutions envisagées pour réduire les primes divergent selon les partis politiques. La gauche et les écologistes s'attaquent aux primes.

>> Ecouter toutes les propositions du Parlement dans le 19h30 du 19 septembre :

Au Parlement, le problème de la hausse des primes d’assurance-maladie est connu mais les solutions divergent selon les partis politiques
Au Parlement, le problème de la hausse des primes d’assurance maladie est connu mais les solutions divergent selon les partis politiques / 19h30 / 2 min. / le 19 septembre 2023

"On a une initiative pour bloquer le poids des primes pour qu'il ne dépasse pas 10% du revenu", explique Samuel Bendahan, conseiller national (PS/VD). "On pourrait aussi mettre en place une caisse unique avec des primes en fonction du revenu, ce qui bénéficierait à 95% de la population."

"Les primes augmentent plus que les coûts, donc il faut vraiment maintenant les geler et les répartir en fonction du revenu. C'est inacceptable que ce soit le seul impôt qui n'ait pas de plafond", accuse la conseillère nationale Léonore Porchet (Verte/VD).

>> Ecouter le sujet du 12h30 sur la mobilisation des partis sur les primes en cette année d'élection fédérale :

Les partis se mobilisent avant l’annonce de la hausse des primes maladies. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Les partis se mobilisent avant l’annonce de la hausse des primes maladies / Le 12h30 / 1 min. / le 26 septembre 2023

>> Lire aussi : Les partis multiplient les propositions pour faire baisser les primes maladie

A travers une initiative populaire, Le Centre propose d'introduire un frein aux coûts, qui devraient évoluer en fonction de l'économie et des salaires. Pour les Vert'libéraux, il faut changer la manière de calculer les primes d'une année sur l'autre.

Au PLR, on plaide pour une assurance maladie "low cost". L'idée est de remplacer l'actuel système à prime fixe, donnant droit à l'assuré "de tout consommer", par un menu "à la carte".

L'UDC plaide pour une meilleure gouvernance des coûts de la santé. La conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli propose de son côté de supprimer carrément l'obligation de s'assurer.

>> Pour aller plus loin, écouter le débat Forum sur comment limiter l'augmentation des primes et les coûts de la santé? :

Débat électoral  - Comment limiter l’augmentation des primes et les coûts de la santé?
Débat électoral - Comment limiter l’augmentation des primes et les coûts de la santé? / Forum / 47 min. / le 31 août 2023

>> Pour en savoir plus, lire : La faîtière des hôpitaux H+ demande une discussion sur le financement du système de santé

L'avis du Conseil fédéral

Alain Berset: "Cela va partout dans la mauvaise direction"

Début septembre, le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset avertissait dans une interview diffusée par les journaux alémaniques de Tamedia que la croissance des coûts dans le domaine de la santé se poursuivra l'année prochaine.

"Cela va partout dans la mauvaise direction", lâche le socialiste, qui quittera le Conseil fédéral à la fin de l'année.

Le conseiller fédéral critique les cantons et les groupes d'intérêts actifs dans le domaine de la santé, qui "s'entraident pour empêcher les réformes visant à réduire les coûts". "Chacun défend sa part du gâteau de 45 milliards" de francs, lance-t-il. Il estime en outre que les différences entre les aides cantonales visant à réduire les primes sont trop grandes.

>> Pour aller plus loin, lire : Alain Berset: avec l'assurance maladie, "ça va partout dans la mauvaise direction"