Ces observations ressortent d'une enquête, publiée lundi, auprès de 3000 personnes dans les trois régions linguistiques par l'Institut Gottlieb Duttweiler (GDI), sur mandat du pour-cent culturel de Migros. Elle est présentée comme la première grande enquête du genre en Suisse.
Dans l'ensemble, avec quatre amis proches en moyenne par personne, la statistique suisse est comparable à celle des Etats-Unis ou de l'Allemagne. Dans le détail, les Romands interrogés comptent plus d'amis proches (4,3 en moyenne) que les Alémaniques (3,9) et les Tessinois (3,3). En revanche, les Tessinois ont un cercle de connaissances plus large (50 personnes, contre 41 en Romandie et 30 outre-Sarine) que leurs concitoyens et voient leurs amis proches plus souvent.
Près des trois quarts des personnes sondées sont satisfaites de leurs relations amicales. Mais la moitié d'entre elles regrettent de ne pas avoir assez de temps pour les entretenir.
A relever que les jeunes sont les plus entourés, ce qui ne les empêche pas de se sentir seuls. Les moins de 35 ans voient plus régulièrement leurs amis que leurs aînés. Le soutien émotionnel est aussi plus fort et ils échangent davantage sur leurs sentiments. Malgré cela, une personne sur trois chez les moins de 35 ans se sent seule, contre 13% seulement chez les retraités.
Briser la glace
Les auteurs relèvent le fort engagement dans les amitiés, qui fait par exemple qu'on se sent obligé de rendre la pareille en cas d'invitation. Des notions de devoirs et de loyauté qui sont très fortes en Suisse. C'est d'ailleurs ce qui fait la spécificité des amitiés de notre pays, selon l'étude.
Conséquence, "il est difficile d’entrer dans les cercles amicaux suisses, car ils sont relativement statiques et reposent sur des relations de longue date", notent les auteurs. La loyauté et la confiance mettent du temps à se cultiver, et les nouveaux arrivés en Suisse déplorent régulièrement un manque de spontanéité pour nouer des liens. Des pays comme le Danemark, la Norvège ou les Pays-Bas présentent un profil comparable.
Le moyen le plus sûr de construire une amitié est de partager un même sens de l'humour (79% des cas). Le contexte culturel (origine, langue maternelle) s'avère, lui, décisif dans 71% des cas. Un niveau de formation comparable est aussi un facteur clé (64%), contrairement par exemple au style vestimentaire et à la situation économique, décisifs seulement dans 41% et 46% des cas.
Sorties et partage
Les trois activités principales partagées entre amis sont les sorties pour par exemple aller manger ou faire la fête, les discussions où l'on "refait le monde" et celles où l'on partage ses sentiments, ses peurs, ses faiblesses. Ces trois domaines sont prioritaires pour plus de 80% des sondés, avec de faibles différences entre les sexes, si ce n'est que les femmes tendent à discuter plus souvent de leurs sentiments que les hommes.
cab avec ats
L'utilisation d'internet
Internet est souvent utilisé "avec succès" pour se faire des amis. Il peut paraître étonnant que les rencontres en ligne débouchant sur une amitié soient plus fréquentes chez les plus de 35 ans (13%) que parmi les plus jeunes (9%). Ce taux atteint même 17% chez les retraités. Du reste, la moyenne d'âge sur des sites de rencontres comme Parship tourne autour de quarante ans.
Les plus jeunes ont a priori davantage d'opportunités de se rencontrer directement "sur le terrain". Les lieux les plus propices pour créer des amitiés sont l'école et le travail (43,7%), la famille et les connaissances (23,5%), puis le sport (10%). Les amitiés nées en ligne représentent moins de 3%.