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Des critiques au sein de l'UE sur l'exclusion de la Suisse d'Erasmus

Des critiques au sein de l'UE sur l'exclusion de la Suisse d'Erasmus se font entendre. [KEYSTONE - CHRISTIAN BEUTLER]
Des critiques au sein de l'UE sur l'exclusion de la Suisse d'Erasmus se font entendre / Le Journal horaire / 20 sec. / le 4 mai 2023
Des voix au sein du Parlement européen critiquent l'exclusion de la Suisse du programme de mobilité européen "Erasmus+". Estimant que les jeunes ne doivent pas faire les frais des blocages au niveau politique entre Berne et Bruxelles, elles plaident pour de nouvelles négociations sur ce dossier.

La commission des affaires étrangères du Parlement européen a discuté la semaine dernière à Bruxelles d'un rapport sur les relations entre la Suisse et l'Union européenne, rédigé par l'eurodéputé autrichien Lukas Mandl.

Loin de l'attention du public, ce document a également été débattu au sein de la commission de la culture, de l'éducation, de la culture et des sports du Parlement. Le dossier "Erasmus+" concerne en effet directement cet organe.

Certes, la Suisse a également eu droit à sa volée de bois vert. L'Allemande Sabine Verheyen, présidente de la commission, a déclaré en ouverture que si les relations entre Berne et Bruxelles sont difficiles, c'est avant tout à cause de la Confédération.

>> Relire : Le Conseil fédéral veut relancer les négociations avec l'UE d'ici fin juin

"Une grosse erreur"

Mais le rapporteur de la commission de la culture Hannes Heide s'est montré très clair: il est inapproprié de s'entêter à défendre son propre point de vue dans le domaine de l'éducation, a-t-il déclaré, en référence au lien établi par la Commission de Bruxelles entre différents dossiers et les questions institutionnelles.

Les jeunes ne doivent pas devenir le jouet d'intérêts politiques

Hannes Heide, rapporteur de la commission de la culture

"Les jeunes ne doivent pas devenir le jouet d'intérêts politiques", a lancé le social-démocrate autrichien. Ce lien entre les questions institutionnelles et "Erasmus+" est une "grosse erreur", a renchéri la députée allemande Petra Kammerevert. La Suisse a un excellent système éducatif, "les deux parties en profiteraient", a-t-elle fait valoir.

Filip Van Depoele, représentant de la Commission européenne, a dit regretter la situation actuelle. Mais ""Erasmus+" est considéré comme un élément du paquet global dans la relation avec la Suisse", a-t-il souligné.

Londres pas à la même enseigne

Sa déclaration n'a pas semblé satisfaire Sabine Verheyen. C'est justement là le problème, a-t-elle dit, trouvant "très étrange" que l'UE ait "des stratégies différentes avec la Suisse et le Royaume-Uni au détriment du programme Erasmus".

La présidente faisait référence à la position de Bruxelles qui accuse la Suisse de faire du "cherry picking", ou "picorage", dans le dossier européen. La Commission utilise "Erasmus+" comme moyen de pression sur Berne.

Or, lors des négociations sur le Brexit, Bruxelles n'a pas posé de conditions aux Britanniques pour leur participation à ce programme d'échanges. L'UE n'a pas fait non plus de lien avec l'accord sur le Brexit. Et ce, bien que Londres ne souhaitait participer qu'à certaines parties d'Erasmus. Finalement, les Britanniques ont abandonné leur souhait de participer à ce dernier.

Une génération avec l'idée européenne

Si un pays comme la Suisse est prêt à participer pleinement à Erasmus+, Sabine Verheyen peine à comprendre "que nous ne soyons pas d'accord sur les autres domaines économiques".

De plus, les programmes d'échanges forment une nouvelle génération "qui peut faire l'expérience de l'idée européenne", a insisté la présidente. La commission de la culture "regrette profondément" que les intérêts commerciaux aient le dessus, a encore dit l'Allemande.

Les entretiens exploratoires en cours entre la Suisse et l'UE "constituent une base acceptable pour une recommandation rapide" d'entamer des négociations sur "Erasmus+"

Extrait du projet d'avis de la commission de la culture du Parlement européen

Dans son projet d'avis, la commission de la culture conclut ainsi que les entretiens exploratoires en cours entre la Suisse et l'UE "constituent une base acceptable pour une recommandation rapide" d'entamer des négociations sur "Erasmus+".

Les députés de la commission avaient jusqu'à jeudi midi pour déposer des amendements. L'avis devrait ensuite être intégré dans le rapport définitif, qui devrait être adopté par le Parlement européen en septembre.

ats/vajo

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Soutien d'associations européennes

Seize organisations européennes de jeunesse et d'éducation demandent la réassociation de la Suisse au programme européen Erasmus+.

Dans un communiqué publié jeudi, le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), ESN Suisse, Intermundo et l'UNES se disent reconnaissants du soutien reçu par ces organisations européennes.

"Ces déclarations démontrent l'importance du programme Erasmus+ pour faciliter les échanges interculturels, le partage des connaissances, la promotion des valeurs démocratiques et européennes, la responsabilisation et le leadership des jeunes, et l'encouragement à la citoyenneté active", résument les principales sociétés d'étudiants suisses.

"De nombreux jeunes" empêchés

Concrètement, le retrait de la Suisse au programme Erasmus+ rend le processus de mobilité moins inclusif et moins fluide. L'absence de notre pays au sein du programme "empêche de nombreux jeunes de participer à des programmes d'échanges à destination ou en provenance de notre pays. Ces échanges sont actuellement onze fois moins nombreux que pour l'Autriche", précise le communiqué.

"La Confédération doit relancer les négociations sur Erasmus+, poursuivent les jeunes, en demandant à la Commission européenne d'associer pleinement les pays non membres de l'UE qui souhaitent participer au programme."