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Depuis dix ans, Zoe4Life lutte pour mieux prendre en charge les cancers pédiatriques

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Natalie Guignard, fondatrice de l’association anticancer Zoé4Life
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Natalie Guignard, fondatrice de l’association anticancer Zoé4Life / La Matinale / 12 min. / le 2 mai 2023
Le cancer est la première cause de décès par maladie chez l'enfant. Malgré cela, les thérapies spécifiquement dédiées aux plus jeunes manquent cruellement. Pour Natalie Guignard, présidente de l'association Zoe4Life, il faut mettre davantage de moyens dans la recherche.

Chaque année, environ 300 cancers sont diagnostiqués chez des enfants, avec un taux de guérison d'environ 80%. En 2013, la fille de Natalie Guignard n'a pas eu cette chance et décède d'un neuroblastome, l'une des tumeurs les plus fréquentes chez les jeunes enfants.

Sa mère co-fonde alors Zoe4Life, une association dédiée spécifiquement à la lutte contre le cancer pédiatrique. Invitée mardi dans La Matinale de la RTS, elle a salué les progrès accomplis ces dix dernières années, mais souligne un manque d'accessibilité en Suisse pour les nouveaux traitements, en comparaison de pays plus peuplés.

Par ailleurs, pour certains type de cancers rares, il n'y a encore aucun espoir de guérison. "C'est pour ceux-là qu'on aimerait que les choses bougent", lance Natalie Guignard.

>> Sur le même sujet : Nicolas von der Weid: "La recherche autour du cancer de l'enfant a besoin de plus de moyens"

Immunothérapies encore peu utilisées

"Le cancer de l'enfant est rare par rapport à celui de l'adulte, c'est seulement 1% des cancers", explique-t-elle. "Donc pour les entreprises pharmaceutiques, ce n'est pas très intéressant. Si on en est aujourd'hui à 80% de guérison, c'est grâce à la recherche académique et aux médecins-chercheurs dans les hôpitaux. C'est ce type de projets que l'on soutient et que l'on finance."

Ces dix dernières années, la principale avancée en matière de traitements a été l'immunothérapie par lymphocytes T (CAR T-cells), un type de traitement qui permet au système immunitaire d'attaquer lui-même les cellules cancéreuses.

>> Écouter l'émission scientifique CQFD sur l'évolution de ces traitements :

Des cellules du système immunitaire attaquant des cellules cancéreuses. [Depositphotos - Spectral]Depositphotos - Spectral
Dix ans d'évolution de l'immunothérapie / CQFD / 20 min. / le 15 novembre 2022

"Malheureusement, ces traitements ne sont pas encore utilisés en première ligne, mais uniquement chez les enfants atteints de leucémies, et en dernier recours", déplore Natalie Guignard. "C'est dommage... Oui, la leucémie est le cancer le plus fréquent chez l'enfant, mais il y a énormément d'autres types de cancers, comme les tumeurs cérébrales", ajoute-t-elle.

"Survivre n'est pas suffisant"

Elle note aussi que les traitements sont encore très lourds à supporter, car ils n'ont pas été développés spécifiquement pour les enfants. "Ils ont été développés pour les adultes puis adaptés. Et malheureusement, ils laissent beaucoup de séquelles", regrette-t-elle.

"Un enfant a toute une vie devant lui. Nous estimons que survivre n'est pas suffisant, il faut vraiment qu'ils puissent avoir une meilleure qualité de vie" en matière de suivi médical, mais aussi de réinsertion sociale, plaide la co-fondatrice de Zoe4Life.

"La priorité, c'est des traitements moins toxiques, moins lourds. Les enfants auraient moins de séquelles, passeraient moins de temps à l'hôpital, ça engendrait moins de problématiques pour les parents. C'est très simpliste, mais si on mettait plus d'argent et d'énergie à développer de nouvelles thérapies spécifiquement pour les enfants, on pourrait éviter beaucoup de problèmes."

Pour favoriser l'accès à ces nouveaux traitements, Natalie Guignard prône notamment le développement de centres médicaux spécifiques par type de cancer en Suisse. Il en existe déjà neuf.

Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Texte web: jop

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Une médecine à la pointe, mais pas de fonds spécifique

Dans une interview donnée au journal Le Temps en février 2022, la directrice de la faîtière "Cancer de l'enfant en Suisse" Valérie Braidi-Ketter soulignait qu'il n'existait pas de fonds spécifique dédié à la recherche sur les cancers pédiatriques en Suisse, alors que c'est le cas dans d'autres pays, comme la France.

"C'est triste, on est un pays à la pointe en médecine. Et quand on voit que le CHUV est devenu un centre de renommée internationale en matière d'immunothérapie, c'est important de ne pas oublier les enfants", commente Natalie Guignard.

>> Lire : Un appareil de pointe pour lutter contre le cancer sera installé à Lausanne