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L'armée veut plus d'aumôniers pour répondre à une demande en hausse

Armée suisse recherche aumôniers militaires
Armée suisse recherche aumôniers militaires / 19h30 / 4 min. / le 16 avril 2023
Sur ordre de l'armée, l'aumônerie militaire suisse veut augmenter ses effectifs de 41% pour passer de 171 aumôniers à 242. De quoi apporter un accompagnement et une écoute réconfortante de plus en plus sollicités dans les casernes.

Place de tir Pré de Blonay, à quelques kilomètres de Moudon. Coups de feu, tenues de camouflage et garde-à-vous. Pour Cédric Crettenand, c'était journée de tir au programme. Mais la recrue vit aussi un drame personnel.

Face aux difficultés qu'il rencontre, pouvoir s'exprimer et être écouté apparaît primordial. C'est ce qu'apporte l'aumônier militaire, avec qui le jeune homme a un premier entretien ce jour-là. Un entretien qui en amènera certainement d'autres.

"Je me sens beaucoup mieux. On voit qu'on est compris, qu'on n'est peut-être pas le seul à avoir ce problème, qu'il y a des gens pour nous aider", a confié Cédric Crettenand dimanche dans le 19h30 de la RTS. L'aumônier qui l'a écouté, Daniel Rüfenacht, le sait bien. Il a commencé sa mission à Moudon en janvier. Depuis, francophones comme germanophones n'hésitent pas à frapper à sa porte.

Crise sanitaire

Parler, être écouté en toute confidentialité, ce besoin a été mis en lumière pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Pendant six semaines, les recrues n'avaient pas pu rentrer chez elles et avaient vécu des situations douloureuses dans des hôpitaux ou des EMS. Les aumôniers avaient alors été appelés à la rescousse. Mais ils sont souvent trop peu nombreux.

Pour anticiper ces problèmes d'effectifs et répondre à la demande, l'armée - qui compte aujourd'hui 172 aumôniers - a annoncé vouloir engager plus de 70 personnes supplémentaires.

Elargir ses horizons

Pour trouver de nouvelles candidates ou candidats, elle n'hésite pas à élargir ses horizons. Si le prérequis nécessaire pour devenir aumônier demeure d'avoir une formation en théologie ou en assistance spirituelle, l'aumônerie militaire suisse ne limite désormais plus ce rôle aux seuls catholiques ou protestants.

On peut trouver d'autres profils dans les Eglises qui, dès le départ, étaient les partenaires uniques de l'aumônerie de l'armée ou dans d'autres communautés religieuses

Noël Pedreira, remplaçant du chef de l'Aumônerie de l'armée suisse

L'aumônier du stand de tir Pré de Blonay en est un exemple. Pasteur évangélique, Daniel Rüfenacht, qui rêvait de cette fonction depuis 2005, a dû attendre 2023 pour que cela devienne réalité. Pour lui, il est essentiel que les aumôniers s'adressent à tout le monde.

"On a des catholiques, des réformés, des gens d'aucune confession, mais aussi des musulmans, des juifs, et ils ont besoin d'être rejoints avec leur spécificité", estime-t-il.

Soutien nécessaire

L'entraide n'a pas de religion. Pour l'armée, c'est aussi un moyen d'éviter que certaines recrues jettent l'éponge.

"En allant le voir la première fois, j'étais très très perdu, prêt à abandonner. Aujourd'hui, je suis prêt à me motiver pour terminer mes 18 semaines, et me dire que je pourrai être fier d'avoir fait mon service", confie une autre recrue, Bastien Hurter.

Peu connus du grand public, les services de l'aumônerie militaire font leur place en Suisse. Actuellement, onze personnes suivent la formation.

Reportage TV: Gianluca Agosta
Adaptation web: jgal

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