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Thomas Boyer: "Il faut une task force sur le système de santé suisse"

Thomas Boyer, directeur de l'assurance Groupe Mutuel, réagit à la hausse des primes et des coûts de la santé
Thomas Boyer, directeur de l'assurance Groupe Mutuel, réagit à la hausse des primes et des coûts de la santé / 19h30 / 3 min. / le 6 mars 2023
Le coeur du problème de notre système de santé est la hausse continue des coûts sans action politique majeure pour les faire baisser, estime lundi dans le 19h30 Thomas Boyer, directeur général du Groupe Mutuel. "Il faut une task force pour prendre des mesures".

"Voilà un exemple de cette inaction: depuis 13 ans, on discute au Parlement du financement des hôpitaux. Cela ne peut pas continuer, on doit absolument accélérer notre capacité à prendre des mesures sur les coûts. J'en appelle aux acteurs du système de santé – les hôpitaux, les médecins, les cantons, la Confédération, les assureurs – à s'asseoir autour de la table pour définir des mesures ensemble. On a eu une task force pendant la pandémie, ayons une task force sur un sujet aussi essentiel que celui de la santé", a plaidé dans le 19h30 Thomas Boyer, directeur général de la compagnie d'assurance Groupe Mutuel.

"Il faut arrêter de se renvoyer la balle, on a une responsabilité commune sur l'évolution de notre système de santé", insiste-t-il, relevant que les assurances n'ont pas tous les pouvoirs. "Nous sommes garants de la bonne applicabilité du cadre réglementaire. Nous faisons des contrôles qui permettent de générer 10% d'économies dans le système. Si nous ne les faisions pas, les primes seraient 10% plus élevées".

>> Pourquoi nos primes d'assurance maladie sont-elles si chères? :

Pourquoi nos primes d'assurance maladie sont-elles si chères? Tour d'horizon des coûts de la santé qu'elles financent.
Pourquoi nos primes d'assurance maladie sont-elles si chères? Tour d'horizon des coûts de la santé qu'elles financent. / 19h30 / 2 min. / le 6 mars 2023

Comparant la situation au réchauffement climatique – "il y a un moment donné où c'est minuit moins une et on est à minuit moins une" – Thomas Boyer a renouvelé son appel à des mesures.

Rôle des urgences à revoir

Il faut par exemple redéfinir les points d'entrée dans le système, plaide-t-il. "Ce n'est pas le rôle des urgences d'être – pour une bonne partie de la population – le point d'entrée dans le système de santé".

>> Voir le reportage dans le service des urgences neuchâtelois :

Émission spéciale sur notre système de santé: immersion dans le service des urgences neuchâtelois avec le personnel médical et infirmier de nuit
Émission spéciale sur notre système de santé: immersion dans le service des urgences neuchâtelois avec le personnel médical et infirmier de nuit / 19h30 / 2 min. / le 6 mars 2023

"On a dévalorisé le métier de généraliste au profit des spécialistes. Aujourd'hui, on a davantage de spécialistes que de médecins généralistes en Suisse, ce n'est pas logique", a-t-il relevé. Pour valoriser à nouveau le métier de généraliste, "il faudra probablement les payer davantage, mais il faudra aussi revoir la formation".

>> Voir l'exemple de Fribourg qui a lancé en 2019 un master orienté vers la médecine de famille :

Fribourg a lancé en 2019 un master orienté vers la médecine de famille pour assurer la relève de médecins généralistes
Fribourg a lancé en 2019 un master orienté vers la médecine de famille pour assurer la relève de médecins généralistes / 19h30 / 2 min. / le 6 mars 2023

Trop d'hôpitaux en Suisse

La Suisse compte 570 instituts hospitaliers sur tout le territoire. "C'est la plus forte densité d'Europe après la France, et c'est 3 fois plus qu'au Danemark", a encore expliqué Thomas Boyer. "Les 3/4 de la population ont le choix entre 8 structures hospitalières, c'est beaucoup trop et cela coûte cher. De plus, ce n'est pas un gage de qualité, 50% des hôpitaux aujourd'hui n'ont pas assez d'opérations dans un certain nombre de domaines pour garantir la qualité", fait-il encore valoir.

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: France-Anne Landry

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