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A l'âge de la retraite, rester propriétaire de sa maison peut s'avérer plus compliqué

Une personne âgée regarde par la fenêtre dans le quartier de Kennedy, une des zones de Bogota qui connaît un grand nombre de contaminations au Covid-19. Colombie, le 3 juin 2020. [Raul Arboleda - AFP]
L'éclairage d'actualité / La Matinale / 3 min. / le 1 février 2023
L'arrivée à l'âge de le retraite marque souvent une nette baisse du revenu. Une réalité qui peut poser des problèmes pour les propriétaires. Le risque: que les charges liées à l'hypothèque dépassent le tiers du nouveau revenu et que les exigences bancaires ne soient plus remplies. Certaines personnes se retrouvent ainsi forcées à vendre leur bien.

A Vernier, dans le canton de Genève, Maryline a acheté une maison il y a plus de 20 ans. Dans 3 ans, elle sera toutefois à la retraite et sa banque l'a déjà prévenue: son dossier devra être réexaminé. Si elle n'est plus jugée solvable, elle devra rembourser une partie de sa dette ou tout simplement vendre.

Une situation difficile avec une retraite qui s'annonce plutôt maigre et une partie du deuxième piller déjà investi lors de l'achat de la maison. "Il n'y aucune empathie, aucun effort. Je suis une bonne cliente. J'ai toujours payé mes charges à terme, sans aucun arriéré. Mais c'est 'débrouillez-vous, c'est comme ça, point barre'. C'est dur, car c'est beaucoup de souvenirs. Mais je m'y fais petit à petit. J'accepte l'idée qu'il faut que je change et je prends ça comme un nouveau départ", témoigne-t-elle dans La Matinale.

Pour tenter de trouver une solution, Maryline s'est tournée vers un autre établissement mais elle a reçu la même réponse. Ses revenus seront trop bas. Beaucoup de personnes qui arrivent à la retraite voient leur niveau de vie chuter. Une personne seule de moins de 65 ans dispose en moyenne de 6500 francs par mois. Arrivée à le retraite, elle touchera 1800 francs de moins.

Des banques plutôt flexibles?

La plupart des banques et des assurances contactées affirment pourtant faire preuve de souplesse. Elles disent tolérer ces changements de situation, du moment que les factures sont payées. Ce n'est que si les intérêts ne sont pas réglés que la vente du bien ou une autre solution est envisagée. C'est la politique affichée par exemple par Axa, Raiffeisen ou encore la Banque cantonale vaudoise.

De son côté, quand les revenus ne suffisent plus, Allianz dit chercher "une solution avec le client", comme adapter la durée du crédit ou l'amortissement. L'assureur déclare ne recourir à la vente que dans des cas tout à fait exceptionnels.

Une obligation de vendre plutôt rare

Selon les professionnels de l'immobilier, être obligé de vendre sa maison à la retraite reste toutefois un phénomène rare. L'organisation Pro Senectute tient d'ailleurs le même discours.

Pourtant, la part de propriétaires diminue à l'âge de la retraite par rapport à la population d'actifs. Pour les professionnels du secteur, il s'agit d'anticiper, même dès 50 ans.

"Une personne qui ne se pose aucune question par rapport à sa retraite et qui n'a pas pris le temps de lire l'extrait de sa caisse de pension peut effectivement avoir des surprises. Une banque va toujours essayer de trouver des solutions pour une personne qui arrive en âge de retraite, par contre c'est vrai que le discours de la banque va être plus précautionneux. Elle va rendre attentif le client qu'en fonction de sa situation financière, elle risque de demander un montant à l'âge de la retraite plus important au niveau de l'amortissement", détaille Livio Campagna, associé du groupe Plus, spécialisé dans le financement de l'immobilier.

Pour prendre ses dispositions, il faut donc être au clair quant à ses revenus futurs, mais aussi augmenter l'amortissement défini avec sa banque, afin de payer moins d'intérêt une fois à la retraite. Un propriétaire peut également faire réévaluer son bien. Si une maison a pris de la valeur depuis l'achat, la banque reverra ses calculs.

Cléa Favre

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