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Les étudiants alémaniques boudent les universités romandes

Des étudiants à l'Université de Fribourg. [Keystone - Martin Ruetschi]
Les étudiants alémaniques boudent les universités romandes / La Matinale / 1 min. / le 12 décembre 2022
Les étudiants alémaniques ne se précipitent pas dans les universités romandes. Selon les chiffres compilés ce week-end par la Luzerner Zeitung, ils sont 1500 de moins qu'il y a 20 ans, alors que la proportion de Romands dans les facultés de Suisse alémanique est en augmentation.

La proportion d'étudiants et étudiantes alémaniques dans les facultés de Suisse romande a ainsi reculé de six points depuis 2001, passant de 10 à 4%. Dans le même temps, le nombre d’étudiants francophones dans les universités alémaniques a plus que doublé.

La Luzerner Zeitung avance les chiffres de l'Université de Fribourg, qui compte 23% d'étudiants alémaniques en moins en vingt ans, de l'Université de Lausanne, avec un recul de 20%, et de l'Université de Genève, avec une baisse de 10%. De son côté, l'EPFL n'a enregistré cette année que 24 inscriptions pour le bachelor, un chiffre qui était deux fois plus haut il y a cinq ans.

L'attractivité de l'anglais

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette désertion des Alémaniques, mais la première est l'importance toujours plus grande de l'anglais, alors que, au contraire, le français ne fait lui clairement plus recette outre-Sarine.

Cette évolution est regrettable, mais difficilement évitable, commente Maxime Barthassat, coprésident de l'Union des étudiants de Suisse, interrogé lundi dans La Matinale: "On vit dans un monde où l'anglais prend de plus en plus d'ampleur (...). Il faut aller vers l'anglais tout en étant conscient que notre plurilinguisme est une force et en restant au même niveau que nos collègues internationaux."

Un élément de cohésion nationale

A l'Université de Fribourg, les étudiants germanophones représentent aujourd'hui un tiers de l'effectif total, un chiffre en diminution. Pour y faire face, l'université offre de nombreux cursus bilingues et a entrepris de gros efforts d'information en Suisse alémanique pour attirer de nouveaux étudiants.

Mais la rectrice Astrid Epinay avoue un certaine inquiétude face à cette évolution: "J''ai la conviction que la maîtrise de la langue partenaire, donc le français par les Alémaniques et l'allemand par les francophones, est un élément essentiel pour la cohésion nationale."

L'intérêt économique de connaître une deuxième langue nationale est également à considérer: une récente étude démontre son importance sur le marché du travail avec des salaires supérieurs de 8 à 13% en cas de maîtrise de deux langues.

Un travail à mener par les cantons

Les cantons doivent donc imaginer des solutions pour enrayer cette évolution, juge Laurent Wehrli, président d'Helvetia Latina, qui défend la langue française dans les institutions suisses. Pour le conseiller national vaudois, le souci d'intégration est moindre pour ceux qui sont majoritaires et ceux-ci ne réalisent pas forcément la nécessité d'apprendre la langue minoritaire. "Et il est normal que ceux qui sont minoritaires y soient plus sensibles."

Laurent Wehrli rappelle également les combats qui ont été menés et remportés dans plusieurs cantons alémaniques qui voulaient abolir ou retarder l'apprentissage du français au profit de l'anglais à l'école. "A chaque fois, on a réussi à faire passer un message. Il en va maintenant de même au niveau universitaire, qui doit faire passer ce message avec l'appui des cantons, notamment via les conférences intercantonales."

>> L'interview de Laurent Wehrli dans La Matinale :

Laurent Wehrli, conseiller national PLR vaudois. [Keystone - Gaëtan Bally]Keystone - Gaëtan Bally
Les étudiants alémaniques boudent les universités romandes / Interview de Laurent Wehrli / La Matinale / 1 min. / le 12 décembre 2022

Sujet radio: Gaël Klein

Adaptation web: Frédéric Boillat

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