La "machine à peau", le goudron et le Café de Paris: les inventions créées en Romandie. [RTS]
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La "machine à peau", le goudron et le Café de Paris: les inventions créées en Suisse romande

Les inventions nées en Suisse romande sont nombreuses: de la "machine à peau" au goudron en passant par le beurre Café de Paris. L'émission de la RTS Couleurs locales raconte l'histoire de cinq inventions et de leur inventeur.

Le goudron

Partout sur la planète. Au cœur des villes comme dans les campagnes, le goudron recouvre les routes. A l'origine de cette invention, un médecin né en 1862 à Brigue, dans le Haut-Valais. "Ernest Guglielminetti était médecin, spécialiste des maladies tropicales. Mais c'était aussi un très grand inventeur", explique Marie-Claude Schöpfer, conservatrice du Musée Stockalper à Brigue.

En 1902, après avoir sillonné l'empire colonial néerlandais, le docteur valaisan pose ses valises à Monaco. "Le prince Albert I lui a demandé de se pencher sur le problème de la poussière générée par les voitures, raconte-t-elle. En Inde, il avait vu qu'on enduisait les sols des hôpitaux avec du goudron pour les rendre lavables. Et il a eu l'idée de transposer cette idée aux routes."

Ernest Guglielminetti a inventé beaucoup d'autres choses, mais son invention la plus emblématique reste le goudron. D'ailleurs, elle lui a valu le surnom de "Docteur Goudron". A Monaco, une stèle rend hommage à ce "propagateur infatigable du goudronnage des routes". Dans le Haut-Valais, un monument lui est aussi consacré. Il reste pourtant méconnu.

Ernest Guglielminetti s'est éteint en toute discrétion à Genève en 1943.

Invention révolutionnaire, le goudron a été imaginé par un docteur valaisan en 1902.
Invention révolutionnaire, le goudron a été imaginé par un docteur valaisan en 1902. / Couleurs locales / 2 min. / le 24 octobre 2022

La machine de peau à greffer

C'est un réel espoir pour plus de 11 millions de personnes dans le monde frappées chaque année de brûlures graves. CUTISS, société née en 2017 à l'Hôpital pédiatrique universitaire de Zurich, a créé la première machine capable de générer de la peau à greffer en grandes quantités à partir d'un échantillon provenant du patient lui-même.

Le procédé est révolutionnaire: à partir d'un petit échantillon de peau saine prélevé sur la personne brûlée, CUTISS fait pousser en laboratoire des cellules cutanées qui sont ensuite combinées avec un hydrogel pour obtenir une nouvelle peau.

Baptisée DenovoSkin, elle est épaisse d'un millimètre, comme le sont en moyenne le derme et l'épiderme naturels. "Si un patient n'a que 4 cm2 de peau non-brûlée, nous pourrions le sauver", affirme Martin Meuli, cofondateur de CUTISS.

Pour reproduire le processus à grande échelle, la start-up zurichoise s'est tournée vers le Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM) à Neuchâtel. Ce processus pourrait être utilisé pour reproduire d'autres type de tissus comme la rétine ou le cuir chevelu.

L'invention, développée pendant vingt ans, est encore en phase de tests et attend l'approbation des autorités. CUTISS espère pouvoir la mettre sur le marché d'ici la fin 2023.

Une machine suisse développée à Neuchâtel pourrait changer la vie des grands brûlés
Une machine suisse développée à Neuchâtel pourrait changer la vie des grands brûlés / Couleurs locales / 2 min. / le 25 octobre 2022

Le beurre Café de Paris

Le beurre Café de Paris a été inventé... à Genève. C'est un certain Monsieur Boubier qui a inventé la recette dans les années 1930.

Elle a ensuite atterri entre les mains de Monsieur Dumont, tenancier du Café de Paris. Le fameux beurre a donc pris le nom du restaurant. La recette originale demeure encore aujourd'hui un secret qui se transmet de génération en génération.

"Pour éviter les curieux, nous nous faisions livrer à 3h ou 4h du matin. Avec mon fils, on déchargeait les épices. Il n'y a rien à voir, donc circulez", sourit François Vouillamoz, tenancier du Café de Paris.

François Vouillamoz vient de léguer le secret familial à ses enfants qui comptent bien en prendre soin. "Comme Obélix, nous sommes tombés dedans quand nous étions petits. Nous sommes désormais le détenteur du secret le mieux gardé de Suisse", dit Diana Vouillamoz.

Même les employés ignorent tout du fameux beurre. La recette originale dort bien au chaud dans le coffre-fort d'une banque genevoise.

Le beurre Café de Paris, une recette genevoise entourée de mystères
Le beurre Café de Paris, une recette genevoise entourée de mystères / Couleurs locales / 3 min. / le 26 octobre 2022

Le baby-foot haut de gamme

De la bière artisanale aux baby-foot fait-main, il n'y a qu'un pas. Tout juste sexagénaire, Raphaël Mettler s'est reconverti en artisan du bois. Le fondateur de la brasserie des Trois Dames à Sainte-Croix, créée en 2005, a vendu ses cuves et transformé sa brasserie en atelier. "Le baby-foot a toujours côtoyé ma vie. Adolescent, je jouais beaucoup avec mes amis", se souvient-il.

Le défi "baby-foot haut de gamme" émerge fin 2019, griffé "Raffi", le surnom dont l'ont affublé ses collègues brasseurs alémaniques. "Je me sentais un peu à la fin d'un cycle. Et une baisse de motivation. Il me manquait cet aspect un peu créatif", confie-t-il.

Raphaël Mettler a déjà conçu huit modèles, tous uniques. Il faut débourser 10'000 francs pour acquérir l'un de ses baby-foot. Le Vaudois est inventif et débrouillard. Il a tout appris en quelques mois. Et s'entoure de professionnels pour les pièces les plus complexes.

"Raphaël a toujours de grandes visions, et on essaie de réaliser ses visions. Jusqu'à maintenant, on a toujours réussi à répondre à ses demandes. Cela prend un peu de temps, mais on y arrive", témoigne Roger Guye, constructeur métallique à Sainte-Croix.

Longtemps à la tête d'une fameuse brasserie artisanale, Raphaël Mettler s'est reconverti en fabricant de baby-foots
Longtemps à la tête d'une fameuse brasserie artisanale, Raphaël Mettler s'est reconverti en fabricant de baby-foots / Couleurs locales / 2 min. / le 27 octobre 2022

Le lin à la place du carbone

Installée sur le site de Bluefactory à Fribourg, Bcomp a développé un produit à base de lin qui doit remplacer la fibre de carbone. Concrètement, l'entreprise produit des plaques en fibre de lin tissée. A l'arrière de celles-ci est apposée une structure tridimensionnelle, semblable aux nervures des feuilles.

"Nous avons fait des skis en fibre de carbone. Ils étaient très légers, mais très vifs. Nous avons donc essayé de mélanger des fibres de carbone avec des fibres naturelles. Ça marchait bien. Nous ressentions une différence dans le ressenti", raconte Julien Rion, responsable technique et cofondateur.

Il y a cinq ans, Bcomp comptait douze collaborateurs. Ils sont désormais plus de cinquante. Les produits de Bcomp équipent déjà des voitures de courses ou des voiliers. L'entreprise, qui a déposé sept brevets, s'attaque maintenant au marché automobile de série. Des constructeurs de renom croient en leur invention: ils ont investi 32 millions de francs ce printemps pour son développement.

L'objectif serait d'équiper des véhicules électriques, dès la fin de cette année. Reste à vérifier et développer quelques points."Nous voulons créer un matériau qui soit utilisable par les fournisseurs pour fabriquer des pièces en grande série", explique Lucanaël Kopf, ingénieur.

La société Bcomp veut remplacer la fibre de carbone par des produits composites à base de lin
La société Bcomp veut remplacer la fibre de carbone par des produits composites à base de lin / Couleurs locales / 2 min. / le 28 octobre 2022